L'ancien président allemand Horst Kohler est, depuis mercredi dernier, le nouvel envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental. Ce poste, rappelle-t-on, a été créé il y a plus de 20 ans et la mission consistait en la mise en œuvre du plan de paix conclu quelques années auparavant par le Maroc et le Front Polisario, les deux parties au conflit, et endossé en 1991 par les Nations unies. C'est dans ce même cadre que le 29 avril 1991 fut créée la Minurso (Mission des Nations unies pour l'organisation du référendum au Sahara occidental) avec pour objectif de préparer et d'organiser un référendum d'autodétermination pour le peuple sahraoui. Tout est clair et l'engagement de l'ONU découle justement de cette logique de décolonisation, qui figurera d'ailleurs dans toutes ses résolutions consacrées à la question du Sahara occidental. Mais autant dire que cette mission a été contrariée et même entravée par le Maroc qui s'oppose à la tenue d'un référendum d'autodétermination, bloquant les efforts déployés en ce sens par les prédécesseurs de M. Kohler, les poussant même à la démission. A commencer par le premier d'entre eux, l'ancien chef de la diplomatie américaine, James Baker, qui avait organisé les premiers contacts directs Maroc-Front Polisario, avant que ne soit dévoyé le débat au sein même du Conseil de sécurité. L'un de ses successeurs, Christopher Ross, également américain, faisait quant à lui face à un blocage marocain, mais autant parler d'hostilité, comme le font justement remarquer de nombreux observateurs. Normal, quand il s'agit de dire la vérité et même la rappeler avec force pour que domine le principe de justice. Surtout quand il est toujours question d'appliquer les résolutions de l'ONU, en vue de l'autodétermination du peuple du Sahara occidental. Autant d'actes que leurs auteurs considéraient comme des signaux forts, et ce, après un verrouillage remarquable porté par l'avis tout aussi remarqué du conseiller juridique de l'ONU qui avait appelé les choses par leur nom, en rappelant qu'il s'agissait là d'une question d'occupation, que la résolution 1514 sur les territoires sous domination coloniale devait s'appliquer pleinement au Sahara occidental et que le Maroc était une force d'occupation. Une véritable feuille de route jamais appliquée en raison de blocages, que l'ancien secrétaire général de l'ONU envisageait de surmonter en recourant à d'autres voies. Comme l'autorise la Charte de l'ONU, car il s'agit de la préservation de la paix. Ban Ki-moon n'aura pas le temps, ni même la possibilité de faire ce qu'il annonçait dès l'automne 2015. Ce qui signifie, comprenait-on déjà, autorité et détermination. Ou encore plus de vigueur, et donc une rupture avec la méthode appliquée depuis 1991. Que fera son remplaçant ? Autant dire que le nouveau secrétaire général dispose toujours du même cadre que pas la moindre résolution n'a tenté de modifier, et un bilan dressé par son prédécesseur. Il faut changer d'approche sans toucher au fond, et l'ONU dispose de tous les moyens.