En compulsant les 170 pages du livre Une vie, un parcours, mémoire d'un journaliste, de Mouloud Chekaoui, l'on découvre l'album de sa vie, sa profession… de foi. Pas du tout de charbonnier. Car il y croyait depuis le début. Une belle aventure. Celle d'une passion d'un témoin oculaire. D'un vieux briscard du journalisme algérien ayant tutoyé une légion de grands hommes politiques, de leaders de par le monde, d'éminentes personnes et autres artistes de renom. Les Fidel Castro, Valéry Giscard d'Estaing, François Mitterrand, Mobuto Sessé Seko, Yasser Arafat, Neil Armstrong, Jacques Yves Cousteau, Henry Kessinger, Roger Hanin, Taous Amrouche… «Je n'ai jamais pensé un jour écrire mes mémoires, raconter mon parcours de journaliste, sinon j'aurais au moins consigné sur un carnet quelques faits marquants de ma carrière…», avise-t-il d'emblée le lecteur. C'est sous l'insistance de sa famille, sa fille, ses amis, son entourage, l'incitant et l'encourageant à retracer son parcours du battant et combattant de la presse pionnière post-indépendance. «Ton parcours mérite d'être connu», lui faisait-on remarquer. Des moments historiques Pour lui, cet ouvrage est un acte, une action de mémoire, sans prétention. Une ambition de partage d'une belle époque. Un flash-back nostalgique : «Etre journaliste à cette époque, c'était vivre des moments historiques avec les visites en Algérie de Fidel Castro, Che Guevara, Yasser Arafat. C'était aussi aller à la rencontre des peuples de nombreux pays africains en lutte pour leur indépendance. C'était la découverte du monde et des pays amis. Ceux qui l'ont aidée et soutenu sa guerre de libération contre le colonialisme français. En un mot, j'étais pris dans le tourbillon des événements et constamment prêt pour une nouvelle mission en tant que reporter pour la radio et la télévision nationales algériennes…». Et d'étayer : «Un petit test de voix pour la radio et une traduction d'une dépêche en kabyle m'ont permis des années après de côtoyer et d'interviewer des ministres, des chefs d'Etat et des personnalités de haut rang. Avec ce livre, j'apporte ma modeste contribution de témoin d'une époque. J'avoue qu'avec l'âge ma mémoire m'a joué des tours…» FIDEL CASTRO à DOS DE DROMADAIRE Mouloud Chekaoui interviewera le secrétaire d'Etat américain, Henry Kessinger, qui soulignera qu'il avait apprécié la position de l'Algérie dans le règlement des conflits, le leader Maximo de Cuba, Fidel Castro, qui avait tenu à se rendre au Sahara où il faussera compagnie au cortège présidentiel en descendant du véhicule pour aller marcher sur le sable vers des dromadaires, une caravane de nomades. «Monter sur un dromadaire a toujours été mon rêve et je viens de le réaliser. Et c'est dans un pays ami et révolutionnaire», confiera-t-il au micro de Mouloud Chekaoui. Mobuto Sessé Seko, président du Zaïre, alors au salon d'honneur à l'aéroport en compagnie du président Houari Boumediène, qui lui fera signe de s'approcher en le voyant. Aussi, Mobutu lâcha : «Il est encore là celui-là ?» Boumediène esquissa un sourire avant de lui faire remarquer : «C'est notre meilleur journaliste.» Un beau compliment, une belle caution émanant du président algérien Houari Boumediène. Cela l'a énormément ému, réconforté et encouragé. Une autre anecdote aussi significative sur le rapport entre les grands hommes politiques et les journalistes. Un jour, lors d'une suspension de séance, le président Boumediène était sorti de la salle pour prendre un peu l'air en face de la baie d'Alger. Mouloud Chekaoui s'est approché de lui. «Qu'est-ce qui se passe Mouloud, tu n'as pas fait assez d'interviews. Tu veux encore m'interviewer moi aussi ?», lui fera-t-il remarquer. «Pourquoi pas, Monsieur le président, je n'en serais que très honoré». Puis, en souriant, Boumediène ajoutera : «Pas pour aujourd'hui, plus tard.» Autant d'anecdotes ayant émaillé le riche et intéressant parcours de ce journaliste.