Est-il normal qu'une commune soit bloquée par ses élus ? Serait-il correct d'abandonner la gestion d'une «baladia» à des administrateurs contestés par les élus eux-mêmes ? Considère-t-on comme naturel qu'une gestion publique soit gérée à partir d'un café maure, où entre une partie de «ronda» et une autre de dominos, on «règle» ce qui est censé être mené dans les plénières ? Oui, il est ceux qui s'autorisent, sans gêne aucune, à dépêcher un conclave qui flaire la collusion. On fait des siennes, histoire de se venger de ses adversaires et faire pourrir davantage la chose publique en attendant les prochaines urnes. Entre-temps, la collectivité se ronge les sangs en prenant son mal en patience devant l'apathie de l'institution de base où les plénières qui décident – lors des délibérations – de la fiabilité d'un projet, sont court-circuitées sous le regard complice, parfois, du premier magistrat de la commune. Les exemples sont légion, et à titre d'illustration, l'on s'interroge de manière naïve sur le sort réservé au fameux projet de la médiathèque de Bologhine (ex-Chapelle) qui, rappelons-nous, a englouti, il y a une dizaine d'années, des centaines de millions de dinars, sans que l'ouvrage voie le jour. L'on est tentés de croire que l'ambition a été mise sous l'éteignoir, le dossier mis au rancart et l'argent du contribuable rangé dans la case des pertes et profits... La situation ne prête pas moins au pessimisme dans la gestion de la commune, dont certains candidats sortants rempilent sous de nouvelles couleurs, après avoir fait chou blanc dans leur dernière écurie. Mais à l'épreuve du terrain, ces élus du petit peuple ne manquent pas de s'en défendre petitement, en mettant en avant le sempiternel leitmotiv répété à l'envi et de manière languissante : «Nous n'avons pas les coudées franches pour agir et il va falloir changer le code de la commune pour pouvoir gérer comme il faut la celle-ci», râlent des candidats «courtiseurs», dont le seul souci est de cultiver le goût de changer d'allégeance au terme de chaque mandat pour se voir réélire. Mais avant qu'ils ne président aux destinées de leurs communes respectives, ces «élus-revenants» ignorent-ils que leurs prérogatives sont limitées ? Ne voient-ils pas ce qui se passe dans la géographie qu'ils gèrent ? Se donnent-ils la peine dans leurs plénières de proposer des projets supposés répondre aux desiderata de la plèbe ? Invitent-ils les associations, les comités de quartier et autres organisations, pour ne citer que ceux-là, afin de se concerter au moins sur la mise au point de mécanismes fluides censés les impliquer pour rendre le cadre de vie de la communauté moins hostile ? Servent-ils la collectivité avec désintéressement ? Sauront-ils se démarquer des affaires interlopes, sachant que des centaines d'élus ont des démêlés avec la justice ? Autant d'interrogations qui nous édifient sur l'état des lieux de la gestion de nos communes, que d'aucuns considèrent comme un devoir et non un honneur (taklîf wala tachrîf). A défaut de scandales, l'inertie ambiante qui caractérise les gestionnaires locaux est on ne peut plus criante. Une fois intronisés dans le giron des assemblées élues, ils ne manqueront pas de zapper l'administré. C'est le constat, en tout cas, établi par l'administré lambda.