Yacef Saâdi a pleuré vendredi soir sur la scène du théâtre régional Abdelkader Alloula, lors de la cérémonie d'ouverture du 9e Festival international du film arabe d'Oran (Fofa). Le personnage central de La Bataille d'Alger est honoré à l'occasion du cinquantième anniversaire du célèbre film de l'Italien Gilo Pontecorvo. Censuré en France pendant une période, le long métrage avait reçu, à sa sortie, le Lion d'or au Festival de Venise. Le public a fortement applaudi Yacef Saâdi, qui a annoncé qu'il prépare de nouveaux films. Ciblé par une nouvelle polémique sur son passé dans le mouvement national, Yacef Saâdi semble être bien défendu par le milieu du cinéma. «Si je commence à parler, je reste deux heures», a-t-il prévenu. Boualem Bennani, autre personnage illustre du long métrage de Merzak Allouache, Omar Gatlato, est lui aussi monté sur scène. Emu, il a regretté l'état des salles de cinéma en Algérie et il aurait aimé être présent avec un nouveau film à Oran. «Le cinéma vit du ticket d'entrée. A Alger, il y avait presque 200 salles. Aujourd'hui, tous les espaces du cinéma ont été transformés», a-t-il lancé. A ce propos, Azzeddine Mihoubi, ministre de la Culture, a annoncé, lors de l'allocution d'ouverture, que toutes les salles de cinéma du pays seront récupérées et réhabilitées par l'Etat. «Ces espaces ne seront pas des murs vides. Nous veillons à avoir des activités culturelles. La culture est une arme douce qu'on peut utiliser pour se rapprocher de l'autre et changer l'image toute faite qu'ont les autres de l'homme arabe. Un homme perçu comme violent, radical et porteur d'idées terroristes. Nous devons renforcer la coproduction cinématographique entre les pays arabes. Nous devons montrer que nous sommes une nation qui a le droit à la vie», a-t-il déclaré. Selon lui, l'Algérie entend rattraper le temps perdu après les années du terrorisme. Allant dans le même sens, la star égyptienne Safia El Emari a plaidé pour lutter contre la violence par les arts. Le comédien égyptien Farouk El Fichaoui a lancé un appel aux artistes d'Irak, de Syrie, du Yémen et de Libye pour qu'ils résistent. «Résistez pour que vos pays sortent de leur drame. Il y a encore de l'espoir et le rêve de voir le monde arabe uni. L'art peut nous unir», a-t-il déclaré. Le comédien syrien Eyman Zidane, qui visite le Festival d'Oran pour la première fois, a salué le travail des cinéastes syriens dans les conditions de guerre et a demandé à les soutenir. Un hommage a été également rendu, lors de la même soirée d'ouverture au film Le retour de l'enfant prodigue de Youssef Chahine, une coproduction algéro-égyptienne qui date de 1976. Le directeur du British Council à Alger a, pour sa part, salué l'intérêt du Festival d'Oran pour le William Shakspeare. Martin Daltry, qui s'est exprimé en arabe, a parlé d'un atelier de formation pour des jeunes amateurs du cinéma et plaidé pour le renforcement la coopération culturelle. Les invités du festival ont été conviés ensuite à un concert du chanteur irakien Kadhem Al Saher au théâtre de Verdure Hasni Chegrouni. Le 9e Fofa a débuté, samedi matin, par la comédie britannique Bill de Richard Bracewell, projetée à la salle Maghreb en présence de l'équipe du film. La fiction évoque une partie inconnue de la vie du dramaturge et poète anglais. A la Cinémathèque d'Oran, la compétition des courts métrages a été lancée par une série de films dont Kindil al bahr de Damien Ounouri (Algérie), Le jour de l'Aïd de Rachid El Ouali (Maroc) et Chaud et sec en été de Hicham Al Bandary (Egypte).