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La mosquée Ketchaoua retrouve sa splendeur
Témoin de l'Histoire d'Alger
Publié dans El Watan le 16 - 11 - 2017

L'âge du bâtiment initial, remodelé au fil des siècles, fait débat. Seule certitude, son existence est attestée dès 1612 sur le «Plateau des chèvres» — «ketchaoua» en turc — qui lui a donné son nom, dans la partie basse de la Casbah d'Alger, un quartier classé au Patrimoine mondial.
Témoin de plus de quatre siècles d'histoire tourmentée de l'Algérie, la mosquée Ketchaoua d'Alger, devenue église et cathédrale durant la colonisation française, s'apprête à rouvrir ses portes après des années de travaux. La majestueuse Djamaâ Ketchaoua (Mosquée Ketchaoua) était fermée depuis 2008, abîmée notamment par un puissant séisme cinq ans auparavant, ses ex-clochers, devenus minarets, sont tombés en lambeaux. Trente-sept mois de travaux viennent de s'achever et les riverains attendent impatiemment sa réouverture. «J'ai hâte de retourner prier là-bas.
Mon père m'y avait emmené faire ma première prière en 1978, j'avais 9 ans», se souvient Salim, commerçant dans une artère voisine. Fatima, octogénaire, est, elle, impatiente «de pouvoir prier dans cette mosquée, jusque-là réservée aux hommes». Un espace de prière réservé aux femmes a été créé. C'est le gouvernement turc qui a entièrement financé les quelque 7 millions d'euros de travaux du bâtiment aux racines ottomanes.
Cette mosquée constitue un patrimoine culturel commun aux deux pays, souligne Orhan Aydin, coordinateur en Algérie de l'Agence turque de coopération (TIKA), dont les experts ont supervisé les travaux confiés à une entreprise turque. L'âge du bâtiment initial, remodelé au fil des siècles, fait débat. Seule certitude, son existence est attestée dès 1612 sur le «Plateau des chèvres» — «ketchaoua» en turc — qui lui a donné son nom, dans la partie basse de La Casbah d'Alger, un quartier classé au patrimoine mondial.
Alger était alors depuis un siècle la capitale d'un Etat autonome vassal de l'Empire ottoman, mais aussi une base des corsaires barbaresques qui écumaient la Méditerranée. En 1794, Hassan Pacha, qui dirigeait Alger, transforme et agrandit Djamaâ Ketchaoua, en faisant l'une des principales mosquées de la ville.
Mais fin 1831, les nouvelles autorités françaises, maîtresses d'Alger depuis 18 mois, la réquisitionnent pour l'affecter au culte catholique. «Sa conversion en église en 1832 s'opéra après que l'armée coloniale eut donné l'assaut», faisant des victimes parmi les «centaines de fidèles qui s'y étaient retranchés pour s'opposer au projet», raconte Aïcha Hanafi, enseignante en archéologie à l'université d'Alger. La première messe est célébrée le 24 décembre 1832.
La mosquée Ketchaoua devient, presque en l'état, l'église Saint-Philippe d'Al-ger : des versets du Coran calligraphiés restent visibles sur ses murs et les sermons sont donnés depuis le minbar, la chaire musulmane d'où prêchait l'imam. En 1838, elle est consacrée Cathédrale d'Alger et va être profondément transformée et agrandie, au prix de la destruction de la majeure partie de l'ancienne mosquée. Deux clochers d'inspiration orientale sont notamment érigés, encadrant une nouvelle façade en haut d'un escalier monumental.
Ketchaoua redevient une mosquée en même temps que l'Algérie acquiert son indépendance. Le 2 novembre 1962, elle accueille sa première prière du vendredi depuis 130 ans. Le bâtiment n'a pas été modifié, seuls les signes catholiques ont été camouflés, les bancs retirés. Depuis, les Algérois l'ont affublée «ironiquement du sobriquet Djamaâ Nsara», «la mosquée des chrétiens», relève Aïcha Hanafi.
Outre le ravalement et les réparations, les travaux de restauration, tout juste achevés, ont permis de réorganiser un espace conforme au rite islamique. Au XIXe siècle, l'entrée de la cathédrale avait été ouverte à l'est. Or, il s'agit de la direction de La Mecque, indiquée dans les mosquées par une niche, le mihrab, vers lequel prient les fidèles.
En 1962, un mur avait dû être dressé immédiatement après les portes pour y réinstaller le mihrab, contraignant les entrants à le contourner et à enjamber les fidèles en prière, une entorse à la tradition islamique. De nouvelles portes latérales permettent désormais une entrée face au mihrab. Près de 1200 fidèles, dont 300 femmes, pourront désormais y prier.
«Nous avons fait le maximum pour maintenir le monument historique tel qu'il a été classé et protégé, que ce soit du point de vue formel (architectural) ou esthétique», a expliqué Abdelouahab Zekkagh, directeur général de l'Office national de gestion et d'exploitation des biens culturels protégés (OGEBC).
Renouer avec le faste d'antan
Les minarets, explique-t-il, ont été «démontés» pierre par pierre, chacune numérotée. Celles trop détériorées ont été remplacées par des pierres de Sidi Bel Abbès (Ouest) présentant les mêmes caractéristiques chimiques et physiques. Ketchaoua a retrouvé son faste d'antan. Le minbar de 1794 a été restauré. Des grillages à motifs géométriques en sapelli, un bois tropical précieux, séparent la salle principale de celle des femmes. Des «maksourah» — espaces privatifs — permettront d'accueillir des touristes en dehors des heures de prière. La nuit, la mosquée se pare de lumières qui la mettent en valeur.
Sa restauration «est une excellente réalisation, les minarets sont sauvés et la salle de prière rénovée», se réjouit Akli Amrouche, architecte ayant contribué à la restauration de la Casbah. Il critique néanmoins certains aspects de la décoration intérieure, regrettant notamment que les nouvelles calligraphies, ornant les murs et le dôme, ne reprennent pas les versets choisis en 1794 par Hassan Pacha, disparus avec la transformation en cathédrale mais largement documentés.


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