Merveilleusement bichonnée, la superbe maison de la culture, qui a l'insigne honneur de servir de cadre au Festival, a abrité, le premier jour du festival, un plantureux plateau d'expositions du patrimoine aïssaoui proposant des portraits illustrant des figures emblématiques des Aïssaoua, recueils de poésies, dictons, fresques décoratives, tapis et mobilier traditionnels ainsi qu'un riche éventail d'œuvres artisanales. A l'inauguration officielle (vers 19 h), le ton est déjà donné avec l'entrée en lice de la troupe Tourat Aïssaouya de Médéa et Soulamiat Bizert de Tunisie qui feront une entrée fracassante avec un récital éblouissant de madaieh au ravissement total d'une salle de spectacles pleine à craquer. A travers ces représentations, c'est la portée et la philosophie de la thariqa (voie soufie) aïssaouia que les artistes tentent de miroiter. Un pur style scientifique et insurrectionnel qui repose sur la dévotion, l'amour et l'unicité de Dieu inexorablement inspirés de la loi traditionnelle du Prophète et attachés à la sunna, comme l'a si vivement recommandé à ses élèves le père spirituel et le fondateur de l'ordre des Aïssaoua, Mohamed Ben Aïssa El Meknassi. Rencontré en marge du festival, Omar Benaïcha, représentant du ministère de la Culture, après une ébauche rétrospective sur l'apparition de la tariqa aïssaouia en Algérie (fin du XVIIIe début XIXe siècles), abondera dans le même sens : « La tariqa aïssaouia est caractérisée par une tolérance et une complémentarité harmonieuses vis-à-vis de tous les styles aïssaouis, tels que l'adepte aïssaoua peut s'affilier à une autre confrérie sans que cela soit perçu comme une hérésie ou un reniement. » C'est là précisément où réside le vrai message que les différentes troupes aïssaouas s'appliquent à transmettre au public milevien afin d'évacuer des mentalités et les concepts erronés de charlatanisme et de sorcellerie dont on a trop affabulé la méthode aïssaouie. Pour une première sortie, disons que le spectateur de Mila a chaleureusement adopté le style aïssaoui.
