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Sensation de vertige sur la passerelle Mellah
Gorges du Rhumel de Constantine
Publié dans El Watan le 22 - 08 - 2017

«Nous jetâmes un cri universel d'admiration, presque de terreur. Au fond d'une gorge sombre, sur la crête d'une montagne baignant dans les derniers reflets rougeâtres d'un soleil couchant, apparaissait une ville fantastique, quelque chose comme l'île volante de Gulliver.»
Alexandre Dumas,
Le Véloce - 1847
Les balades le long des berges du Rhumel sont des étapes d'un pèlerinage touristique à travers les âges. Une rencontre avec une nature d'une poésie troublante. Une beauté qui vous attire, vous ensorcelle, vous envoûte.
En bas, la rivière coule avec orgueil. On ne trouvera pas une meilleure description des lieux que celle de Louis Régis, dans son précieux témoignage lors de son voyage dans la ville en 1879. «Un des chemins les plus intéressants pour un étranger, c'est celui qui côtoie le ravin entre la pointe de Sidi Rached et le pont d'El Kantara. De là, on voit pleinement la hauteur inaccessible du rocher ; là aussi, la ville offre l'aspect le plus véritablement arabe.
Les maisons s'étagent sur le plan légèrement incliné du terrain et n'offrent aux regards que leurs murailles très blanches, percées de lucarnes.» A la place Mohamed Tahar El Adjabi, ex-Molière, sur la rue Larbi Ben M'hidi, une foule attend patiemment devant l'entrée de l'ascenseur. Un moyen de déplacement très prisé, et surtout très pratique, qui relie le centre-ville à l'avenue de Roumanie, en bas, puis la gare ferroviaire et la station de bus de l'avenue Zaâmouche. Pour 5 DA, on se retrouve sur la passerelle Mellah, en quelques secondes.
Pour ceux qui préfèrent donner du mouvement à leurs pieds, ils n'ont qu'à «dévaler» les 109 marches de l'escalier, dont une quarantaine en bois. La traversée se fait, désormais, sans risquer de prendre une forte dose de mauvaises odeurs, comme par le passé.
Durant le Ramadhan, des jeunes facebookers, animés d'une bonne volonté, ont fait le toilettage des murs crasseux avec leurs propres moyens, au moment où la commune de Constantine était en pleine hibernation. A travers les fenêtres creusées dans le mur, on peut s'offrir dans cette descente un panorama inédit sur la passerelle et les gorges. Par cette chaude journée du mois de juin, en plein Ramadhan, une longue file de quatre rangées occupe le tiers de la passerelle. Le soleil a vraiment tapé fort. En bas aussi, on attend son tour pour monter. Le pont devient presque exigu. Une effervescence marque les lieux en cette semaine précédant l'Aïd El Fitr.
(Suite en page 12) S. Arslan
Un homme s'amuse à prendre des photos souvenirs pour sont fils, heureux de découvrir pour la première fois les balancements du pont et la sensation de vertige.
Les passants traversent sans se soucier de cette beauté qui s'offre à leurs yeux. Les touristes qui viennent dans cette ville sont les seuls à apprécier ses merveilles naturelles. Un site qui excite la curiosité des promeneurs. Les gens de passage venus des autres régions de l'Algérie ont, quant à eux, immortalisé leur présence par des graffitis sur la rambarde. Une manière qui devient une tradition touristique nationale.
Un ouvrage d'art balançant
Troisième pont reliant les deux rives du Rocher, l'ouvrage a été réalisé par les Français entre 1917 et 1925. Cette véritable prouesse de 125 mètres de long, à 105 mètres au-dessus du ravin, est l'œuvre de l'ingénieur Ferdinand Arnodin. Copie conforme du pont suspendu de Sidi M'cid, que nous visiterons plus tard, elle est la seule destinée uniquement aux piétons. Comme pour la principale artère qui traverse le quartier de Souika, dans la vieille ville, la passerelle avait porté le nom du général français Perrégaux durant la période coloniale. Pour leur rendre hommage, l'administration française avait donné aux lieux publics de Constantine les noms de tous les officiers de l'expédition de 1837.
Alexandre-Charles Perrégaux (1791-1837), un Suisse naturalisé français, avait connu une brillante carrière militaire avant d'être promu général chef d'état-major de l'expédition de Constantine, sous le commandement du général Damrémont. Quand ce dernier fut tué par un boulet le 12 octobre 1837, en inspectant les batteries de canons sur le lieu qui deviendra plus tard la place de la Pyramide (actuelle place colonel Amirouche), à la veille de la prise de la ville, le général Perrégaux, qui accourut vers lui, sera atteint d'une balle au visage. Grièvement blessé, il sera embarqué pour la France. Il mourut en mer le 6 novembre 1837. Après l'indépendance, et comme pour l'ex-rue Perrégaux, le pont portera le nom de Slimane Mellah, dit «Rachid». Un enfant de la ville, dont on ne sait pas grand-chose sur sa biographie. Dans Le dictionnaire biographique des militants nationalistes algériens, de Benjamin Stora (Editions l'Harmattan-1985), trois lignes seulement lui ont été consacrées. Il est mentionné : «qu'il adhère au PPA-MTLD à la fin des années quarante. Il participe, pour le Constantinois, à la réunion du groupe des 22, s'en sépare et meurt au maquis après le 1er Novembre 1954.»

