Quoi de mieux en ce début de printemps que de programmer une sortie dans le site archéologique, au charme naturel, de Tipasa ? Si, en plus, des poètes s'invitent à la balade, cela ne se refuse pas. C'est ce que nous réserve en tout cas la quatrième édition du Tipasa des poètes annoncée pour le samedi prochain. Inspiré du Printemps des poètes, manifestation initiée en France depuis une vingtaine d'années, le Tipasa des poètes se présente comme une rencontre vivante autour du beau verbe et de la déclamation poétique. Cette initiative rafraîchissante revient à un partenariat entre l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC) et l'Institut français d'Alger (IFA) avec le soutien de la Direction de la culture de la wilaya de Tipasa et de l'Office national de gestion et d'exploitation des biens culturels protégés (OGEBC). Tourné vers les voix nouvelles, le Tipasa des poètes nous propose pour cette édition 2017 une rencontre entre poètes algériens, maliens, burkinabés et français dans le cadre d'un échange poétique et culturel. Comme chaque année, les déclamations se dérouleront au cœur du théâtre antique du site archéologie de Tipasa. Inscrit sur la liste du Patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1982, Tipasa est un ancien comptoir punique, occupé par Rome, qui en en fit une base stratégique. Il comprend un ensemble unique de vestiges phéniciens, romains, paléochrétiens et byzantins, voisinant avec des monuments autochtones, tel le Kbor er Roumia, le grand mausolée royal de Maurétanie. C'est dans ces lieux chargés d'histoire qui ont suscité bien des textes littéraires que se produiront nos poètes. Quatre poètes algériens sont proposés par l'AARC. Kebaïli Tarek, Oussama Ifrah (déjà présents à la dernière édition), Zehma Kouider et Salim Cherifa auront la charge de représenter les voix poétiques algériennes dans leur diversité linguistique entre arabe dialectal et littéraire, tamazight et français. L'Institut français propose à son tour trois poètes qui élargiront la palette artistique de cet événement. Natif d'Alger, en 1943, Eric Sarner viendra déclamer sa poésie nourrie de ses pérégrinations géographiques et mentales. Poète, écrivain, mais aussi journaliste et réalisateur de documentaires, Sarner vit entre Paris, Berlin et Montevideo. Ses nombreux recueils poétiques lui ont valu des distinctions, à l'image de Prix Tudor Arghesi en 2013 et le Prix Max Jacob pour son recueil Cœur chronique, en 2014. Du Burkina Faso, pays des hommes intègres, c'est une femme qui viendra lire sa prose dans l'arène du théâtre antique. Et pas n'importe laquelle, puisque Sophie Heidi Kam est la première femme dramaturge burkinabée. Auteure prolifique, elle a été distinguée huit fois au Grand prix national des arts et des lettres (Burkina Faso). Hawa Demba Diallo viendra, quant à elle, du Mali voisin. Et plus précisément des valeureux Peuls du royaume de Khasso. Née dans la prestigieuse tradition des griots, l'écrivaine a poursuivi des études de juriste et d'anthropologue. Cette rare voix féminine dans la littérature malienne s'est notamment illustrée dans le théâtre et l'écriture de nouvelles. Un programme qui promet de riches rencontres dans un lieu tout à fait convivial. Rendez-vous donc le samedi 8 avril à 10 heures dans le théâtre antique de Tipasa.