Il n'est un secret pour personne que se déchausser dans une mosquée pour faire sa prière est, depuis un certain temps déjà, un risque que les fidèles prennent d'en ressortir les pieds nus. Les voleurs de chaussures sont devenus légion dans certains de nos lieux de culte. Comme à Akbou. Plusieurs fidèles fréquentant les mosquées de cette grande ville ont été victimes de ce genre de chapardage. Le plus récent est un voleur qui prenait l'habitude et un malin plaisir à voler des chaussures posées à l'entrée des édifices religieux. Mocassins, pantoufles, espadrilles, sandales, baskets, et peut-être même pataugas, les forfaits se font au choix de la qualité et de la valeur estimée du larcin. Des fidèles ont observé un manège qui a attiré leur soupçon sur une personne suspecte. Un homme de 40 ans, répondant aux initiales D. N, tout ce qu'il y a de «pieux» en apparence, accourait régulièrement pour faire ses prières dans les mosquées. Presser le pas ou se mettre même en petite foulée, n'est pas exceptionnel sur la route de nos mosquées. Mais, notre suspect arrive souvent, ou tout le temps, en retard pour les rendez-vous des prières du vendredi. Cette habitude n'est pas pour échapper à l'attention des fidèles, dont la récidive des vols de chaussures taraudait déjà l'esprit. Le lien est vite fait. Les éléments de la première sûreté urbaine d'Akbou sont mis au parfum par le moyen du numéro vert de la Sûreté nationale. Un jour, le suspect a posé ses yeux sur une belle paire de chaussures de sport sur lesquelles il avait «flashé». En deux temps, trois mouvements, tout est plongé dans un sac en plastique. Ni vu ni connu. Mais ce jour-là, on avait à l'œil notre «moussali», mordu des souliers. Il a été cueilli au sortir de la mosquée par la police qui l'attendait de pied ferme. Pris en flagrant délit de vol, il ne s'avouait pas vaincu, puisqu'il s'est débattu avec les policiers au moment où ils mettaient la main sur lui. C'est ce que raconte un communiqué de la sûreté de la wilaya. Mais on ne saura pas si le larron a emballé son butin après avoir accompli, quand même, sa prière. Ce que l'on saura par contre, c'est que le mis en cause, originaire de Boudjellil, a bien reconnu les faits. Le propriétaire de la paire volée, bien que content de récupérer ses baskets, a intenté un procès contre lui. Celui-ci termine ainsi son parcours par une condamnation à une pleine année de prison ferme et une lourde amende de 50 000 DA. La paire de baskets lui a ainsi coûté, outre la taule, 5 belles briques. Cinq fois plus cher que s'il l'avait achetée toute neuve. Au moment où il aura tout son temps pour méditer sur ses forfaits, les fidèles, quant à eux, devraient réfléchir à se chausser de savates usées en allant prier. Parce que les voleurs de chaussures, il y en a encore et que, surtout, l'habit, y compris dans nos mosquées, ne fait pas le moine.