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Mustapha Mekideche, économiste
« L'Etat a tous les moyens pour mettre en application la stratégie industrielle »
Publié dans El Watan le 09 - 07 - 2007

Plusieurs mois après la tenue des assises sur la stratégie industrielle sous le slogan « Le réveil d'un géant », rien n'est encore évoqué quant à la mise en oeuvre de ce projet. Mustapha Mekideche, économiste ayant participé à l'élaboration de la première mouture de cette stratégie, estime que l'Etat a désormais les moyens nécessaires de mettre en application cette démarche. Entretien.
Quel constat peut-on faire de ce qui a été fait suite à la tenue des assises sur l'industrie ?
On peut relever une première réponse institutionnelle qui a consisté au regroupement dans un seul ministère de la gestion des participations de l'Etat et l'industrie. Cela facilitera probablement les conditions de mise en œuvre de la stratégie industrielle qui aura ainsi un guichet unique. La deuxième attente à prendre en charge, après la tenue des assises, est l'enrichissement du document par l'intégration des conclusions des débats en plénière et dans les ateliers sectoriels. En effet, les conditions de réussite de la stratégie proposée renvoient pour beaucoup à l'adhésion de toutes les parties prenantes (promoteurs étrangers et algériens, syndicats, pouvoirs publics, communauté bancaire, etc.). L'on a désormais tous les moyens pour mettre en application la stratégie industrielle.
Y a-t-il un plan d'action et un échéancier pour réaliser le projet de la stratégie industrielle ?
Je ne suis pas la personne la mieux indiquée pour parler de cette question, étant donné que j'ai pris du recul pour des raisons personnelles. Pour ce qui est de ma perception de la démarche de mise en œuvre, il m'apparaît que son initiation ne sera pas le fait uniquement des pouvoirs publics mais aussi et surtout des promoteurs algériens et étrangers. Elle se déclinera probablement sur le court et moyen terme et le long terme. Sur le court terme, il s'agira d'envoyer des signaux forts en direction de la communauté des affaires, notamment d'ordre psychologique. Ces signaux peuvent concerner l'accélération de la réforme bancaire, le lancement de projets industriels dont les avantages compétitifs les rendent immédiatement attractifs (pétrochimie, engrais par exemple), l'accélération des opérations de privatisation et de partenariat, des mesures de débureaucratisation et l'amélioration des conditions d'accès au foncier industriel. Sur le moyen et long terme, il s'agira d'abord de territorialiser l'ambition industrielle de l'Algérie. Le volontarisme industriel de la décennie 70 s'était traduit par des choix centralisés d'investissements essentiellement publics intégrés dans des zones choisies forcément pour des raisons d'externalité technique mais aussi et surtout « d'équilibre régional ». L'objectif étant d'obtenir à terme à partir de ces pôles de croissance des effets « industrialisants ». L'arrêt — contrairement à la Corée du Sud par exemple — des investissements industriels à partir de la décennie 80 et la crise financière de 86 ont probablement précipité le processus de désindustrialisation de l'Algérie.
Quels sont les points sur lesquels il faudra focaliser l'attention, selon vous ?
Le projet de territorialisation devra tenir compte des « espaces structurés autour du secteur industriel public traditionnel dans des zones industrielles spécialisées telles que celles d'Arzew et de Skikda ou bien dans des complexes intégrés par filières à Annaba, Constantine, Sétif, Bordj Bou Arréridj, Alger, Médéa, Sidi Bel Abbès, Tlemcen, interconnectés le long de la future autoroute Est-Ouest. L'étude du MMPI sur la stratégie industrielle aborde la question dans son chapitre 7 sur le déploiement spatial. Elle propose ainsi la mise en place de zones d'activités industrielles intégrées (ZAII) en tant qu'espace regroupant un complexe/grappe d'entreprises aux activités différentes mais entretenant des relations complémentaires et de coopération entre elles et avec les acteurs institutionnels. L'approche du schéma national d'aménagement du territoire (SNAT) — dépendant du ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement (MATE) — prolonge cette démarche et offre — en partant des mêmes prémices — une mise en œuvre concrète en proposant un concept opérationnel, celui des pôles de croissance et de développement (POD). Ce concept — proche de celui des ZAAI — est pertinent car il s'appuie à la fois sur les dynamiques du marché et les préférences de l'Etat en créant les conditions de l'attractivité et la compétitivité des territoires par notamment le développement et la modernisation des infrastructures de transport et leur maillage internodal (autoroute Est-Ouest qui fera émerger ce faisant des nouvelles ressources foncières industrielles, chemin de fer, réseau d'aéroports, modernisation portuaire), le développement des infrastructures de télécommunications et la numérisation des territoires (NTIC), l'appui en matière de recherche et de technologie sur des nouveaux espaces de compétitivité et d'excellence (POC) à promouvoir car les filières industrielles s'appuient de plus en plus sur les « actifs immatériels » internes ou externes (centres de recherches, recherche-développement, technologies nouvelles).
