«Les textes d'application de la loi organique sur l'information seront publiés avant la fin de l'année»    Les entreprises européennes invitées à consolider leur présence sur le marché algérien    Se protéger contre la dilapidation des deniers publics    Mise en conformité des constructions inachevées    Madrid appelle l'UE à maintenir la question des sanctions contre l'occupant sioniste à l'ordre du jour    La débauche du ''barragisme'' électoral et de l'''entravisme'' présidentiel débouche sur le confusionnisme    Des colons attaquent des cueilleurs d'olives à Turmusaya    USM El Harrach : Le DTS Lafri assure l'intérim comme entraîneur    Le football ne vaut que par la formation et la discipline des joueurs    Futsal : La sélection algérienne poursuit son stage à Fouka    Mouloudji souligne l'importance de la promotion des activités sportives pour les personnes aux besoins spécifiques    La population remercie les habitants de Oued El-Fodda (Chlef)    La justice va vers le rétablissement de la peine de mort    Youcef Abdjaoui, une voix au cœur de l'exil et de la liberté    Un demi-siècle de passion au service de la chanson    Une 28e édition sous le signe du dialogue et de la diversité    Le Général d'Armée Chanegriha assiste en République de Corée à une exhibition aérienne dans le cadre de l'ADEX-2025    Parlement arabe : Appel au renforcement d'efforts pour la reconstruction de Ghaza    Début catastrophique pour la billetterie de la CAN 2025    Algérie : le message fort de Djamel Belmadi aux supporters des Verts    L'Algérie convoque des talents évoluant en Europe pour la Coupe Arabe 2025    Festival international du Malouf: fusion musicale syrienne et russe à la 4e soirée    Adhésion de l'Algérie à l'AIPA en tant que membre observateur unique: le Parlement arabe félicite l'APN    Industrie pharmaceutique : nécessité de redoubler d'efforts pour intégrer l'innovation et la numérisation dans les systèmes de santé nationaux    Conseil de sécurité : début de la réunion de haut niveau sur la question palestinienne et la situation au Moyen-Orient    Examen de validation de niveau pour les diplômés des écoles coraniques et des Zaouïas mercredi et jeudi    APN : la Commission de la santé à l'écoute des préoccupations des associations et parents des "Enfants de la lune"    Réunion de haut niveau du Conseil de sécurité sur la question palestinienne et la situation au Moyen-Orient    Boudjemaa reçoit le SG de la HCCH et le président de l'UIHJ    Athlétisme / Mondial 2025 : "Je suis heureux de ma médaille d'argent et mon objectif demeure l'or aux JO 2028"    Ligne minière Est : Djellaoui souligne l'importance de la coordination entre les entreprises de réalisation    Mme Bendouda appelle les conteurs à contribuer à la transmission du patrimoine oral algérien aux générations montantes    CREA : clôture de l'initiative de distribution de fournitures scolaires aux familles nécessiteuses    Poursuite du suivi et de l'évaluation des programmes d'investissement public dans le secteur de la Jeunesse    Agression sioniste contre Ghaza : le bilan s'alourdit à 65.382 martyrs et 166.985 blessés    La ministre de la Culture préside deux réunions consacrées à l'examen de l'état du cinéma algérien    Le Général d'Armée Chanegriha reçoit le Directeur du Service fédéral pour la coopération militaire et technique de la Fédération de Russie    Foot/ Coupe arabe Fifa 2025 (préparation) : Algérie- Palestine en amical les 9 et 13 octobre à Annaba    L'Algérie et la Somalie demandent la tenue d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité    30 martyrs dans une série de frappes à Shuja'iyya    Lancement imminent d'une plate-forme antifraude    Les grandes ambitions de Sonelgaz    La force et la détermination de l'armée    Tebboune présente ses condoléances    Lutte acharnée contre les narcotrafiquants    La Coquette se refait une beauté    Cheikh Aheddad ou l'insurrection jusqu'à la mort    Un historique qui avait l'Algérie au cœur    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Pyramide d'images
Cinéma. De retour du festival du film du Caire
Publié dans El Watan le 09 - 12 - 2017

On quitte à regret Le Caire, ville mythique chargée d'histoire et de vie. On y laisse des amitiés, des souvenirs et beaucoup d'enthousiasme autour des œuvres montrées au 39e Festival international du film qui a accueilli pas moins de 175 films venus de 53 pays.
