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Sihem Merad-Elodie Wattiaux. Réalisatrices
Quand le cinéma se fait filmer
Publié dans El Watan le 28 - 06 - 2007

Une caméra, un trépied, un micro canon et surtout l'ardeur de deux jeunes femmes à la recherche du cinéma algérien d'aujourd'hui. Au final : Premier plan, un cinéma à tout cri, une première œuvre.
Comment vous êtes-vous rencontrées ?
Elodie : Par un ami interposé, à Lille, qui travaille dans le domaine de l'audiovisuel. On a discuté de l'Algérie et comme j'avais eu l'occasion de rencontrer des réalisateurs algériens lors d'un stage dans un festival de cinéma, j'avais une certaine idée de la situation des années 2000. On s'est dit qu'avec elle et ses connaissances sur l'Algérie et de la communication, moi avec mes connaissances dans le cinéma, certainement qu'on allait réussir à faire quelque chose ensemble et on a très vite commencé à travailler.
Comment vous est venue l'idée de faire un documentaire sur le cinéma algérien ?
Elodie : on entendait plein de termes comme printemps du cinéma algérien ; ça nous confortait dans l'idée qu'il se passait des choses là-bas, c'était vraiment pour nous une première étape pour essayer de comprendre les particularités autant que les difficultés et même certaines facilités. C'est un pays qui a eu un cinéma, ça ne partait pas complètement de zéro. Et pour nous, il s'agissait de savoir qui étaient les principaux intervenants de ce nouveau cinéma.
Sihem : On commençait à se poser des tas de questions. On s'est dit que pour avoir des réponses, le mieux ce serait d'aller sur place. pour nous, le documentaire était le meilleur moyen d'approcher les gens, puisqu'il s'agissait de faire parler ces acteurs qui constituent le domaine du cinéma. Un mois après avoir commencé à rédiger le scénario, on a eu connaissance du festival du cinéma à Rennes qui, chaque année, donne une place à un pays. Comme par hasard, cette année-là c'était l'Algérie. Donc il y a eu plus de 200 films qui étaient programmés, avec des intervenants algériens et français, installés en Algérie et en France. On y est allé et on s'est retrouvé dans une espèce de bulle où il y avait plein de projections et de débats. On a avalé plein d'informations, et là, on a commencé les premières interviews. C'est lors de ce festival qu'on a pris connaissance des rencontres cinématographiques de Béjaïa, prévues trois mois plus tard.
C'est donc en travaillant sur le documentaire que vous découvriez l'état des choses et leur évolution…
Elodie : tout à fait, en arrivant ici, ça s'est vraiment déclenché, nous avons rencontré beaucoup de gens qui nous redirigeaient vers certains axes du cinéma, la distribution, la production... on a pu voir tous les points de la production cinématographique et c'est pour ça qu'on a une constellation d'acteurs dans notre film, chacun avait son mot à dire par rapport à son rôle dans le cinéma, rôle qu'il tient, qu'il essaye de tenir, qu'il continue à tenir, parce que c'est vraiment une lutte au quotidien, qui se justifie et qui se vérifie. Comment avez-vous financé votre film ?
Sihem : Nous avons d'abord mis pas mal de notre poche. Après, on a profité du statut d'élodie qui était encore étudiante, pour bénéficier d'une bourse du service culturel de l'université de Lille. Et, en arrivant en Algérie, on a bénéficié du soutien de deux entreprises privées (Astaldi et Secur). Par ailleurs, le film est coproduit par l'association lilloise Troisième Monde (audiovisuel), ce qui nous a permis d'avoir du matériel gracieusement. Ça nous a permis aussi d'être autonomes. élodie gérait tout ce qui était technique et moi, tout ce qui était interviews et on a réalisé le film de A à Z toutes seules, du tournage au montage et mixage.
Et sur le terrain, deux jeunes filles qui filment, notamment au marché… fallait-il cacher la caméra ?
Elodie : Nous n'avons pas travaillé avec une caméra cachée, mais c'est vrai qu'on n'était pas exposées au regard de tous. J'avais attaché la lanière de la caméra autour de mon poignet, un ami s'était proposé de nous accompagner au marché de Bab El Oued. Il me tenait par le bras pour me guider, pendant que mes yeux étaient fixés sur la caméra ; en fait, je ne voyais pas du tout où je marchais. Et Sihem était derrière nous, pour surveiller et avoir une vision panoramique. C'était une aventure ! On ne s'exposait pas trop parce que ce n'était pas notre matériel d'abord et puis ce n'est pas très commun de filmer ici. La discrétion permet parfois une certaine authenticité de la réalité.
Mais, en général, avez-vous eu beaucoup de difficultés ?