Quelles sont les difficultés de la mise en application de cette stratégie ?
Il faudra évidemment tenir compte des contraintes spécifiquement industrielles qui deviennent des critères supplémentaires de localisation pour les promoteurs. Ainsi le croisement obtenu des filières industrielles potentiellement compétitives avec la construction différenciée d'éléments d'attractivité dans les territoires permettra d'identifier les pôles répartis au Nord, les Hauts Plateaux et le Sud qu'il faudra valider avec toutes les parties prenantes : IDE, industriels locaux, centres de recherches et universités, collectivités territoriales et ministères sectoriels. Ensuite il s'agira de s'attaquer résolument et de façon continue aux points faibles de nature à faire échouer le projet industriel. J'en vois au moins deux. Le premier est l'insuffisance manifeste des capacités locales d'entreprenariat, en termes de taille, de nombre et de qualité. La démarche devra de mon point de vue porter sur l'amont et l'aval du secteur privé algérien mais également sur les capitaux marchands de l'Etat. En amont il faudra consolider les efforts de soutien et d'accompagnement des PME/PMI pour la création de nouvelles entreprises et la modernisation de celles qui existent. En aval, il faudra faire émerger les champions en appuyant le développement de leur taille par un accès plus simplifié au marché financier et obligataire et en encourageant leur transformation juridique de Sarl en Spa. Dans le même temps, et s'agissant des EPE performantes ou à potentiel de marché, il faudra, à l'instar des Chinois, sauter une étape en proposant une partie des capitaux publics au système boursier national, voire étranger. Dans le même ordre d'idées, au risque de décevoir les partisans d'un libéralisme outrancier, les pouvoirs publics devront rechercher et trouver des partenariats sous la forme d'alliances stratégiques avec les grands groupes internationaux pour un certain nombre de grandes EPE de branches (SNVI, Enie, Saidal, Ferphos, etc.). Des sociétés d'investissements et de capital risque ouvertes au capital national et international auront à être mises en place par les pouvoirs publics pour couvrir les nouvelles niches de (ré)industrialisation disposant d'une capacité potentielle de compétitivité (électrométallurgie, engrais, pétrochimie, ciment). Le deuxième point faible à traiter est le système d'éducation et de recherche. Il est stratégiquement inquiétant de relever le classement médiocre des universités algériennes par rapport aux universités africaines. L'université algérienne la plus performante n'arrive qu'à la 33e place sur les 100 classées. Il y a de quoi être inquiet d'autant que les activités économiques, notamment industrielles, sont de plus en plus fondées sur la connaissance.
Qu'en est-il des requêtes des chefs d'entreprises lors des assises sur la stratégie industrielle ?
Il ne vous a pas échappé que mes développements précédents sont des réponses indirectes aux préoccupations exprimées notamment par les entrepreneurs et promoteurs algériens tous statuts confondus. Il y a d'abord les questions récurrentes et largement analysées relatives aux obstacles et au climat des affaires : indisponibilité de foncier industriel, faible réactivité du système bancaire, la contrefaçon et le marché informel, la bureaucratie. Sur toutes ces questions le consensus existe entre les parties prenantes aussi bien sur la nécessité que sur la façon de les traiter. Ce type de requêtes sera probablement traité avec célérité comme mesures psychologiques d'engagement des pouvoirs publics dans la mise en œuvre de la stratégie industrielle qu'ils ont initiée. Il reste enfin le débat introduit par le secteur privé local sur la priorité à accorder aux promoteurs algériens résidents par rapport aux investissements directes étrangers (IDE) qui me paraît assez artificiel. Les IDE auront tendance à tirer l'offre privée locale vers le haut par leurs politiques d'« out sourcing » (approvisionnements de biens et services locaux) et les partenariats qui peuvent se développer. Ce débat est d'autant contreproductif que le principe de réalité nous amène à penser que ni la taille, ni la gouvernance et ni la capitalisation financière et technologique de la plupart des entreprises privées algériennes actuelles ne les rendent éligibles — seules et pour le moment — aux investissements industriels capitalistiques structurants. En vérité et à terme, la démarche des chefs d'entreprises devrait conduire, non pas à subordonner leurs intérêts microéconomiques aux intérêts macroéconomiques, mais à faire en sorte que la satisfaction des marchés puisse alimenter en retour, de façon autonome, les capacités de reproduction du système productif et le soutien durable des revenus des salariés. C'est, en dernière analyse, l'objectif ultime de la stratégie industrielle et c'est là le cœur du consensus social à construire pour en assurer la réussite.


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