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Le mythe olympique (1re partie)
Publié dans El Watan le 13 - 02 - 2007

Le phénomène olympique, dans sa dimension historique et socioculturelle, mérite réflexion. Bien qu'il se prévale d'une tradition centenaire et de racines millénaires, son fonctionnement reste profondément méconnu et donc mal expliqué dans les pays en voie de développement.
Il est devenu, au fil des olympiades, un phénomène complexe, difficile à cerner. Quel est le rôle que joue l'olympisme dans la mise en œuvre et la construction d'une culture sportive ? Quelles sont ses conséquences sur la structure des administrations et son impact sur les politiques sportives nationales ? Quel est le sens que l'on doit accorder à ce « fait social et culturel qui, avec les jeux olympiques de notre temps, atteint une dimension mondiale impressionnante, qui excède, par témoins directs ou par télévision interposée, la participation à toute autre manifestation culturelle, scientifique ou religieuse ? ». C'est en ce sens qu'il paraît à la fois urgent et légitime, pour les éducateurs des activités physiques et sportives des pays en voie de développement, de se poser une multitude de questions au sujet du phénomène olympique : quel est son rôle réel sur la vie quotidienne des citoyens et citoyennes ? Avec qui et pour qui travaille l'olympisme ? Est-ce le phénomène olympique qui influence le développement du sport ? Ou est-ce, au contraire, la politique sportive de la société qui influe sur le phénomène olympique ? En effet, d'où vient que le mythe olympique mobilise avec tant de force certains responsables ; que les médias (presse écrite, radio et télévision) perdent tout esprit critique, en s'adonnant bruyamment à un « bavardage sur le bavardage » sportif (U. Ecco), lorsque s'entrechoquent les anneaux olympiques ; que certains journalistes ne sont plus au service de l'information, mais au service du sport-spectacle et plus spécifiquement au service de ses promoteurs et de ses commanditaires ; que les pouvoirs publics ingurgitent sans même les connaître les plus folles propositions olympiques et que de nombreux éducateurs souscrivent à toutes les exigences olympiques, alors même qu'ils en connaissent le mercantilisme. Oui, d'où vient que l'aura des autres mythes se perd et se ternit, alors que l'olympisme caracole toujours. Comme si le moindre contact avec l'olympisme rendait capable de construire des humains moralement meilleurs ? « L'olympisme est-il, du point de vue moral, la vérité du sport ? Vise-t-il au-delà du sport ? » L'olympisme ? S'agit de le comprendre ! Est-ce une éducation (une réflexion pédagogique émancipatrice), une morale (qui contribue à rendre des comportements corrects), une idéologie (un rideau idéologique derrière lequel se concentre souvent le désastre sportif réel), une philosophie (en constante et imprévisible métamorphose), une religion (avec une bible rédigée sur des feuilles volantes et une grande église tyrannique) ? A moins que ce ne soit un mystère (c'est-à-dire une pratique secrète, au cours de laquelle des symboles secrets sont révélés, des rites symboliques sont accomplis, et à laquelle seuls les initiés sont admis à participer !), nous disons que l'olympisme n'est pas une « réalité innocente » ; il a tout simplement à être évalué. Il s'agit, en fait, d'en finir avec le mythe olympique ou, du moins, de soustraire à son magnétisme toute une population « chloroformisée ». Car, aujourd'hui, tout ce que l'on sait de l'olympisme, c'est que ce n'est pas une pensée philosophique bien définie... » (Boulongne, 1975) ; et que « son action sera bienfaisante ou nuisible selon le parti qu'on en saura tirer et la direction dans laquelle on l'aiguillera » (Coubertin). Ce n'est pas un système mais un état d'esprit, un style de conduite générateur d'un certain rapport au monde. Voilà toute l'ambiguïté de l'olympisme, une sorte de « capsule magique » qui fait