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kheira madjen messous et ses fils
Une race de martyrs
Publié dans El Watan le 07 - 11 - 2004

Née en 1915 au douar Lira, commune de Djelida située au sud de la wilaya de Aïn Defla, élevée dans une famille pieuse et conservatrice, le père hadj Moussa Madjen étant à la tête d'une zaouïa, la petite Kheira Madjen apprenait déjà la maîtrise de la langue arabe et la lecture du Coran. Dans la famille, il était surtout question d'amour de la patrie et d'injustice sociale entre autochtones et colons.
C'est dans ce climat que s'était incrustée à jamais la fibre nationaliste chez la jeune Kheira se développant à mesure que l'enfant devenait femme.A 17 ans, elle épousa Benaïssa Messous, militant du PPA et du MTLD, un autodidacte dont l'intérêt pour l'actualité était immense. En outre, il était le seul autochtone à posséder une entreprise de matériaux de construction à Affreville, l'actuelle Khemis Miliana, et jouissait d'une situation sociale plutôt confortable. A son contact, Kheira avait renforcé ses convictions politiques, et ses sentiments patriotiques se raffermissaient davantage, mais l'armée coloniale sans doute au courant du penchant pour l'action politique de B. Messous surveillait en permanence leur domicile, une superbe villa construite par le propriétaire lui-même dans le style arabo-mauresque avec patio, colonnes, larges baies vitrées ayant servi par la suite de casemate aux moudjahidine. mai 1945 C'est à partir des événements du 8 Mai 1945 que les descentes de police devenaient plus fréquentes, les fouilles plus minutieuses. A ce propos, Fatma, la fille de Kheira, raconte : « Un jour, la villa fut fouillée de fond en comble. Les soldats étaient à la recherche d'armes dans le but d'incriminer mon père, absent ce jour-là. Ma mère tenait dans ses bras mon frère encore bébé. Sentant le danger imminent, elle eut juste le temps de cacher l'arme dans la lange du nourrisson. Les soldats avaient tout essayé pour obtenir des renseignements ; en vain, car ma mère, très sûre d'elle, leur avait tenu tête. »
Déclenchement de la lutte armée
Avec l'avènement du 1er Novembre 1954, Kheira entrait de plain-pied dans la lutte, assurant avec grande efficacité le rôle d'agent de liaison, participant au transport et à la livraison d'armes en compagnie de ses enfants Mohamed, l'aîné, et Baghdad. Pendant cette période, le domicile des Messous devenait un lieu de rencontre des maquisards de l'ex-wilaya IV, tandis que B. Messous, l'époux, soupçonné d'activités politiques, était interné à Berrouaghia un 6 novembre 1956 pour deux ans. Kheira, plus déterminée que jamais, continuait la lutte aux côtés de ses fils, sans fléchir, même quand Mohamed son aîné, à peine âgé de 20 ans, fut arrêté à Boufarik, alors qu'il transportait des armes cachées dans la roue de secours. La sœur Fatma rapporte à ce sujet : « Mohamed, chauffeur au sein de l'entreprise de mon père, était chargé de transporter et de livrer des armes sur l'axe Khemis Miliana-Alger. Soupçonné, il fut arrêté à Boufarik où les soldats lui intimèrent l'ordre d'éventrer un à un les sacs de ciment qu'il transportait, pensant que les armes s'y trouvaient. Déçus et très en colère, ils le tabassèrent, le laissant au bord de la route dans un état semi-comateux. »
Mère et fils torturés
1957, les paras, sous le commandement du tristement célèbre Bigeard, débarquèrent à Affreville, et plusieurs d'entre eux se dirigèrent directement vers le domicile des Messous, réquisitionnant la 203 du propriétaire. Rappelons que cette marque de voiture de couleur noire était utilisée par l'administration et l'armée coloniales. S'ensuivit un harcèlement quotidien exercé sur la famille caractérisé par des descentes de police, des fouilles dont le but évident était de rendre infernale la vie de cette famille acquise à la juste cause et composée également d'enfants qui suivaient les scènes de violence sans vraiment trop comprendre. Bien entendu, Kheira, la mère, était la cible préférée des soldats. Intervenant, Fatma évoquera une scène qui l'a marquée à jamais : « Un jour, lors de leurs nombreuses incursions, ma mère eut juste le temps d'arracher un drap rose étendu à la terrasse pour se voiler et fuir les pieds nus. » Et c'est en se remémorant cet instant douloureux pour Fatma voyant sa mère la quitter, alors qu'elle n'avait que 8 ans, qu'elle composa plus tard un poème dans lequel elle dit notamment : « Mère, l'ennemi t'a fait trop souffrir par les rues désertes ; il t'a fait courir pieds nus ; d'un drap rose, tu étais voilée, mais nous, pourquoi nous as-tu abandonnés ? » Mais Kheira la belle, la douce et généreuse mère plaçait au-dessus de tout, de sa propre chair, l'intérêt du pays, la lutte pour la dignité et poursuivait sans relâche le combat au milieu de ses frères, de ses fils, bravant tous les obstacles. Et c'est ainsi que soupçonné de collecter des fonds pour le compte de l'Armée de libération nationale (ALN), Baghdad, le fils, était torturé parfois en présence de sa mère et même quelquefois ensemble. Au cours de ces séances de torture qui se déroulaient souvent dans le domicile des victimes, on sentait des odeurs de chair brûlée. Ensuite, Baghdad était attaché à l'arrière d'une jeep qui sillonnait les artères de la ville.