Un moment fort dès le début du festival : le magnifique hommage à la Cinémathèque d'Alger dans le documentaire de 76 minutes de Jacqueline Gozland, produit par Béatrice Jalbert (Les Films de la Passion) avec le soutien du ministère algérien de la Culture.
Originaire de Constantine, la réalisatrice a intitulé son film : Mon histoire n'est pas encore écrite. Une histoire trop belle pour être vraie. Et pourtant complètement vraie ! Pendant de longues années, l'écran de la Cinémathèque d'Alger était le lit d'un fleuve immense qui charriait les films les plus beaux et les plus forts du monde.
Le documentaire, réalisé en 2017, est un hommage simple et digne à ce lieu historique, le 26, rue Larbi Ben M'hidi où est né, le 23 janvier 1965, le Musée algérien du cinéma sous la houlette d'une équipe prestigieuse : Mahieddine Moussaoui, Ahmed Hocine, Jean-Michel Arnold et, plus tard, Boudjemâa Karèche, Lyazid Khodja et d'autres encore. On se retrouve plongés dans les projections exceptionnelles de la Cinémathèque d'Alger qui a accueilli quelques avant-premières mondiales de films. D'abord le silence profond pendant les projections.
Puis le vertige incroyable des débats. On discutait fort tard des films, parfois jusqu'à deux heures du matin et toujours avec le verbe haut accompagné de gestes théâtraux. Mais toujours avec l'élégance de ne pas trop rudoyer le réalisateur présent, qu'il soit Godard, Visconti, Nicolas Ray, Youcef Chahine, Herzog, Mustafa Alassane ou Mohamed Bouamari... C'était le territoire libre du cinéma et les films y passaient sans censure.
Beaucoup étaient prêtés par Henri Langlois, directeur de la Cinémathèque française, ami de l'Algérie. Le documentaire de Gozland, singulièrement passionnant, nous ramène à une période faste que les moins de trente ans ne peuvent pas connaître, pour pasticher le chanteur. Jean Douchet, critique de cinéma parisien, habitué de la Cinémathèque, dit : «On va au cinéma, soit par espoir d'un futur meilleur, soit pour oublier le quotidien, se distraire, rêver et s'évader.» Avec une réputation mondiale qui la plaçait parmi les meilleures institutions, la Cinémathèque d'Alger a été au coeur de tous les rêves et de tous les espoirs.
Le ton grave de Blizkie, très beau film russe de Ksenia Zueva, une Moscovite d'à peine 27 ans, mais déjà pleine de souffle et de talent, annonce une chronique bouleversante d'une famille vivant dans la banlieue de Moscou. Chacun s'épie et se provoque dans cette famille dévastée et minée par ses incessantes querelles.
Mais alors que cet enfer intérieur paraît sans fin, soudain, quand un incident extérieur survient, l'orage passe, les injures cessent, les haines s'éteignent. Et, comme par miracle, toute la famille retrouve la compassion, la solidarité, presque l'amour et la gaieté. La raison l'emporte. Beaucoup de brio dans le travail de cette jeune cinéaste russe qui a fait preuve d'une grande maturité et maîtrise dans la direction d'acteurs, tous parfaits, et la capacité à faire entre le spectateur dans une atmosphère. L'histoire, bellement racontée, vient nous montrer que si tous les malheurs sont grands, ce qu'on aime le plus c'est avant tout sa famille.
De toutes mes forces, du réalisateur franco-algérien, Chad Chenouga, se passe dans un foyer d'accueil à Paris. Une histoire fortement autobiographique puisque son réalisateur a lui-même vécu dans un orphelinat. Encore lycéen, Nassim qui a perdu sa mère, se retrouve dans un foyer où il refuse de se mêler aux autres. L'intérêt du film, c'est l'obsession de Nassim de rester en dehors de la vie du foyer, de taire ce qu'il fait, d'où il vient. Etrange attitude d'un jeune innocent que la vie n'a pas épargné...
