Nous avons beau dénoncer les tares dont font montre les gestionnaires de la cité. Nous avons beau nous constituer en porte-voix des administrés qui tentent de faire entendre raison aux élus communaux qu'ils ont « désignés ». Nous avons beau aussi prêter l'oreille à l'un et l'autre avant de souligner l'indigence de tel ou tel édile qui assure sa mission l'espace d'un mandat sans faire pour autant bouger les choses au niveau de sa cité. Nous imputons le péché, à chaque fois que l'occasion se présente, à l'autre qui ne manque pas de brandir à notre adresse la fameuse et sempiternelle parade : « La critique est aisée, mais l'art est difficile ». En d'autres termes, nos édiles aiment à répéter à satiété que la mission qui leur incombe relève du « taklif et non du tachrif ». Ils ne sont là que l'espace d'un mandat quinquennal. Et puis s'en vont non sans laisser quelques soupçons planer sur leur gestion. Nous concédons que bon nombre de nos édiles manquent de vision susceptible de réduire le délitement d'une cité dans ses différents aspects. Mais nous, pauvres hères, nous nous plaignons si peu de nos réflexes en porte-à-faux avec le b. a.s-ba que dicte le civisme. Notre conduite citadine révèle un certain comportement asocial qui se résume dans notre incapacité à participer au bien-être de notre cadre de vie. Car qu'est-ce qui peut vraiment gêner l'administré lorsqu'il est prié de respecter les horaires de dépôt de ses ballots d'ordures avant que les agents de Netcom ne viennent maladroitement patouiller au milieu d'une fange pestilentielle ? Lorsqu'il est invité à ne pas nettoyer, sinon à ne pas jeter n'importe où, n'importe comment et à n'importe quelle heure ? Quel risque peut-il courir, lorsqu'il lui est demandé de prendre soin de son environnement tout en préservant le lot de mobilier urbain dans les espaces publics ? Pourquoi s'acharne-t-il à déraciner un plant fraîchement boisé juste pour le plaisir ou encore à arracher une corbeille publique placée pour l'intérêt de la collectivité ? Un réflexe dont il a du mal à se déprendre, voire « presque inscrit dans son patrimoine génétique », me dira un ami. Un ami qui n'a pas vraiment tort.