Alors que le minaret de la mosquée Ketchaoua tout aussi que le bâti général avaient été longtemps un véritable danger public du fait de leur vieillissement, voilà que des travaux ont été engagés au grand bonheur des riverains qui arpentent tous les jours le quartier populeux de la basse Casbah où est situé cet édifice séculaire. Ce n'est que vers la fin 2008 que la direction de la culture de la wilaya d'Alger a annoncé que la mosquée, monument classé, faisait l'objet de travaux d'extrême urgence. Des travaux engagés par la direction de la Culture elle-même. "Nous avons engagé des travaux d'extrême urgence à la mosquée Ketchaoua, particulièrement au niveau du minaret qui constitue un vrai danger " avait indiqué Badia Sator, directrice de la Culture de la wilaya d'Alger mettant en exergue le " mauvais état " de cette partie du monument dû à l'absence d'entretien et au séisme de 2003. "C'est une opération très délicate et on ne peut pas avoir une idée réelle sur les délais des travaux d'urgence sur ce minaret qui sera étagé de haut en bas et ceinturé ", avait affirmé la responsable. A la faveur du mois du patrimoine qui s'était achevé le 18 mai dernier, d'autres travaux ceux notamment liés au confortement devaient aussi être engagés. Ce n'était que le samedi dernier que les échafaudages devaient être normalement installés. Cela entre dans le cadre des travaux de confortement décidés par la ministre de la Culture, avait également signalé Nabila Seffadj, architecte et historienne de l'art, lors d'une conférence intitulée " La Ketchaoua, histoire d'une mosquée-cathédrale ". " Il nous a été difficile de fermer ce lieu de culte, la population locale n'a pas tellement apprécié parce qu'elle entretenait un rapport particulier avec cette mosquée qu'elle préfère aux deux autres lieux de prière situés non loin de là. Le ministère de la Culture a pu, néanmoins, réussir la prouesse de la faire fermer. Le ministère des Affaires religieuses, propriétaire de l'espace, voudrait le restituer au plus vite ", avait relèvé l'architecte. Le ministère appréhende les travaux dans cette mosquée qui peut connaître le même sort que la mosquée Ali Betchine, située sur la rue de Bab El Oued, où des travaux de replâtrage ont été engagés mais jamais achevés. " Les 2/3 du budget alloué à toute l'opération seront consacrés aux seuls travaux de confortement ", relève l'architecte. Bâtie vers 1613 et agrandie en 1794 par le Dey Hassan, la mosquée Ketchaoua est un savant mélange entre les styles architecturaux romano-byzantin et arabo-turc. A sa réception au début du XVIIème siècle, la mosquée comprenait deux minarets et sa façade est décorée de mosaïques. En 1832, soit deux ans après l'invasion française, le monument a été transformé en cathédrale avant de retrouver sa vocation de lieu de culte musulman à l'indépendance du pays. Site historique par excellence, la mosquée Ketchaoua est, l'une des mosquées les plus populaires d'Alger. Néanmoins, selon l'historienne qui se base sur des documents imprécis, et une lithographie datant de 1578, accrédite la thèse selon laquelle la mosquée de Ketchaoua a été construite bien avant 1794, date où Hassan Pacha, Dey d'Alger, décide d'agrandir l'édifice et d'en faire une immense mosquée qui frappe les esprits. Sur le plan architectural également, la tâche n'est pas des plus aisées pour ceux qui tentent de remonter les pistes d'un édifice hybride, ayant subi les pires atrocités d'une entreprise coloniale, "décivilsatrice" et négationniste, dont le seul et unique souci a été d'usurper une Culture algérienne. C'est ainsi que le Duc de Rovigo ordonna la destruction totale de cette prestigieuse mosquée, à laquelle les Algériens furent très attachés, encore plus qu'à Djamaâ Lekbir ou à la mosquée de la Pêcherie, pour bâtir sur ses décombres une cathédrale baptisée alors Louis Philippe. Seffadj s'est étalée sur l'évolution architecturale de cette cathédrale dont il a fallu plus de 50 ans à sa réalisation finale.