Des vestiges témoins
En jetant un regard vers les gorges avant la passerelle Mellah, du côté du pont Sidi Rached, on peut voir ce qui reste d'un ancien pont romain. De l'autre côté, sur la rive droite en bas, des escaliers descendent vers l'ancien hammam de Salah Bey, servi par une source thermale décrite dans des récits historiques. Elle n'existe plus. Salah Bey aimait venir s'y relaxer et oublier les ennuis du pouvoir. En remontant l'avenue de Roumanie, à droite, on arrive à d'autres ruines «modernes» surplombant le ravin, celles d'un projet de Musée d'art et d'histoire, qui devait être réalisé lors de l'événement de Constantine capitale de la culture arabe 2015.
Il sera rattrapé par la mauvaise gestion et la crise d'austérité pour ne plus voir le jour. Non loin de là, c'est la gare ferroviaire, construite à partir de 1865. Juste en face se dresse la statue de l'empereur Constantin, arrivée à Constantine en février 1913, puis installée dix ans après sur cette place devenue actuellement la place du 1er Mai. Pour l'histoire, l'antique Cirta, théâtre de guerres civiles romaines, a été détruite par Maxence en 311. Le sort a voulu que l'empereur Constantin, sorti vainqueur, la fasse reconstruire en 313.
Elle porte ainsi son nom depuis plus de 1700 ans. En revenant vers la passerelle Mellah, du côté gauche du Rocher, on voit en haut la ville avec toutes ses maisons étagées, au sort misérable. Des murs hideux et défraîchis montrant la face cachée des beaux immeubles européens de la rue Larbi Ben M'hidi, fraîchement repeints. A quelques encablures avant la médersa, inaugurée en 1909, aux murs blancs immaculés, avec son dôme et sa belle architecture, se dressent les ruines des maisons de la rue des Tanneurs (Dar debagh), où l'on faisait le traitement et la teinture des cuirs. Les eaux aux couleurs bleu et rouge se déversaient dans le ravin. Juste à quelques mètres, on reconnaît l'ancienne fabrique de tabac de Bentchicou.
C'est le quartier d'Echatt, situé sur la falaise, où les vieux Constantinois se rappellent encore du lieu appelé «El Marma», par lequel on jetait les ordures ménagères dans le Rhumel, bien avant l'arrivée des Français. Juste en bas de cet alignement de constructions séparées par des ruelles en pavé qui débouchent sur le bord de la falaise, se trouve l'unique hôtel de la ville surplombant les gorges du Rhumel, où les clients peuvent entendre «les rugissements» de la rivière durant les longues nuits de l'hiver. On peut voir aussi au n°100 de la rue Larbi Ben M'hidi (ex- Georges Clemenceau), le fameux immeuble blanc à six étages. Une bâtisse qui abritait le siège de la Dépêche de Constantine, devenu après l'indépendance celui du journal francophone Annasr, arabisé en 1972. Avant d'arriver au pont d'El Kantara, on remarque à droite l'un des derniers boulodromes de la ville, où des passionnés venaient s'adonner à un jeu qui faisait la fierté de la ville.

Des voyageurs subjugués
Depuis la période médiévale, de nombreux voyageurs, écrivains, peintres et chroniqueurs ont visité l'antique Cirta. On citera pour l'exemple Ibn Hawkel, El Bekri, Al Idrissi, Ibn Battuta, Léon l'Africain, Thomas Shaw, mais surtout des auteurs et des écrivains-voyageurs français venus à la recherche de l'exotisme, de la découverte et surtout du pittoresque. On citera Théophile Gautier en 1845, Alexandre Dumas père en 1846, Eugène Fromentin en 1848, Gustave Flaubert, qui effectua en 1858 une balade équestre dans le ravin, mais aussi Guy de Maupassant en 1881. Subjugués par le Rocher et les gorges du Rhumel, bouleversés par les spectacles de beauté, ils ont tous immortalisé leurs impressions dans des récits et des notes de voyage.
Théophile Gautier notera : «Le Rhumel, espèce de rivière-torrent, tantôt presque à sec, tantôt gonflé outre mesure, comme presque tous les cours d'eau d'Afrique, alimenté par les pluies d'équinoxe ou la fonte des neiges, s'est chargée de fortifier la ville et il a réussi mieux que Vauban. Ses infiltrations ont causé dans le Rocher une coupure de huit cents pieds de profondeur au fond de laquelle il roule ses eaux troubles et impétueuses, tantôt à ciel ouvert, tantôt sous des arches qu'il a évidées, et dont l'arc immense effraie l'œil par sa hauteur.» Eugène Fromentin décrira le site en écrivant: «A mesure qu'on pénètre plus en avant dans le ravin, l'impression du silence, de la solitude et de la grandeur du lieu devient extraordinaire. La profondeur d'un abîme et la hauteur d'un édifice ou rocher produisent le même vertige en sens contraire, l'une, un je ne sais quoi qui vous attire, l'autre, un poids qui vous écrase et pour ainsi dire vous renverse.»
Le dernier à visiter Constantine a été Jean Lorrain, en 1894. Il écrira : «Le merveilleux panorama de la vallée du Rhumel apparaît baigné de soleil, des flocons blanchâtres traînent bien encore à mi-hauteur des montagnes, ce sont comme de longues bandes de brume horizontalement tendues dans l'espace, et des coins entiers de paysage luisent dans l'écartement des vapeurs, à des hauteurs invraisemblables, comme détachées en plein ciel. Au milieu de cette mer de brouillard, Constantine et son chemin de ville, taillé à même le roc, se dressent et se découpent, tel un énorme nid d'aigle».


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