La grève enclenchée il y a déjà plus d'une semaine par les transporteurs privés de la ville de Collo commence à attiser les tensions et à faire sortir les usagers de leur silence, et de là, à dénoncer la politique du fait accompli qu'on leur impose. Un semblant de pétition a même commencé à circuler auprès de ces usagers, qui ne savent plus quoi faire. «On ne veut pas payer les frais de la guerre que se livrent les transporteurs privés. Les transporteurs opérant sur la ligne Collo-Skikda sont à l'arrêt depuis plusieurs jours déjà, ce qui a perturbé les habitués de cette desserte, qui se retrouvent souvent obligés d'aller à la sortie de la ville pour espérer trouver un siège vide dans les bus en provenance de Ouled Attia ou de Zitouna. Nous demandons aux responsables concernés de réagir pour mettre fin à une situation qui commence vraiment à nous irriter», témoigne un usager rencontré sur l'emplacement réservé aux bus privés, en plein cœur de la ville. Les transporteurs de la ville de Collo, qui ont eu recours une fois encore au débrayage, expliquent leur acte. «Nous avons de tout temps dénoncé la concurrence déloyale que nous imposent les transporteurs des daïras de Zitouna et de Ouled Attia. Ces derniers se sont improvisé plusieurs arrêts de ramassage dans le périmètre urbain de la ville, ce qui a considérablement minimisé nos chiffres d'affaires. Il nous arrive même de quitter la station de Collo, le bus carrément vide. On a mené plusieurs grèves et à chaque fois on nous nourrissait de promesses, alors qu'aucune décision ferme n'a été prise», juge un des transporteurs grévistes. Seulement, les usagers de la ville de Collo, du moins une bonne partie, ne l'entendent pas de cette oreille. Ils estiment que les transporteurs grévistes veulent contraindre les usagers à parcourir souvent plusieurs kilomètres pour parvenir enfin à la station implantée au centre-ville. «Moi j'habite le quartier Dar-Amor, à près de 3 km de cette station. Si je devais me rendre à Skikda, je ne vais surtout pas parcourir tout ce chemin, alors que près de mon quartier passent d'autres transporteurs venant de Zitouna, de Khnak-Mayoune ou de Kanouaa. L'usager est libre et personne n'a le droit de l'obliger à opter pour tel ou tel transporteur», rapporte un citoyen. Un sentiment qui reste partagé par une grande partie des habitants de Collo, dont certains vont jusqu'à demander le retrait pur et simple des licences aux grévistes. Ces derniers s'obstinent encore et jugent qu'ils ne font que défendre leur gagne-pain en espérant une réaction des pouvoirs publics. Ils oublient cependant qu'il leur arrive eux aussi de passer souvent par les villes de Kerkera, de Tamalous et de Bouchtata et de procéder à des ramassages sur leur parcours en concurrençant les transporteurs de ces mêmes villes. Que diront donc les transporteurs de Collo si leurs collègues des villes citées décident de dénoncer «la concurrence déloyale» qu'ils leur imposent ?