Les récentes décisions prises par les pouvoirs publics pour délocaliser le siège social de l'Entreprise nationale de détergents et produits d'entretien (ENAD), ainsi que pour la fermeture de l'Ecole nationale de l'administration pénitentiaire de Sour El Ghozlane, au sud de Bouira, ont provoqué la colère des travailleurs. Des rassemblements de protestation ont été enregistrés devant le siège du groupe ENAD, pour réclamer l'annulation de la décision prise, selon un document de la section syndicale, par le directeur intérimaire. Délocaliser le siège social de ladite entreprise, qui était l'un des fleurons de l'économie nationale, vers la capitale sans «explication fiable», a suscité moult interrogations et inquiétudes chez les employés, qui craignent non seulement de perdre leur emploi, mais surtout pour l'avenir de l'entreprise, dont on annonçait même la dissolution. «L'entreprise traverse une période difficile. Elle est asphyxiée financièrement depuis des années. Les investissements accordés par les pouvoirs publics visant à relancer l'activité industrielle et la production au sein de notre entreprise n'ont malheureusement rien donné. Néanmoins, la situation s'est envenimée davantage», s'accordent à dire des travailleurs de l'usine rencontrés sur place. Le retard accusé dans le versement des arriérés de salaires est une preuve tangible, précise- t-on, de la difficulté à laquelle fait face l'entreprise qui frôle la faillite. «Le retard dans le paiement de nos salaires est devenu récurrent. Nous avons manifesté maintes fois notre colère en barricadant les routes et fermant l'usine pour réclamer nos droits, mais rien n'a été fait», disent-ils. Il est utile de préciser que le complexe industriel ENAD englobe un effectif de 295 employés, recrutés pour la plupart comme contractuels. Dans sa réponse aux doléances exprimées récemment par les travailleurs, liées essentiellement au versement de leurs salaires, le groupe Algeria Chemical Specialities (ACS SPA) avait souligné dans un communiqué qu'une enveloppe budgétaire a été dégagée pour relancer l'investissement et «permettre à court terme le règlement des salaires impayés des travailleurs». Et d'ajouter que «les arriérés impayés ont été réduits à ce jour à deux mois en vue du règlement définitif du problème». S'exprimant au sujet des contractuels, l'ACS SPA a fait savoir dans le même document que les travailleurs contractuels du groupe feront l'objet d'un redéploiement, selon la nouvelle organisation structurelle de l'entreprise adoptée dans le Plan de développement quinquennal, et ce, dans un souci de préserver leur emploi. Il faut souligner que ce n'est pas la première fois que les responsables du groupe en question annoncent des «plans de sauvetage» pour l'entreprise, dès lors que la situation reste inchangée. La production a sensiblement baissé. Par ailleurs, ce sont les emplois d'une autre institution publique qui sont menacés, l'Ecole nationale de l'administration pénitentiaire en l'occurrence. La semaine dernière, El Watan avait donné l'information sur la fermeture de cette école et le transfert du personnel et de tout l'équipement vers l'établissement de Koléa. Quelque 130 travailleurs ont été destinataires de la directive émanant du département de Mokhtar Feliouine, directeur général de l'administration pénitentiaire, à l'effet de rejoindre l'école de Tipasa. Ce transfert serait décidé en raison de l'absence de dotation financière pouvant faire fonctionner cette école créée au début des années 1990.