Sihem : On prenait pas mal de plans en voiture, quand il y avait des policiers il fallait cacher la caméra, on l'a très vite compris. Cependant, on avait une autorisation de tournage délivrée par le ministère de la culture. Un papier magique qui nous a ouvert beaucoup de portes. On sent que les gens ne sont pas habitués à voir des caméras, il y a une certaine méfiance, toutes les questions qu'on nous posait étaient très révélatrices du rapport des gens avec la caméra.
Elodie : on voit tout de suite que les gens ont en marre d'être mal représentés par les médias, la méfiance vient probablement de là. En France, on reçoit des images surfaites, erronées, stéréotypées...On s'en rend compte.
Vous avez vu beaucoup de jeunes réalisateurs. est-ce que vous avez obtenu des réponses à vos questions ?
Sihem : Oui, on a d'abord confirmé le fait que des jeunes s'activent et produisent, même si c'est essentiellement des courts métrages jusque-là. Il y a eu beaucoup de conversations libres, d'anecdotes, d'échanges… On a compris que la plupart de ces réalisateurs se trouvent dans des réseaux, on a repéré des groupes de jeunes qui travaillent ensemble. On a constaté aussi le manque des espaces de diffusion, parce que ça ne sert à rien de créer si on n'a pas où montrer ses produits. Il y a vraiment un gros problème de salles, surtout en dehors d'Alger où il n'y a que les salles appartenant à la cinémathèque. En d'autres termes, la roue tourne, mais avec un petit grincement. il faudra que toutes les assises du cinéma soit mises en place pour que ça change, pour que ça ne reste pas figé.
Elodie : oui, il faut que ça bouge, que ça devienne plus régulier et que ça dépasse les rendez-vous comme en 2003 et cette année. Beaucoup de jeunes étaient contents de bénéficier d'aide dans le cadre d'« Alger, capitale de la culture arabe », mais c'est vrai qu'il y avait une espèce de frustration, ils se demandaient ce qu'ils allaient devenir en 2008. Il faut profiter de ces points de rendez-vous mais aller au-delà et faire que ce ne soit pas qu'épisodique.
Le problème de la diffusion est loin d'être réglé, encore moins pour les productions documentaires…
Sihem : Malek Bensmaïl explique un peu cette dichotomie entre le documentaire et la fiction, le premier est plus facile à diffuser, la seconde n'a pas trouvé sa place ni dans les salles ni à la télévision.
Elodie : ce qui est étonnant, pour les algériens, c'est qu'il faut passer par le câble pour voir des œuvres algériennes vendues à des télés étrangères ! Le documentaire est difficile à diffuser dans tous les pays, mais le fait qu'il n'y ait pas une « ligne directe » en Algérie, ça montre bien, comme nous le disait Malek Bensmaïl, la température de la démocratie. Il faut que ces produits trouvent leur place ici, pour qu'il y ait une volonté de repartir dans les salles, de voir des films, de rencontrer des gens, de sauver un peu cet esprit, la démarche est plus intéressante que de regarder un film chez soi ou de ne pas regarder du tout.
De 1990 à 2000, comment se fait la transition, selon vous ?
Sihem : la relève se fait bien. Il y a une libération des tabous. La nouvelle génération est vraiment porteuse de nouvelles idées en termes de cinéma autant que de nouvelles visions de la société. Le cinéma ne va pas bien, les années1990 ont donné un gros coup, mais déjà avant, il restait dans un cadre cantonné. Il n'y a pas d'école de formation, mais les jeunes se forment seuls sur le terrain. Par ailleurs, l'Etat n'a plus le monopole de la production et du financement. Résultat : on produit seul et on peut dire ce que l'on veut. Une certaine liberté d'expression revient au goût du jour. Au niveau des thématiques, les algériens ne sont plus enfermés comme dans les années 1990.
Elodie : le retour du réseau des cinéclubs est très important, ça permet de créer à proximité des petits événements autour d'un film, avec des enfants, des adolescents et des adultes, de créer des rencontres avec des réalisateurs, d'échanger des choses.
Pour vous, le documentaire a été très bénéfique à tous les points de vue…
Sihem : On a rencontré beaucoup de gens, on a tissé des liens amicaux et les échanges ont été très bénéfiques. Pour les jeunes, c'était très motivant, si nous on a pu le faire et en partant de rien, eux aussi peuvent le faire ! Et puis, moi algérienne avec mes idées et Elodie française, on passait des heures à discuter, partager nos regards, débattre… S'il est ce qu'il est c'est parce qu'on était différentes. Ce qui me semblait évident ne l'était pas forcément pour elle et vice-versa.
Elodie : On a évolué au fur et à mesure avec le film, ce n'était pas figé, c'est ce qui est intéressant. Et puis on a compris qu'il y a actuellement des émulations un peu partout et ça nous fait très plaisir.


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