Amar Saadani, secrétaire général du FLN à Ennahar TV, annonce-t-il une révision de la position algérienne sur le Sahara occidental ? C'est ce que soupçonne la presse marocaine, proche du palais, qui n'a pas hésité à reprendre longuement ses déclarations. S'agit-il «des premiers signes d'une révision de la politique de l'Algérie à l'égard du Maroc ?», s'interroge le journal en ligne Yabiladi, qui croit déceler un éventuel abandon de la position historique de notre pays sur la question de la décolonisation du Sahara occidental. Pour ce journal, ce qui donne du crédit à cette thèse est bien évidemment le fait que le secrétaire général du FLN soit «un proche de Saïd Bouteflika». «Il a été d'ailleurs mandaté, écrit-il, pour le communiquer à la classe politique de son pays.» Pour Yabiladi, le passage du secrétaire général de l'ex-parti unique sur la chaîne Ennahar est un événement, «une surprise». «Contrairement à son habitude, ajoute ce journal qui surveille le moindre éternuement à Alger, Amar Saadani est resté très mesuré et très calme lorsqu'il a abordé le discours du roi Mohammed VI du 6 novembre.» «Choisissant ses mots avec soin, il a affirmé sur un ton modéré que l'escalade n'est ni dans l'intérêt du Maroc ni de l'Algérie.» Selon la même source, le secrétaire général du FLN a «appelé à un réexamen de la question» sans s'étaler sur le sujet, arguant qu'il «ne souhaite pas causer de problèmes, mais un jour viendra où (il) dira ce qu'il pense du Sahara occidental». Le journaliste de Yabiladi, qui a suivi l'interview, reprend toutes les déclarations de l'ancien président de l'Assemblée populaire nationale qui ne souhaite pas donner son avis pour le moment. «Pas maintenant. Mon avis ne plaira pas à tout le monde et je ne souhaite pas causer de problème», a répliqué Saadani à son interviewer ajoutant que «si (il) parle, (il) risque de provoquer des manifestations dans les rues algériennes». Le SG du FLN, écrit encore le journal, a choqué le journaliste quand il a refusé de commenter la réaction du ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, au discours royal de la «marche verte». Amar Saadani, qui s'est inscrit en porte à faux avec la position officielle sur la question du Sahara occidental, a bien donné du grain à moudre à la presse marocaine qui pense que ce qu'il dit c'est du sérieux. «Il n'est pas un électron libre au sein du FLN», commente le journal électronique, qui affirme que «Saadani est considéré comme le relais médiatique des positions de son mentor Saïd Bouteflika», le frère du Président. «Un rôle qu'il assume, indique la même source, avec engagement.» «Il fut d'ailleurs le premier à réclamer publiquement la démission du général Toufik, en février 2014», indice de taille qui fait dire à la presse marocaine que le secrétaire général de l'ex-parti unique ne parle pas pour ne rien dire. «Il serait porteur d'un message destiné avant tout à la classe politique algérienne, annonçant un possible changement de la position du pouvoir sur le dossier du Sahara occidental.» Amar Saadani, qui se laisse aller en adoptant une position en contradiction avec celle affichée avec fermeté par le ministre des Affaires étrangères, présage-t-il d'un changement de discours sur la question du Sahara occidental ? Ou s'agit-il d'une autre bourde d'un responsable politique qui ne mesure pas la portée de ses déclarations ?