Mokrane Aït Larbi, avocat du général Hassan, sort de sa réserve pour défendre son client, au lendemain de graves accusations parues dans la presse. Il faut dire que depuis la condamnation à 5 ans de prison du général Hassan par le tribunal militaire d'Oran, une féroce bataille médiatique oppose les clans du pouvoir. Les soutiens exprimés par l'ancien ministre de la Défense nationale, Khaled Nezzar, qui estimait que la condamnation de l'ex-patron de la cellule antiterroriste au sein du DRS était «criminelle» et celle de l'ancien patron du DRS, le général Mediène dit Toufik, qui disculpait son ancien collaborateur des charges retenues contre lui, avaient été suivis par une réponse en forme de «point de vue» dans laquelle le général Hassan était taillé en pièces par une série de «révélations» sur son parcours et son accession au plus haut sommet de la hiérarchie des services secrets algériens. Dans sa déclaration «Le général Hassan réclame justice», Me Aït Larbi condamne «la campagne de dénigrement et de fuites organisées» contre son client. «Ce n'est pas à moi de faire une mise au point sur des questions qui sortent du dossier, mais j'invite ses détracteurs à un minimum de retenue», précise-t-il. Ainsi, l'avocat rappelle que les charges retenues contre le général Hassan ne portaient pas sur la «détention illégale d'armes» ou la «création d'une organisation criminelle» ou «l'attaque terroriste de Tiguentourine», mais sur la «destruction de documents» et une «infraction aux consignes». Des faits prévus et punis par les articles 289 et 324 du code de justice militaire. Concernant la première inculpation, l'avocat du général Hassan précise qu'«il s'agit de notes personnelles et le service ne s'est jamais plaint de la disparition de documents». D'ailleurs, «la loi ne peut pas prévoir 5 ans de prison pour avoir déchiré un papier, quelle que soit sa nature», ajoute Me Aït Larbi. «Concernant l'infraction aux consignes, il s'agit de la gestion administrative et sécuritaire d'un dossier top secret» que l'avocat se refuse d'aborder. Pour lui, ces deux chefs d'accusation appellent deux remarques : la première, «les consignes générales données à la troupe sont-elles applicables aux services spéciaux et à cette affaire ?» ; la deuxième : «Le général Hassan a-t-il agi dans la gestion de ce dossier conformément aux consignes de sa hiérarchie ?» Et d'ajouter que ses interrogations ont «fait de ma part l'objet d'une analyse écrite au juge d'instruction pour asseoir ma demande de mise en liberté et d'une plaidoirie devant le tribunal». Mais pour Me Mokrane Aït Larbi, la réponse à ces deux questions est toute trouvée. Elle émane de Khaled Nezzar et Mohammed Mediène dit Toufik, respectivement ancien ministre de la Défense nationale et ancien chef du DRS. Pour Khaled Nezzar, les consignes générales données aux troupes ne s'appliquent pas aux services secrets. «Il est curieux d'exiger d'un chef des services de renseignement de respecter des consignes générales, alors que ses missions imposent que l'on s'affranchisse parfois de la contrainte imposée par les règles et la transparence», juge l'avocat. Alors que pour l'ancien patron du DRS, «en ce qui concerne l'opération qui lui a valu l'accusation d'‘‘infraction aux consignes générales'', j'affirme qu'il a traité ce dossier dans le respect des normes et en rendant compte au moment opportun». Enfin, le défenseur du général Hassan justifie sa démarche en estimant que son «devoir est de défendre avec professionnalisme un homme réduit au silence qui réclame justice, sans entrer dans d'autres considérations qui sortent du domaine professionnel et des droits de la défense».