Deux policiers ont été agressés, hier, par un takfiriste, à l'arme blanche devant l'entrée de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP). L'assaillant a été arrêté avec un présumé complice. Le commandant blessé a subi une délicate intervention chirurgicale. Le Bardo, la banlieue proche de Tunis abritant l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), a vécu hier un nouvel épisode terroriste avec l'attaque perpétrée par un takfiriste contre une patrouille de la police de circulation, en position devant l'ARP. Le communiqué du ministère de l'Intérieur dit qu'un takfiriste a poignardé un officier au niveau du cou et le deuxième agent au niveau du front. Les premiers éléments de l'enquête ont révélé que l'assaillant avait adopté la pensée takfiriste depuis trois ans et qu'il considérait les forces de l'ordre comme étant des «taghouts» (tyrans). L'enquête a révélé aussi que le takfiriste était accompagné par une personne lors de l'attaque. Un suspect a été arrêté plus tard dans la matinée. Par ailleurs, les forces de sécurité ont saisi en possession de l'assaillant une liste de personnalités politiques qu'il prévoyait vraisemblablement d'assassiner. Une source sécuritaire a affirmé aux médias que l'auteur de l'agression à l'arme blanche planifiait l'attaque depuis quelque temps. Commentant la lâche attaque terroriste survenue hier, le colonel-major à la retraite, Mokhtar Ben Nasr, président du Centre tunisien des études de la sécurité, a indiqué que tout porte à croire que le terroriste fait partie des loups solitaires qui agissent de manière isolée et qui n'annoncent pas leur projet d'attentat à l'avance. Mokhtar Ben Nasr estime que «face à la vigilance des forces de sécurité tunisiennes qui ont réussi ces deniers mois à annihiler de nombreux projets d'attentats et à démanteler de nombreux groupes terroristes, il ne restait à ces criminels qu'un seul mode opératoire : mener des attentats en solitaires, en pleine rue, sans préparation particulière et avec des moyens rudimentaires pour prouver encore leur présence en faisant peur à la population». Loup solitaire Ben Nasr ajoute que «ce genre d'attentat à l'arme blanche est nouveau en Tunisie, comme mode opératoire, et comme d'habitude, les policiers et les militaires demeurent les cible des terroristes». Il attire l'attention sur le fait que les «loups solitaires» n'ont pas besoin de recevoir d'instruction, ni de communiquer avec des chefs d'une quelconque organisation, fussent-elles Daech ou Al Qaîda. «Quand ils sentent que l'étau se resserre autour d'eux, ils ne peuvent qu'agir en solitaires en prenant les devants, sans être repérés par les forces de sécurité, appelées à être désormais beaucoup plus vigilantes face à ce nouveau mode opératoire des assaillants», a conclu Mokhtar Ben Nasr. Cette opération survient au lendemain de l'intervention du porte-parole de la Garde nationale, le colonel-major Khalifa Chibani, sur Nessma TV, pour faire un bilan de la lutte contre le terrorisme en Tunisie pour la période allant du 1er janvier au 30 septembre 2017. Le colonel-major Chibani a déclaré que la plupart des actes terroristes déjoués par la Garde nationale ont été commandités par le groupe terroriste Katibat Okba Ibn Nafaâ, affilié à l'organisation Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI). «Les menaces provenant d'AQMI en Tunisie sont beaucoup plus nombreuses que celles de Daech», selon le colonel-major, qui a brossé un tableau sur les affaires et les arrestations du 1er janvier au 30 septembre 2017. «522 affaires terroristes ont été directement découvertes et traitées par la Garde nationale ; 694 terroristes ont été arrêtés dont deux Algériens ; 94 réseaux d'acheminement dans les foyers de tension ont été démantelés et 65 personnes ont été arrêtées», a-t-il précisé. Pour ce qui est des armes saisies, Chibani a énuméré des kalachnikovs, des bombes artisanales, des grenades, etc. Le périmètre d'opération des terroristes se trouve essentiellement dans les montagnes limitrophes de l'Algérie, dans les régions du Kef, Jendouba et les monts Châambi et Sammemaà Kasserine. La conclusion de Chibani est qu'il ne faut pas paniquer à cause du nombre de ces arrestations «à la fois ordinaire mais aussi synonyme de danger réel».