Mohamed mort sous la torture
L'étau se resserrait de plus en plus. Aïcha, l'aînée et bras droit de sa mère, était harcelée. La maison les accueillait le jour pendant une courte durée, tandis que la nuit, ils la passaient çà et là chez des amis. Cela dura plus de cinq mois jusqu'à ce mois d'octobre 1957 où Mohamed rencontrait sa mère après une longue absence. Celle-ci le pria de quitter immédiatement El Khemis, car l'armée coloniale le recherchait. Mais sur le chemin qui devait le conduire à la gare ferroviaire, le destin en la personne de l'une de ses connaissances, dont l'identité n'a pas été révélée, décida autrement. En effet, sur insistance de cette personne, ils se dirigèrent vers le magasin de son père situé à l'ex-rue Richard-Le-Noir, actuellement avenue du 1er Novembre 1954. Et là, des soldats l'attendaient. Encore une fois, le destin le prit en présence de son frère Baghdad dans une ferme transformée en centre de torture situé à Aïn Soltane, près de Khemis Miliana. Et c'est là que, dans la nuit, Mohamed succomba sous la torture. Et, au bord de la déraison, ses assassins jetèrent son manteau maculé de sang sur les prisonniers, dont son frère Baghdad.
La flamme de kheira...
La flamme qui brûlait dans l'esprit et le corps de la mère irradiait encore... Un autre de ses fils, Benaïssa né en août 1941, un jeune adolescent clamait déjà haut et fort son envie de gagner le maquis. C'était son seul objectif, dira sa sœur Fatma. Quant à la mère comprenant sans doute le secret de cette flamme à laquelle elle s'était elle-même brûlée, elle baissait la tête, peut-être en signe d'acquiescement. Mais en 1956, le jeune Benaïssa, à peine âgé d'une quinzaine d'années, fut arrêté et emprisonné au pénitencier de Lalla Aouda, à Orléansville, Chlef actuellement. Libéré et contraint à l'exil, il rejoignit le maquis en compagnie de son frère Abdelkader blessé au cours d'une embuscade en 1961 du côté de Oued Bda (ouest de Aïn Defla), puis fusillé. Son corps repose dans la commune de Mekhatria.
l'OAS frappe et tue
Mohamed, mort sous la torture, Baghdad à la prison de Serkadji (mort en 1987 des suites des séquelles de guerre et multiples séjours dans les geôles coloniales), Benaïssa tué par les soldats de l'armée coloniale, Abdelkader au maquis, le père en fuite, Kheira se trouvait dans sa demeure entourée de ce qu'il lui restait de sa famille : la grand-mère, ses filles Malika, Aïcha, Fatma et le petit Ahmed à peine âgé de 6 ans (ex-président d'APC de Khemis Miliana). 23 août 1961, la veille du Mawlid Ennabaoui et jour choisi pour sa grande signification religieuse pour procéder à la circoncision du petit Ahmed. C'était également le moment choisi par les membres de l'Organisation armée secrète (OAS) pour mettre fin à seize années de lutte et de résistance de Kheira en encerclant la demeure, actionnant la machine de la mort : des charges explosives, qui mirent fin à jamais à l'épopée de cette famille de martyrs. Grièvement blessée, Kheira mourut à l'hôpital de Miliana. Elle n'eut pas droit à la prière du d'hor. L'armée coloniale, en effet, avait décidé que l'enterrement eut lieu à 10 h par crainte d'un soulèvement populaire. Ce jour-là, la ville de Khemis Miliana était quadrillée, des hélicoptères survolaient la ville en permanence. L'armée avait pris position du domicile mortuaire jusqu'au cimetière. Par ailleurs, la grand-mère gisait morte sous les décombres et les autres membres de la famille blessés, dont Aïcha qui garde encore aujourd'hui les séquelles de graves blessures. Quant à Fatma, notre interlocutrice, elle mit plusieurs années à sortir d'un état de choc profond et reprend maintenant goût à la vie avec toutefois dans la tête des images indélébiles. A travers ses poèmes, on sent la frustration de l'enfant devant la violence et son innocence, mais aussi le regret d'une tendresse confisquée insatisfaite d'une mère qui ne les a jamais abandonnés même aux pires moments de la guerre, affirme Fatma. Aujourd'hui, une école porte le nom de celle qu'on surnomme « la mère des martyrs ». L'ex-boulevard du Sud est baptisé du nom de ses fils, celui des Frères Messous. Rappelons que l'héroïne avait reçu à plusieurs reprises les encouragements et félicitations du colonel Si M'hamed Bougara, commandant de la wilaya IV en personne.
A. L.


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