La quarantaine bien entamée, Abdelghani Boumegoura, qui appartient à une famille d'intellectuels, est venu très tôt à l'art de la peinture. Tout enfant déjà, il s'est épris des dessins qu'il s'est plu à reproduire instantanément sur du papier. Se découvrant précocement un talent de peintre pour qui toute expression ne passe que par un dessin, A. Boumegoura, après ses études secondaires, a rejoint l'annexe des beaux-arts de Batna, aux côtés de Salim Bouzit et feu Fatah Sahdi, et ce, de 1985 à 1993. Nourrissant la même ambition que ses deux amis, Abdelghani affinera son talent de façon académique. Le passage par une institution spécialisée favorise à coup sûr l'éclosion des dons qui sommeillent en chacun de nous. C'est ce qu'a ressenti A. Boumegoura en poursuivant un cursus de quatre années pleines d'enseignement utile à sa belle carrière de peintre. «Comme tout néophyte, nous confie-t-il, j'ai commencé par faire des reproductions. J'ai beaucoup aimé les impressionnistes, comme Renoir, Monet et particulièrement Dinet, pour la chaleur et la clarté de ses tableaux.» Juste après sa sortie de l'école des beaux-arts, il a plongé dans le bain des expositions collectives. De salon en salon, Abdelghani noue des contacts, consolide ses acquis, peaufine son art. Ce qui le stimule le plus, c'est la recherche d'un style propre. «Chaque artiste-peintre, révèle-t-il, trace son propre itinéraire pour s'affirmer sur la scène artistique. Pour ce faire, il doit tisser des liens avec d'autres artistes, participer aux expos, cultiver une ambition…». Ghani (pour les intimes) a sillonné plusieurs wilayas du pays pour exposer ses œuvres. Skikda, Biskra et tant d'autres villes se souviennent de son passage, d'autant que ses travaux ont été distingués par les connaisseurs. Il a exposé aussi à Tunis lors du Festival international d'où il est revenu avec un «Felouque d'or». C'est tout à son honneur. Présentement, Ghani, même si son parcours est tout tracé, situe son art entre l'abstrait et l'art naïf. Ses réalisations se distinguent par des tons chauds, des formes sans relief, presque cubiques. «Mon art se situe à mi-chemin entre l'art abstrait, l'art naïf, avec une touche de rêve», conclut-il. Abdelghani, qui est un cadre de la culture d'Oum El Bouaghi, caresse d'autres rêves, comme celui d'aller exposer sous d'autres cieux, comme l'ont fait ses prédécesseurs, entre autres Mesli, Issiakhem, Khadda, Denis Martinez, Rachid Koreichi, pour lesquels il a beaucoup d'estime, eux les maîtres incontestés de la peinture algérienne des années 60',70' et 80'.