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La dernière bataille de la Dame algéroise
La Porte de Ketchaoua prisonnière d'un musée depuis 1845
Publié dans El Watan le 02 - 02 - 2017

Seul témoin de ce que fut la mosquée Ketchaoua avant sa démolition en 1845, la Porte est enfermée au Musée des arts islamiques depuis 170 ans. Elle attend, impatiente, sa libération et son retour chez elle, de là où elle fut arrachée sur décision du sanguinaire duc de Rovigo.
Dès 1831, la mosquée Ketchaoua, dont la construction est antérieure à l'an 1600, fait l'objet d'un bras de fer entre les habitants de La Casbah et les autorités coloniales, sous le commandement du duc de Rovigo. Contre toute attente, le futur maréchal de France a décidé de faire de cet édifice symbolique la future cathédrale Saint Philippe. Pourquoi ce nom ?
Selon les calendes de l'église catholique, Saint Philippe, apôtre de Jésus, serait venu dans l'Afrique romaine avec Saint Jude dans une mission d'évangélisation. Il aurait même construit sa première église sur le site oranais où il se serait installé. Aussi, les enjeux se posent sur les socles du religieux et du politique imposés par la force dominante dans une volonté d'écrasement. L'acte officiel de capitulation du 5 juillet 1830, signé dans la Maison du Traité, à El Biar, est violé, en dépit des engagements pour «le respect de la propriété et les valeurs religieuses et spirituelles de la ville conquise», est une promesse dûment signée sur «l'honneur du roi de France». En décembre 1832, l'affaire prend une importance considérable.
Les Algérois ne veulent pas céder aux injonctions du duc de Rovigo. Celui-ci informa les autorités religieuses musulmanes que «l'étendard français sera hissé sur le minaret de la mosquée qui sera cathédrale». L'événement, dit-il, «sera salué par des tirs de canons sur mer et sur terre». Le 18 décembre, alors que 4000 musulmans s'étaient enfermés dans l'édifice, déterminés à y mourir, Rovigo fait encercler l'édifice par une compagnie du 4e de ligne, avec des canons pointés sur la mosquée. La porte s'ouvre de l'intérieur.
Elle était sur le point d'être abattue à la hache et le bélier par une escouade de sapeurs sous les yeux d'une délégation d' ulémas tombés à terre et piétinés. Les soldats gravirent les marches, baïonnette au canon, empêchant toute sortie des fidèles. Nombre d'entre eux ont réussi à se faufiler par des sorties à l'arrière de la mosquée. Dans la bousculade, il y a eu des morts. Après cette forfaiture, des dizaines de corps gisaient sur les tapis ensanglantés. La bousculade a tué autant que la baïonnette. La mosquée est alors occupée par une compagnie d'infanterie.
Dans La Casbah, c'est la plus longue veillée funèbre dans une atmosphère explosive. Comme un témoin sans voix, la superbe Porte a miraculeusement échappé à la hache. Richement sculptée dans du cèdre à la façon des palais d'Andalousie, la Porte Ketchaoua, à double battant, s'impose du haut de ses trois mètres comme une œuvre d'art d'une rare finesse.
Les savants orientalistes, qui débarquent à Alger dans le sillage du corps expéditionnaire, qui découvrent «l'art mauresque», regrettent la destruction de la mosquée restaurée et agrandie à la fin du XVIIIe siècle par Hassan Pacha. Elle fut, sans doute, une mosquée exceptionnellement belle, selon les témoignages de l'époque. Les orientalistes s'emballent devant cette relique, qui serait peut-être taillée vers 1600.
On lui confère un statut d'objet d'art au milieu des collections islamiques et romaines. La démolition de l'édifice est vécue par les musulmans comme une humiliante trahison de la parole donnée. La destruction de ce joyau commence en 1845. Lors des travaux, des mosaïques de thermes d'époque romaine furent mises au jour. Ketchaoua, restaurée et agrandie à la fin du XVIIIe siècle par Hassan Pacha, était une mosquée exceptionnellement belle, selon les témoignages de l'époque.
La Porte, qui est aujourd'hui adossée à un mur blanc du Musée des arts islamiques, donne un aperçu de ce que fut cet édifice, dont il ne nous reste que des lithographies. La cathédrale Saint Philippe sera rendue au culte musulman en 1962. Elle redevient Djamaâ Ketchaoua, curieusement sans identité que celle du nom du «monticule aux chèvres» dans le turc. Houari Boumediène fait le choix de cette mosquée pour les célébrations cérémoniales de l'Aïd El Adha avec les sermons du grand muphti Cheikh El Yacoubi. Mais la porte, symbole, seule survivance de l'authentique édifice, fut curieusement oubliée dans un coin de musée.
Comme s'il fallait perpétuer scrupuleusement la décision du duc de Rovigo en tant qu'héritage colonial digne de respect. Ketchaoua est en travaux de restauration par une société turque après les effets des différents séismes des dernières décennies. L'état d'avancement est à 60%. Peut-être que les hautes autorités nous cachent-elles une belle surprise avec la libération de la majestueuse Dame algéroise, dont on lui souhaite de fêter son demi-millénaire chez elle, à Ketchaoua et non dans la froideur d'un Musée au milieu d'objets inertes. Si ce retour est programmé à l'insu de l'opinion publique, c'est donc un secret bien gardé.


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