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Bivouac littéraire
Paris. 23e édition du Maghreb des Livres
Publié dans El Watan le 25 - 02 - 2017

Programmée les 18 et 19 février à l'Hôtel de Ville de Paris, la 23e édition du Maghreb des Livres a eu le mérite, cette année encore, de brasser un large public venu à la rencontre des 130 auteurs présents et, accessoirement, s'approvisionner en livres à l'Hôtel de Ville de Paris.
Cet engouement dénote, pour le moins, de l'intérêt probant que suscite la littérature maghrébine au niveau international. A l'extérieur de l'Hôtel de Ville, on ne peut s'empêcher de faire quelque similitude entre la façade de cet édifice, ornée par deux majestueux lions, et celle de l'ex-mairie d'Oran, où trônent deux fauves débonnaires, pour reprendre l'expression d'Albert Camus. A ce propos, s'il avait qualifié l'ex-Hôtel de Ville d'Oran de «mairie prétentieuse», à l'Hôtel de Ville de Paris, on est carrément dans le «tape-à-l'œil» tant tout n'est que «calme, luxe et volupté». Les visiteurs, une fois entrés dans l'enceinte de cet édifice, sont à chaque fois subjugués par le côté clinquant et majestueux qui prévaut partout.
D'abord, c'est un vrai plaisir que de monter, une à une, les marches du long escalier, enveloppé d'un majestueux tapis rouge qui mène aux grandes salles où se tient la manifestation. Arrivé sur place, on se croirait dans un aéroport tellement les va-et-vient sont incessants, ponctués de temps à autre de voix d'une employée qui informe l'assistance des différents rendez-vous littéraires, tables rondes et autres séances dédicaces qui ont lieu dans la journée. Cette année, ce sont les lettres algériennes qui étaient à l'honneur et elles ont suscité un engouement certain de la part du public.
Des hommages ont été accordés à trois grandes figures : Malek Chebel, écrivain et anthropologue des religions algérien, décédé en novembre 2016 ; Fatima Mernissi, écrivaine et féministe marocaine, décédée en octobre 2015 et enfin Stephan Hessel, diplomate, écrivain et ancien résistant français, mort en 2013. Un autre hommage à Arezki Idjerouidène, entrepreneur et mécène franco-algérien, notamment PDG de la compagnie Aigle-Azur, décédé le 24 avril 2016.
A côté de la salle des expositions de livres, une autre grande salle, en l'occurrence la salle Bertrand a fait office, pendant les deux jours de manifestation, de «café maure», lieu convivial où participants, journalistes et visiteurs viennent pour se restaurer et déguster mets et pâtisseries du Maghreb. Au sous-sol, la salle Xavier Lacoste accueillait les tables rondes. On notera celle qui s'intitulait «Mostaganem, ville phare du théâtre algérien», soulignant que le Maghreb des Livres tend à s'ouvrir davantage aux arts et à ne pas se borner à la littérature. Ainsi, la peinture et la calligraphie étaient également de la partie et bon nombre d'artistes du Maghreb ont exposé leurs œuvres.
Georges Morin, président de l'association Coup de Soleil, organisatrice de l'événement, nous a confié sa grande satisfaction quant à l'engouement exceptionnel du public cette année : «Je suis très satisfait parce qu'il y a eu beaucoup de monde. Peut-être que les gens ont besoin de ce type d'événements. On est tellement bousculés par les violences, les haines, les communautarismes en tous genres que les gens ont envie de retrouver ici ce qu'est Coup de Soleil depuis 30 ans, ce qu'est le Maghreb des Livres depuis 23 ans. C'est-à-dire un lieu où des gens, originaires du Maghreb, amis du Maghreb, Algériens, Tunisiens, Marocains, Français, chrétiens, juifs et musulmans s'y rencontrent.
Ça fait chaud au cœur en ce moment, parce qu'il y a des divisions, des fractures partout, au nord et au sud de la Méditerranée. Cela veut dire qu'on sert à quelque chose.» Le président de Coup de Soleil constate qu'il y a non seulement un problème de liaison fraternelle entre le Nord et le Sud, mais aussi entre le Sud et le Sud. Aussi, selon lui, «beaucoup de gens ignorent ce qui se passe chez le voisin, d'où l'importance de cet événement».
