Elle est multi-instrumentiste. Elle joue de la guitare, du saxophone et des percussions. Une furie sur scène. Elle a une belle voix. Elle a 32 ans. C'est une «petite Suissesse» aux origines syrienne et marocaine. Elle s'appelle Samia Tawil. - Samia Tawil est une citoyenne du monde. Vous ne tenez pas sur place… Je suis née en fait en Suisse. Je suis d'origine marocaine. Et syrienne de par mon père. Je suis revenue au Maroc, entre l'âge de 4 et 7 ans. Donc, j'y ai fréquenté l'école maternelle et primaire. Après, nous sommes retournés en Suisse. J'ai vécu la majorité de ma vie en Suisse. Et puis après mon bac, j'ai beaucoup voyagé durant mes études. J'ai vécu à Beyrouth (Liban), au Brésil…Récemment, je suis revenue au Maroc pour exercer quelques mois dans un orphelinat de la Médina, à Rabat, à titre bénévole. Y faire du volontariat. - Ces pérégrinations sont une richesse et une source d'inspiration musicale… Oui, cela m'a beaucoup apporté. C'est vrai. Ma musique est très mélangée. Cela m'a apporté énormément au niveau des influences musicales. Mais aussi des thématiques dont je parle. C'est vrai que j'ai été témoin de beaucoup d'injustices sociales en vivant dans des pays comme le Brésil, par exemple, le Liban aussi. J'ai vécu à New York aussi. J'ai beaucoup écrit là-bas. C'est un mode de vie tellement différent que certaines choses m'ont beaucoup marquée à New York. Et qui m'ont choquée parfois aussi. Cela m'a beaucoup influencée. C'est pour cela que j'ai tenu à appeler mon album Freedom is Now. C'était un hymne à la liberté. Et à une libération de tous les témoignages de toutes ces choses qui sont parfois lourdes. Et enfin pouvoir le créer, le transmettre, le répandre… - Vous êtes une humaniste… (rire). Oui, merci. - Une messagère pop-rock, R'n'B, collant aux tonalités locales… Mon style, c'est plutôt rock. J'ai une chanson qui est plutôt R'n'B. Elle s'intitule Mordern Slaves. C'est une chanson qui parle du «printemps arabe». C'est vrai, cette chanson a un côté R'n'B, soul. Je suis d'accord avec vous, dans le sens du R'n'B à l'ancienne (Rythm'n'blues). Au niveau de la manière de chanter, c'est très soul. - Vos références… Alors, mes grandes influences depuis que j'étais petite, c'est ce que mes parents écoutaient en fait. C'était James Brown, Prince, des gens plus engagés, comme les Pink Floyd, Bob Dylan, Ben Harper auquel je m'identifie beaucoup. Parce que c'est un de ces artistes qu'on n'arrive pas à catégoriser. Parfois il peut vous faire une reprise de Marvin Gaye. Et un autre jour, il va faire presque du hard rock. Et ça, j'adore. Je trouve cela super. Parce qu'on s'attend aussi souvent à ce qu'un afro-américain fasse de la musique dite typique afro-américaine. Alors que lui, s'il a envie de faire du rock « 90s » qui est quelque chose qu'on attribue à une autre catégorie de gens, il le fait. Dans mon album, cela se sent. Justement, il y a un grand écart de styles. Et qu'on ne pourrait pas classer. C'est vraiment un mélange des genres. Il y a même des parties rap. C'est vrai que j'ai grandi dans l'univers rap. J'ai baigné dans la culture hip-hop. J'aime bien des groupes comme Satl'n'Peppa, TLC, Fugees et Lauryn Hill. Queen Latifah. Ce sont des femmes qui représentent quelque chose. Ce sont de femmes fortes. Et le concert de clôture de Mawazine 2016 a été une occasion de toaster, rapper et d'entrer dans ce genre de «vibes» que j'adore. - Vous chantez en plusieurs langues… En anglais que je maîtrise le plus parce que c'est la langue de mon père. Et j'ai une chanson où je mêle de l'arabe avec d'autres langues. C'est justement, le titre Modern Slaves à propos du «printemps arabe» avec des couplets en espagnol. Un «mouvement arabe» qui a débordé en Espagne (Indignados) et sur celui d'«Occupy (Wall Street)» à New York (et plusieurs villes des Etats-Unis). Donc, j'avais envie de parler en plusieurs langues. Et de réunir ce «patchwork» de révolutions et de soulèvements qui ont eu lieu dans le monde en une chanson et une impression que j'avais à ce moment-là. Celle de respirer, en fait, enfin. C'est cela le cosmopolitisme ambiant, ce métissage qui est quelque chose de magnifique. Je suis une vraie citoyenne du monde. - Ecoutez-vous de la musique algérienne…. (Rire). Je connais surtout Khaled, oui. J'écoute surtout du Khaled. Il est très aimé ici. La musique n'a pas de frontières. C'est une fierté pour le Maghreb , le monde arabe (rire) et le monde entier. - Qu'est-ce cela fait d'être en première partie du concert de Christina Aguilera ? C'est un grand honneur. Quand j'étais adolescente, j'ai appris à chanter en écoutant beaucoup Christina Aguilera. C'est une grande voix. Une immense voix. Et je me suis entraînée sur son chant. Donc, c'est vraiment un très grand honneur que de partager la scène d'OLM Souissi (Rabat). Ce sont deux destins qui se sont croisés le temps d'une soirée. Pour moi, c'était très touchant.