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Cinéma. De retour du festival du film du Caire
Publié dans El Watan le 09 - 12 - 2017

On quitte à regret Le Caire, ville mythique chargée d'histoire et de vie. On y laisse des amitiés, des souvenirs et beaucoup d'enthousiasme autour des œuvres montrées au 39e Festival international du film qui a accueilli pas moins de 175 films venus de 53 pays.
Un moment fort dès le début du festival : le magnifique hommage à la Cinémathèque d'Alger dans le documentaire de 76 minutes de Jacqueline Gozland, produit par Béatrice Jalbert (Les Films de la Passion) avec le soutien du ministère algérien de la Culture.
Originaire de Constantine, la réalisatrice a intitulé son film : Mon histoire n'est pas encore écrite. Une histoire trop belle pour être vraie. Et pourtant complètement vraie ! Pendant de longues années, l'écran de la Cinémathèque d'Alger était le lit d'un fleuve immense qui charriait les films les plus beaux et les plus forts du monde.
Le documentaire, réalisé en 2017, est un hommage simple et digne à ce lieu historique, le 26, rue Larbi Ben M'hidi où est né, le 23 janvier 1965, le Musée algérien du cinéma sous la houlette d'une équipe prestigieuse : Mahieddine Moussaoui, Ahmed Hocine, Jean-Michel Arnold et, plus tard, Boudjemâa Karèche, Lyazid Khodja et d'autres encore. On se retrouve plongés dans les projections exceptionnelles de la Cinémathèque d'Alger qui a accueilli quelques avant-premières mondiales de films. D'abord le silence profond pendant les projections.
Puis le vertige incroyable des débats. On discutait fort tard des films, parfois jusqu'à deux heures du matin et toujours avec le verbe haut accompagné de gestes théâtraux. Mais toujours avec l'élégance de ne pas trop rudoyer le réalisateur présent, qu'il soit Godard, Visconti, Nicolas Ray, Youcef Chahine, Herzog, Mustafa Alassane ou Mohamed Bouamari... C'était le territoire libre du cinéma et les films y passaient sans censure.
Beaucoup étaient prêtés par Henri Langlois, directeur de la Cinémathèque française, ami de l'Algérie. Le documentaire de Gozland, singulièrement passionnant, nous ramène à une période faste que les moins de trente ans ne peuvent pas connaître, pour pasticher le chanteur. Jean Douchet, critique de cinéma parisien, habitué de la Cinémathèque, dit : «On va au cinéma, soit par espoir d'un futur meilleur, soit pour oublier le quotidien, se distraire, rêver et s'évader.» Avec une réputation mondiale qui la plaçait parmi les meilleures institutions, la Cinémathèque d'Alger a été au coeur de tous les rêves et de tous les espoirs.
Le ton grave de Blizkie, très beau film russe de Ksenia Zueva, une Moscovite d'à peine 27 ans, mais déjà pleine de souffle et de talent, annonce une chronique bouleversante d'une famille vivant dans la banlieue de Moscou. Chacun s'épie et se provoque dans cette famille dévastée et minée par ses incessantes querelles.
Mais alors que cet enfer intérieur paraît sans fin, soudain, quand un incident extérieur survient, l'orage passe, les injures cessent, les haines s'éteignent. Et, comme par miracle, toute la famille retrouve la compassion, la solidarité, presque l'amour et la gaieté. La raison l'emporte. Beaucoup de brio dans le travail de cette jeune cinéaste russe qui a fait preuve d'une grande maturité et maîtrise dans la direction d'acteurs, tous parfaits, et la capacité à faire entre le spectateur dans une atmosphère. L'histoire, bellement racontée, vient nous montrer que si tous les malheurs sont grands, ce qu'on aime le plus c'est avant tout sa famille.
De toutes mes forces, du réalisateur franco-algérien, Chad Chenouga, se passe dans un foyer d'accueil à Paris. Une histoire fortement autobiographique puisque son réalisateur a lui-même vécu dans un orphelinat. Encore lycéen, Nassim qui a perdu sa mère, se retrouve dans un foyer où il refuse de se mêler aux autres. L'intérêt du film, c'est l'obsession de Nassim de rester en dehors de la vie du foyer, de taire ce qu'il fait, d'où il vient. Etrange attitude d'un jeune innocent que la vie n'a pas épargné...