grandir, « helléniquement », ceux ou celles qui savent en user. Le mouvement olympique doit, donc, se méfier de ne pas sombrer dans un « vaste mouvement d'uniformisation à caractère néocolonialiste en imposant des modèles du comportement sportif occidental » (Landry, 1985). Car, « aux yeux d'un bon nombre d'observateurs avertis, l'olympisme est porteur d'un message particulier, celui du schème des valeurs fondamentales de l'Occident ». Il est né dans le contexte occidental et est considéré, aujourd'hui, comme universel. Les conséquences de cet état de choses sur l'évolution des patrimoines ludiques, sportifs, et donc culturels, à l'échelle du monde, ont été et continuent d'être considérables. En effet, le problème est de taille car, malgré le bien-fondé du rêve initial de Coubertin, « l'olympisme restera fatalement en mal d'adaptation à l'identité culturelle de très nombreux pays du monde ». C'est ainsi que dans les pays en voie de développement, il n'y a plus de « terrain de jeu », il n'y a que le « stade-spectacle » qui a pour fonction essentielle de transformer le sport en une entreprise d'évasion et de divertissement, ayant pour effet final « l'engourdissement des consciences ». Dans cette optique-là, l'olympisme se transforme en une vaste entreprise de déréalisation et d'abrutissement culturel, noyée dans un magma confusionnel de croyances, de préjugés et de certitudes communes. Il contribue, de la sorte, à fabriquer un élitisme borné, à manipuler la démocratie, à détourner des fonds publics loin de leur destination première et à sélectionner des sports, qui ne peuvent promouvoir une authentique expression corporelle de la jeunesse. Bien plus, il impose des « modèles de pratique » et refoule les « expressions corporelles indigènes » (les parlers locaux du corps), qui traduisent d'autres visions du monde avec des expériences spécifiques et originales. En somme, « l'idéologie de l'olympisme » ne vise pas autre chose qu'à embrigader le maximum de pays, tout en continuant à déléguer à une « oligarchie autoproclamée » de larges tranches de souverainetés nationales. Présumer que les jeux, dits olympiques, ont pour mission de propager et de rendre accessible la pratique des activités sportives au plus grand nombre (c'est-à-dire à faire avancer la cause de la démocratisation des sports) confine à une insondable naïveté. L'olympisme, cet édifice idyllique de la vertu et dont Coubertin n'a cessé de vanter les mérites pédagogiques, se révèle être, aujourd'hui, dans les pays en voie de développement, sur le plan éducatif, un simple « laisser-croître sportif » sauvage et sur le plan politique et collectif une véritable école de démission et d'irresponsabilité. Car, à l'évidence, les jeux olympiques ne sont ni plus ni moins qu'un « mégaspectacle » destiné à stimuler la culture du spectacle sportif, c'est-à-dire le « sport regardé », le « sport au carré » comme le note U. Ecco, et dont l'unique objectif est l'élargissement de la clientèle de consommateurs. Et là, il faut bien se demander « pourquoi les jeunes Etats nations montrent-ils tant d'intérêt à se joindre à la famille olympique, sachant bien que leur succès aux jeux ne vienne pas aisément ? L'humanisme de l'olympisme aurait-il été accepté comme une valeur universelle non-négociable ? Il ne semble pas que ce soit le cas, Il faut regarder ailleurs. » Pour certains auteurs, les jeux olympiques deviennent, manifestement, une méthode et une technique de passivation des masses, une sorte d'ivresse sportive destinée à faire acquérir, artificiellement, une vision optimiste des choses ; c'est-à-dire à bricoler une existence moins morne, moins routinière, moins banale. Enzensberger, d'un terme suggestif, a appelé cela « la chloroformisation des consciences » ; une certaine accoutumance et une dépendance vis-à-vis des « images/bruits », qui assoupissent la conscience critique et qui stimulent « l'exaltation sensorielle ». L'olympisme pourrait bien