La visite officielle au Maroc du président français Nicolas Sarkozy a été reportée à une date ultérieure. Prévue initialement le 10 juillet, dans le cadre d'une tournée maghrébine de Nicolas Sarkozy, cette visite devrait avoir lieu vraisemblablement en octobre. Les autorités marocaines ont justifié ce report par le fait que l'excellence des liens entre les deux pays justifiait une visite d'Etat plus longue que celle prévue dans le périple maghrébin de Nicolas Sarkozy. Cette explication officielle intervient après que les autorités marocaines eurent été les premières informées de la tournée maghrébine du président français et de ses lignes directrices, plus particulièrement encore le projet d'Union méditerranéenne dont Nicolas Sarkozy compte faire un thème majeur de sa présidence. En tout état de cause, la question se pose de savoir si le Maroc, en obtenant le report de la visite du président français, ne privilégie pas une voie bilatérale qui lui évite d'être fondu dans un ensemble régional, le Maghreb, dont la mise en œuvre est tombée en panne. Le Maroc entend ainsi faire cavalier seul en s'obstinant à occuper le Sahara occidental à l'encontre des recommandations de la communauté internationale et des résolutions du Conseil de sécurité. Comment va évoluer la position de la France, certes réputée favorable aux thèses marocaines sur ce dossier, sans que la position personnelle de Nicolas Sarkozy se dessine encore avec précision : il s'agit de savoir s'il sera le continuateur de la politique prônée en la matière par son prédécesseur Jacques Chirac ? Amenées à retourner à la table des négociations avec les dirigeants sahraouis, les autorités marocaines ne doivent à l'évidence pas considérer le projet d'Union méditerranéenne comme une priorité absolue, d'autant plus qu'à côté du dossier du Sahara occidental, le royaume chérifien fait face à une dégradation sécuritaire qui l'a conduit à élever le niveau d'alerte antiterroriste au maximum. L'annonce de cette mesure, vendredi dernier, a quasiment coïncidé avec celle du report de la visite au Maroc de Nicolas Sarkozy. Ce sera donc, pour le président français, une mini-tournée maghrébine dans laquelle ne figurera ni le Maroc ni la Libye, ce dernier pays ne figurant même pas dans son plan de voyage bien que partenaire méditerranéen en puissance. Il reste à savoir ce qu'il convient d'attendre de cette visite étant entendu que ce n'est pas en une demi-journée que le président français pourra prendre des décisions significatives avec ses homologues maghrébins. Y compris sur ce projet d'Union méditerranéenne encore trop flou, hormis la volonté fortement proclamée de Nicolas Sarkozy de constituer cet ensemble pour y faire entrer, en leader, la Turquie qui se consolerait ainsi de ne pas entrer en Europe, ce dont Nicolas Sarkozy fait une affaire personnelle.