Cette année, l'organisation a innové avec une initiative originale : «Le Maghreb des Livres hors les murs». Il s'agit d'événements littéraires liés au MDL, mais en amont de la manifestation et dans différents quartiers de la ville de Paris. «Cela fait deux ans qu'on y travaille avec la mairie de Paris, et on est très contents, car quand on voit les fractures sociales à Paris et dans l'île de France, on s'est dit pourquoi ne pas amener le livre vers les gens», affirme Morin. Trois rencontres littéraires ont ainsi été programmées : la première le 14 janvier dernier dans une bibliothèque du 18e arrondissement, avec Majid Cherfi, ex- membre du groupe musical Zebda et auteur de Ma part de Gaulois (Acte-Sud, 2016) ; la seconde le 21 janvier dans une bibliothèque du 20e avec Kaouther Adimi, l'une des plus jeunes écrivaines algériennes, qui vient de publier aux éditions Le Seuil Des pierres dans ma poche, et enfin, au même endroit, une table ronde animée par la Marocaine Bouchra Azzouz, le Tunisien Tahar Bekri et enfin l'Algérien Anouar Benmalek.
Chaque année, au Maghreb des livres, le prix Beur-FM est remis à un auteur participant à la manifestation. Cette année, le lauréat n'est autre que le précité Majid Cherfi dont le livre a connu un grand succès en librairie en octobre 2016 et qui est sélectionné pour plusieurs autres prix, notamment le Renaudot.
On peut affirmer que cette 23e édition a été très appréciée à la fois par les participants et les visiteurs.
«C'est la première fois que j'y participe, explique Bouziane Benachour, auteur algérien, et j'ai été très agréablement surpris par l'abondance des auteurs, notamment algériens, mais aussi par toutes les activités annexes qui tournent autour du livre, comme le théâtre, ce qui donne une saveur particulière à cette manifestation, mais aussi de la profondeur. Sincèrement, je ne regrette pas d'être venu.» Hamid, habitant de Paris qui travaille dans l'éducation, partage cet avis : «Il y a eu beaucoup de monde, les auteurs sont très proches du public. Il y a un échange entre l'écrivain et le public, et c'est une très belle leçon d'ouverture pour les rapports entre les deux rives de la Méditerranée et même entre tous les gens de la terre. C'est la première fois que je viens. Auparavant, j'en ai entendu vaguement parlé. C'est dommage, je trouve qu'il n'y a pas eu d'échos avant, pas assez de promotion.
Ça serait bien qu'il y en ait un peu plus les années suivantes. C'est un peu intimiste, mais ça a son charme.» Gaétan Pelland, ex-directeur de l'Institut français d'Oran, nous affirme : «Chaque année, depuis que je suis revenu d'Oran, je viens au salon. C'est déjà un plaisir de venir dans ce bel Hôtel de Ville de Paris, je pense que c'est le plus beau bâtiment de Paris. Et c'est bien d'avoir ce contraste, d'avoir l'Orient qui vient dans ces palais de la République.
Et c'est toujours un plaisir de revoir mes amis, d'Oran, d'Algérie, mais aussi de Palestine et de retrouver tous ces écrivains. Cette année, il y avait pas mal de débats. J'ai assisté à l'hommage à Stephan Hessel par Brahim Senouci. Longue vie du Salon du livre du Maghreb à Paris.» Mehdi, jeune Algérien qui vient fraîchement de s'installer à Paris pour ses études, découvre la manifestation : «Disons que le cadre d'accueil est agréable, ce qui est valorisant pour les auteurs maghrébins. Parce que si on les avait accueillis loin de Paris, dans une sorte de hangar, personnellement, je ne l'aurais pas accepté. Il y a des nouveaux titres, il y a des anciens. Mais je pense qu'il y a trop de livres sur la religion.
J'ai l'impression que ça parle beaucoup d'islam, et ce sont des sujets qui se répètent. Je ne dis pas qu'il ne faut pas qu'il y ait de livres sur la religion, au contraire : étant musulman moi-même, je suis intéressé de découvrir les différentes versions. Mais ce n'est pas bien grave. Disons que cette manifestation peut être un ambassadeur pour les pays d'Afrique du Nord. C'est une belle porte. Quand les œuvres des écrivains sont connues, c'est leur pays qui est connu !» Selma Guettaf, auteur de Les hommes et toi (APIC 2016), regrette, quant à elle, qu'il n'y ait pas assez d'espace et d'intérêt pour les jeunes écrivains, ceux qui commencent leur parcours : «Cette année, c'est spécial Algérie, mais j'ai trouvé les éditions maghrébines sur un seul stand. Mais en même temps, c'est super qu'on ne soit pas seulement dans la littérature et qu'il y ait aussi d'autres artistes.»
Enfin, il faut savoir qu'auparavant, le Maghreb des Livres a lieu à la mairie du 20e arrondissement de Paris. Il a fallu attendre 2001 pour que Bertrand Delanoë, alors maire de la ville, propose à Georges Morin de venir installer la manifestation à l'Hôtel de Ville de Paris. Depuis, la mayonnaise a pris, et le succès a été, année après année, de plus en plus grand.


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