C'est dans une certaine tension alimentée par des rumeurs disant que le Premier ministre avait demandé le gel total des fonds de subventions (Fdatic y compris) et cela pour deux ans qu'a été ouverte la première séance de courts métrages, hier matin, à la Cinémathèque. C'est parti, depuis hier et jusqu'au 27 juillet Oran vivra au rythme du cinéma arabe avec 43 films en lice provenant de 14 pays arabes. Hier matin, présentant Kindil el bahr, la comédienne Adila Bendimerad fera remarquer que le message de son film (qui aborde la révolte d'une femme méduse suite à son agression sur une plage) ne s'adressait pas uniquement à la société, mais plus généralement au gouvernement et à l'Etat algérien en ce sens où il devrait prendre en charge la sécurité de la femme souvent bafouée et agressée juste à cause de son corps... A propos de la crudité des scènes de violence, le réalisateur Damien Ounouri expliquera que «le cinéma n'est qu'un miroir de la société et par conséquent il transcrit le rapport des individus entre eux. (...) c'est notre imaginaire et notre amour du cinéma qui nous guident avant tout, avant de vouloir faire un film du genre fantastique ou autre...». Damien Ounouri insistera sur l'importance de faire jouer ses comédiens ici et la nécessité d'en prendre soin car beaucoup de bien se dit sur eux à l'étranger alors qu'ils ne tourment pas assez en Algérie. C'est dans ce contexte qu'il fera savoir avoir entendu parler au cours de la matinée d'un éventuel gel par le Premier ministre des fonds de subvention y compris ceux du Fdatic et ce, pour deux ans (une rumeur à confirmer, Ndlr). En attendant, c'est dans le faste que s'est ouvert vendredi soir, au théâtre régional Abdelkader-Alloula, la 9e édition du Festival international du Film arabe d'Oran. Une édition dont d'aucuns ont souligné «les conditions catastrophiques» dans laquelle elle a été organisée, dans la hâte (mois de Ramadhan). Une édition marquée qui plus est par une énorme restriction budgétaire à telle enseigne que les journalistes arabes étrangers ont été hébergés cette année dans le petit hôtel au centre de la ville. Pis encore, exit cette année le Méridien et le Sheraton. Reste l'hôtel Royal pour les invités, point. Après les mots de bienvenue de Brahim Sediqui commissaire du festival, suivi du secrétaire général de la wilaya d'Oran, c'est un Azzedine Mihoubi, prolixe qui inaugurera cette édition vendredi. Se voulant être transparent à l'adresse de nos invités arabes, il reconnaîtra qu'il reste beaucoup à faire dans le domaine du 7e art qui nécessite beaucoup d'actions pour remettre ce secteur sur les rails, après que l'Algérie a connu et continue à subir des bouleversements de tous bords. Faisant allusion aux années de terrorisme, il souhaitera que tous nos pays arabes voisins puissent s'en sortir de ce cauchemar. A propos de la thématique placée cette année sous le signe de «l'Autre», Azzedine Mihoubi fera remarquer que «tant que le monde nous regarde, la meilleure réponse qu'on pourra donner est notre culture comme message fort et profond», arguant que «le cinéma est un art de l'identité, de la mémoire et de la lumière». Et d'ajouter: «Il faut qu'il y ait des coproductions arabes, car nous partageons des soucis communs» et de renchérir: «L'image c'est cela qui fera en sorte d'influer sur l'opinion publique.» Aussi, il promettra de réhabiliter les salles de cinéma, faisant savoir sans langue de bois, que la génération de plus de 25 ans n'a jamais mis les pieds dans une salle de cinéma et qu'il faut bien remédier à cela...» Après cela, c'est le directeur du British Consul qui fera un long discours en langue arabe, en surprenant l'audience, invitant les Algériens à célébrer cette année, le 400e anniversaire de la mort de William Shakespeare, à travers la projection d'une comédie adaptée d'une de ses pièces, Bill, laquelle a été projetée hier, à Oran. Aussi, en collaboration avec l'ambassade de la Grande-Bretagne et l'Institut culturel britannique un atelier destiné aux jeunes réalisateurs sera organisé et consacré au sujet: «Du texte au grand écran» et sera encadré par le réalisateur anglais Richard Barswell. Le workshop portera entre autres sur l'adaptation d'oeuvres de William Shakespeare au cinéma. Dans la lignée des hommages, le Fiofa 2016 mettra en lumière le film La bataille d' Alger à travers la grande figure de Yacef Saâdi fortement applaudi dans la salle. S'ensuivra le film de Merzak allouache, Omar Gatlatou. Sur les planches du TRO, alors qu'il recevait son trophée, Boualem Bennani, dira dépité: «J'aurai souhaité qu'en 40 ans l'Algérie ait fait plus de films, qu'au bout de 40 ans on m'aurait invité non pas pour célé-brer Omar Gatlatou mais pour présenter un nouveau film dans lequel je jouerai. J'aurai souhaité qu'en 40 ans on ait plus de salles de cinéma et que celles fermées retrouvent leur vocation grâce au ticket!». Rendant hommage cette fois au film Le retour de l'enfant prodige de Yousseh Chahine, une coproduction algéro-égyptienne, c'est la comédienne du célèbre feuilleton Layali el hilmiya, Safia El Omari, qui recevra le trophée des mains de l'acteur syrien Ayman Zidan. L'actrice tout comme Farouk El Fishawi qui accueillait le trophée et l'offrira symboliquement à Ahmed Rachedi en hommage au réalisateur algérien Mohamed Slim Riad, décédé en juin dernier, exhorteront le monde, à la paix. Enfin, croisé par hasard, hier matin, l'acteur Samy Naceri nous dira être un invité d'honneur du festival. Une bonne chose pour cet acteur qui rêvait de venir tourner des films dans son pays d'origine et surtout incarner le rôle d'Ali La Pointe... Wait and see.