On ne peut pas dire que le cinéaste tchadien, Salah Haroun, a brillé au Festival du Caire. Il nous avait habitués à de meilleures propositions.
Mais son film Une Saison en France continue de traiter un sujet mille fois déjà vu : l'émigré africain qui demande le droit d'asile. Le mal d'inspiration n'a rien de drôle et quand on prend un sujet rabâché, on doit tenter le chef-d'œuvre (ou du moins l'originalité) ou s'abstenir. Mieux fait : le film de la grande actrice britannique Vanessa Redgrave, toujours fidèle à 80 ans sur ses engagements humanitaires et politiques. Intelligent et sobre, Sea Sorrow se passe dans la «jungle de Calais», au nord-ouest de la France, où des milliers de migrants étaient (et restent ?) parqués dans l'attente d'un passage vers l'Angleterre. Par contre, «Redu» (Radio) de l'Indien Sagar Vanjari n'est ni sobre ni intelligent.
On fuit vite la petite salle de l'Opéra, laissant un public à moitié endormi, Une chose médiocre, mais le réalisateur a réussi à profiter d'un voyage au Caire, ce que personne au monde ne peut refuser… Réalisé par le Germano-Turc, Fatih Akim, In the fade est d'une autre trempe. Il relate la vie d'une femme allemande qui perd son mari et son fils dans un attentat terroriste d'extrême-droite. La justice allemande renverse les rôles et c'est elle qui devient suspecte. On lui dit que son mari turc était un trafiquant de drogue. Il ne lui reste plus qu'à se faire justice elle-même, à retrouver le groupe nazi et envisager son élimination. Sujet très fort avec une mise en scène et une interprétation brillantes.
L'entrée la plus remarquée dans la compétition pour la Pyramide d'Or, distinction la plus élevée du Festival du Caire, a été celle du film azerbaidjanais, Le verger des grenades, réalisé par Ilgar Najar. Une autre preuve que les studios de Bakou font du bon cinéma. Quand Gabil revient dans son village après douze ans passés à Moscou, son père, qui possède une ferme de grenadiers, sa femme et son fils qu'il ne connaît pas l'accueillent avec méfiance d'abord. Mais les choses s'arrangent. Cependant, le récit se clôt quand Gabil soudain fuit le village avec l'argent de la vente du verger. C'était un piège tendu à son père et sa famille. On apprend qu'il avait des dettes à Moscou, une autre femme et d'autres enfants et qu'il vivait dans le milieu de la pègre moscovite. La trahison est douloureusement ressentie par la famille et le père qui affirme : «Je n'ai plus de fils.»
Finalement, ce n'est pas l'Azerbaïdjan qui a remporté le grand prix mais l'Italie. L'acteur Hussein Fahmy, président du jury, a remis la Pyramide d'Or du 39e Festival du film du Caire à Léonardo Di Costanzo pour son film The Intruder (L'intrus), une histoire qui se passe à Naples aujourd'hui. Une mère et ses deux fils (son mari étant en fuite, recherché pour meurtre pour le compte de la Camorra) essaie de se réfugier dans un foyer social qui accueille justement les parents des victimes de l'organisation criminelle. La gérante du foyer est devant une tâche difficile : comment faire quand vivent côte-à-côte les familles des victimes et les familles des bourreaux ?
La situation est prête à tout moment à voler en éclats.
Et cela rappelle la chaleur moite et l'ambiance sûre et chaleureuse du hammam du beau film de Rayhana : A mon âge, je me cache encore pour fumer. Le groupe joyeux de femmes voit soudain entrer l'épouse d'un «émir», terroriste recherché par les services de sécurité pendant la décennie noire. Quand les rapports s'entrechoquent si violemment, seul un esprit profondément humaniste peut sauver la situation. L'Algérienne Rayhana, comme l'Italien Di Costanzo posent finalement la même question, celle de la responsabilité individuelle et collective. Es-tu coupable parce que ton mari, ton frère ou ton père est coupable ? Une bien vieille question de l'humanité !


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.