On ne peut pas dire que le cinéaste tchadien, Salah Haroun, a brillé au Festival du Caire. Il nous avait habitués à de meilleures propositions.
Mais son film Une Saison en France continue de traiter un sujet mille fois déjà vu : l'émigré africain qui demande le droit d'asile. Le mal d'inspiration n'a rien de drôle et quand on prend un sujet rabâché, on doit tenter le chef-d'œuvre (ou du moins l'originalité) ou s'abstenir. Mieux fait : le film de la grande actrice britannique Vanessa Redgrave, toujours fidèle à 80 ans sur ses engagements humanitaires et politiques. Intelligent et sobre, Sea Sorrow se passe dans la «jungle de Calais», au nord-ouest de la France, où des milliers de migrants étaient (et restent ?) parqués dans l'attente d'un passage vers l'Angleterre. Par contre, «Redu» (Radio) de l'Indien Sagar Vanjari n'est ni sobre ni intelligent.
On fuit vite la petite salle de l'Opéra, laissant un public à moitié endormi, Une chose médiocre, mais le réalisateur a réussi à profiter d'un voyage au Caire, ce que personne au monde ne peut refuser… Réalisé par le Germano-Turc, Fatih Akim, In the fade est d'une autre trempe. Il relate la vie d'une femme allemande qui perd son mari et son fils dans un attentat terroriste d'extrême-droite. La justice allemande renverse les rôles et c'est elle qui devient suspecte. On lui dit que son mari turc était un trafiquant de drogue. Il ne lui reste plus qu'à se faire justice elle-même, à retrouver le groupe nazi et envisager son élimination. Sujet très fort avec une mise en scène et une interprétation brillantes.
L'entrée la plus remarquée dans la compétition pour la Pyramide d'Or, distinction la plus élevée du Festival du Caire, a été celle du film azerbaidjanais, Le verger des grenades, réalisé par Ilgar Najar. Une autre preuve que les studios de Bakou font du bon cinéma. Quand Gabil revient dans son village après douze ans passés à Moscou, son père, qui possède une ferme de grenadiers, sa femme et son fils qu'il ne connaît pas l'accueillent avec méfiance d'abord. Mais les choses s'arrangent. Cependant, le récit se clôt quand Gabil soudain fuit le village avec l'argent de la vente du verger. C'était un piège tendu à son père et sa famille. On apprend qu'il avait des dettes à Moscou, une autre femme et d'autres enfants et qu'il vivait dans le milieu de la pègre moscovite. La trahison est douloureusement ressentie par la famille et le père qui affirme : «Je n'ai plus de fils.»
Finalement, ce n'est pas l'Azerbaïdjan qui a remporté le grand prix mais l'Italie. L'acteur Hussein Fahmy, président du jury, a remis la Pyramide d'Or du 39e Festival du film du Caire à Léonardo Di Costanzo pour son film The Intruder (L'intrus), une histoire qui se passe à Naples aujourd'hui. Une mère et ses deux fils (son mari étant en fuite, recherché pour meurtre pour le compte de la Camorra) essaie de se réfugier dans un foyer social qui accueille justement les parents des victimes de l'organisation criminelle. La gérante du foyer est devant une tâche difficile : comment faire quand vivent côte-à-côte les familles des victimes et les familles des bourreaux ?
La situation est prête à tout moment à voler en éclats.
Et cela rappelle la chaleur moite et l'ambiance sûre et chaleureuse du hammam du beau film de Rayhana : A mon âge, je me cache encore pour fumer. Le groupe joyeux de femmes voit soudain entrer l'épouse d'un «émir», terroriste recherché par les services de sécurité pendant la décennie noire. Quand les rapports s'entrechoquent si violemment, seul un esprit profondément humaniste peut sauver la situation. L'Algérienne Rayhana, comme l'Italien Di Costanzo posent finalement la même question, celle de la responsabilité individuelle et collective. Es-tu coupable parce que ton mari, ton frère ou ton père est coupable ? Une bien vieille question de l'humanité !


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