être (pour parodier Churchill ou Talleyrand) la façon de poursuivre la guerre par d'autres moyens... Pour cela, il s'est construit, pour lui-même, un « modèle corporel de soi » idéalisé, un « prototype », une « norme corporelle » dont il se sert pour apprécier les autres êtres. Si bien qu'il apparaît, aujourd'hui, pour bon nombre de pays en voie de développement, comme une évidence immédiate, une donnée immuable, intangible, quasi sacrée qu'il est littéralement sacrilège de remettre en cause ou encore simplement de soupçonner. Il s'agit, tout au plus, de constater les conséquences de cette idéologie mystificatrice, sans jamais surtout se demander quel en est le sens éducationnel, culturel, politique, etc. Autrement dit, les pays en voie de développement n'ont pas à réfléchir sur une autre « mission sociale qu'ont à jouer les pratiques corporelles, au sein de leur société respective, que celle prônée par l'idéologie olympique : une conception du corps, sous la forme d'une machine biologique, que l'on doit entraîner et discipliner à l'aide de simples techniques sportives. Toute autre vision éducative, toute autre forme de pratique corporelle deviennent suspectes ! Si bien que, pour de nombreux éducateurs, l'idéologie olympique s'avère être le véritable obstacle à contourner pour asseoir une authentique « culture corporelle », au sein d'un type de population et de culture. C'est ainsi, que si l'on s'en tient à « l'ordre moral sportif » prôné par l'olympisme, et qui doit servir de norme à l'attitude et aux règles de conduite des acteurs d'un « mouvement sportif national » ; ce dernier ne semble nullement être respecté dans les différentes compétitions sportives, puisque l'on constate qu'aucun « arbitre ou arbitrage n'est reconnu ! » Les raisons de cette « attitude culturelle » réfractaire à « l'esprit du jeu sportif », dans les pays en voie de développement, sont multiples. Il subsiste, tout d'abord trop d'éléments que l'on ne sent plus agir dans la société sportive, comme forces spontanées agissantes et comme valeurs culturelles déterminées. Si bien, que ce qui s'exprime dans l'activité sportive compétitive n'est pas différent de ce qu'exprime une culture. Pour Caillois, « Il existe nécessairement entre les jeux sportifs, les mœurs et les institutions des rapports étroits de compassion ou de connivence ». Ensuite, l'institution sportive, qui est censée orienter, planifier et contrôler l'activité sportive n'a souvent plus d'organe pour percevoir
l'essence et la signification du sport. De ce fait, elle est souvent incapable de connaître ou de reconnaître ce qu'elle a omis de faire ou ce qu'elle a fait de travers en matière de sport. Si bien que détecter et assembler les indicateurs et les outils nécessaires (et ce, en dehors de tous les obstacles qui peuvent être d'ordre : économique, historique, philosophique, culturel, etc.) à la construction d'une culture sportive adaptée à un environnement donné devient chose irréalisable. C'est que le montage d'un « modèle sportif », à la fois musculaire et cérébral, qui doit illustrer les valeurs morales et intellectuelles propres à un type de société et de culture, et qui doit rechercher l'utilité du plus grand nombre et non l'avantage de quelques-uns ; ne peut être précisé et développé qu'au sein de l'école. En effet, c'est toujours à l'école qu'a lieu l'éveil de la découverte sportive, l'expression, la création, la réalisation de soi et l'affirmation de la personnalité. Le « renouveau pédagogique de l'humanité », à l'aide du sport, prôné par Coubertin ne peut donc se réaliser qu'à travers une éducation sportive vraie, c'est-à-dire à l'aide de « savoirs sportifs constitués » (résultant d'une démarche scientifique) ; chose qu'une pédagogie par l'olympisme ne peut encore offrir.(A suivre)
L'auteur est Diplomsportlehrer (Deutsche Sporthochschule Kôln, RFA) Docteur d'Etat de psychologie du sport


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