Quelle couleur choisir pour une devanture de commerce ou quel habillage de façade doivent opter les proprios de magasins plantés le long des artères principales de la capitale ? Une question qui semble donner du tournis aux responsables de la wilaya, tant le choix de la couleur devient problématique. Il y a quelques mois, les propriétaires de commerces ont été instruits pour peindre la façade de leur magasin en bichromie, le soubassement en noir et la partie supérieure en blanc, afin de relever le décor et donner plus d'allant et d'éclat à nos lugubres artères... Pour ne pas trop se casser la nénette et éviter une opération quelque peu dispendieuse, certains commerçants ont vite fait dans le simplisme. Résultat des courses : ils ont réussi à conférer de la hideur à l'entrée de leur établissement. Certains d'entre eux, au lieu d'enlever les panneaux de céramique ou de faïence qui habillent la devanture de leurs magasins, ont carrément peinturluré celle-ci de noir et blanc. Et le tour est joué ! Même la brique rouge a été bariolée. C'est moins coûteux et rapide. Il va sans dire que cette opération ne nous édifie pas moins sur la besogne expéditive et on ne peut plus médiocre. Cela est le côté cour. Côté jardin, les services de la wilaya chargés de mettre en symbiose l'activité commerciale avec le cadre de vie, s'emmêlent les pinceaux. Il y a quelques années, sur injonction de la wilaya, les commerçants étaient tenus d'appliquer les couleurs bleu et blanc aux façades de leurs échoppes, avant que les autorités locales ne les somment d'opter pour le gris monochrome. Maintenant, on leur enjoint d'opter pour le pigment primaire ou fondamental. Soit. Mais ce qui fait couac, c'est le fait de vouloir homogénéiser les devantures de toutes les boutiques, tous métiers confondus, avec une bichromie : le bas en noir et le haut en blanc. Si certains commerçants s'affairent à peinturlurer leur devanture, d'autres se montrent récalcitrants, en maugréant contre cette décision, car selon eux, «le bon sens dicte que chaque devanture de magasin doit avoir la couleur appropriée qui désigne la nature du commerce». Ainsi, la teinte crème sied à l'activité de boulanger, le vert bouteille rime avec l'officine, le rouge vermeil tapisse la devanture d'un commerce de boucherie, etc., disent-ils. Il en est de même pour la couleur conventionnelle, à savoir le vert wagon, utilisée généralement pour le mobilier public urbain, renchérit un autre observateur, qui fait remarquer, à l'occasion, que la rambarde du front de mer de Bologhine est tantôt peinte en bleu, tantôt en noir,... Une aberration qui n'est pas sans nous renvoyer à la citation de Denis Diderot qui écrivait qu'«une belle âme ne va guère avec un goût faux».