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Le savoir et le monde arabo-musulman
Publié dans El Watan le 26 - 08 - 2007

Les théories scientifiques, marquées de leur portée objective, restent identifiables à leurs civilisations. Il n'est de découverte pour personne que le monde arabo-musulman a été largement initiateur de savoir et d'idées scientifiques.
Sans vouloir en référer aux fadeurs historiques qui l'ont caractérisé, il reste que l'essor est dû à une forte prise de conscience de la liberté de création. Les facteurs des considérations politiques, militaires, philosophiques et économiques, dont la décadence du XIIIe siècle après la Reconquista espagnole fut le sceau fatal, préfigurent déjà une lecture de l'aune d'une dépendance à l'égard de l'Occident en matière de connaissance. Il est important de rappeler que la notion de savoir, dans ce contexte, a toujours été servie à travers le phénomène religieux. Et pour cause, en Islam, comme dans d'autres civilisations, la majorité des hommes de religion, pratiquait la science. Celle-ci était implicitement liée à la notion de l'Etre, lequel, en tant qu'espèce créée, devant se faire valoir dans la dimension divine, aura néanmoins connu peu d'émancipation en tant que sujet social par sa conscience, et même aujourd'hui dans les sociétés que sont les nôtres. Le facteur du despotisme politique, qualifiant nos classes dirigeantes certes, favorise la faible portée créative en ce qu'il contrôle, de manière unitariste, le mouvement de la création, n'est pas le seul facteur inhibitif. Force est de rappeler qu'initialement dans le contexte musulman, la connaissance a eu à se développer à travers deux systèmes de pensée. Le courant helléniste (par héritage grec) et celui indo- persan, que l'on qualifie d'ichrakyoun ou orientalistes. Les idées traduisant le rationalisme de la pensée chère à certains (El Farabi, Ibn Sina, Ibn Roshd), se sont vu plus tard absorbées par une philosophie qualifiée de mystique, développé en théologie dogmatique et qui s'est traduit par un savoir religieux, interprété actuellement par une pédagogie de « sciences islamiques ». La notion de savoir interpelle, en priorité, la culture de la connaissance religieuse dans son dogme, qui reste un référent au savoir de manière générale. L'étymologie (ilm), savoir, qui en réfère à la qualité du savant (âlim), s'applique à l'identification de la personne qui est détentrice de l'information sur la « vérité » ou inspiré par elle. Depuis l'âge d'or de la science, dans le monde arabo-musulman, l'interférence du religieux, dans la pensée scientifique, n'a guère cessé. Alors que le siècle des lumières, en Occident, a scindé la position de sa résultante en deux savoirs, en s'y opposant même par le principe de la rationalité pure, bien que l'héritage gréco-romain demeure fondateur de la civilisation européenne. On peut constater que l'histoire des colonisations a produit une intelligentsia arabe, confortée, du reste a contrario, par le rejet du colonialisme (histoire du nationalisme arabe) aidant leurs sociétés qui n'ont pas cessé de se heurter, depuis, au choc des civilisations, en rapport à une forte culture d'identification occidentale, de leurs intellectuels, décriés dans leur assimilation à celle-ci. Cela permet de relever, alors, deux factions représentatives du savoir dans notre milieu. L'une, résultant de la catégorie des oulémas (un exemple l'association de 1936 de Abdelhamid Ben Badis) et l'autre, représentative d'une catégorie sociale, issue de l'intrusion coloniale, disposant d'un savoir émis par les idéologies européennes. Dans ce cadre précis, il est dit que « la naissance des intellectuels maghrébins, en tant que catégorie distincte de celle des lettrés musulmans et ouléma, cadis, imams, est le produit d'une mutation de la société, liée étroitement à l'intrusion coloniale et sa modernité ». Le contexte socio-éducatif, depuis la décolonisation, permet de noter un prolongement des techniques pédagogiques d'inspiration colonialiste avec l'instillation de quelques réformes, accentuant le culte de la personnalité arabe, notamment avec la forte arabisation des masses. Les disciplines enseignées communiquent, dans leur savoir, d'une traduction littérale, et font souvent état de difficultés de terminologie en matière scientifique liées, fallacieusement, aux concepts d'initiation peu appréhendés. La connaissance et le savoir, à travers le monde, qui sont initialement les produits d'une histoire humaine déterminée, sont en plein effort de technicisation et de spécialisation, et conduisant nos sociétés acculées par la donne du progrès, à se tenir en éveil par un esprit de reproduction du phénomène de technicité par outillage et instrumentation. Il ne semble guère être tenu compte de la culture et du concept de base de pays initiateurs des techniques. La démultiplication de la plupart des disciplines scientifiques par le développement des outils de communication a permis certes une maîtrise non négligeable de l'outil d'information par nos concitoyens, qui, souvent, l'intériorisent comme phénomène d'instrumentalisation de la réalité. L'usage du savoir, ou de la science en général, est instruit comme un mode représentant un phénomène d'alternance, alors que la science, en Occident, est proposée comme alternative. Nos savoirs seraient de ce propos manifestement académiques, ne se reflétant que très peu, ou pas, dans la vie sociale par, notamment, la problématique linguistique, les instruments de traduction du savoir, et leur pédagogie y afférente. Il ne faut sans doute pas omettre l'idée que la construction d'un concept du savoir permet l'intégration d'une culture scientifique. Nos pédagogies, hélas, restant communiquées à travers un habitus social, et pas nécessairement comme un démarche à développer et à expérimenter. Il est indéniable de constater combien nous sommes restés encore à l'ère du produit de la capacité de la connaissance, ce qui peut s'interpréter, alors, comme une métascience et pas forcément comme une science, parce que vraisemblablement l'élément constitutif de la personnalité scientifique est absent. Le principe de la normativité qui caractérise la science, en tant que telle, rend à celle-ci sa particularité épistémologique. La connaissance, elle, qui peut avoir force démonstrative, peut ne pas aboutir à une donnée scientifique, tout en conservant un rapport avec celle-ci. Le savoir, quant à lui, dénote une somme d'informations acquises dans un domaine précis. Ces éléments qui, certes, peuvent être différenciés, sont liés par leur principe de la valeur discursive pour laquelle la présence du sujet est nécessaire. Sans prédicat de formulation, ni corrélat de sa matérialité, c'est-à-dire son sujet d'expérience, la science ne s'exprimera que comme valeur abstraite figée et de manière objectale. A ce propos, Malek Ben Nabi parle d'un entassement de valeurs et de choséisme qui ne conduit pas, de ce fait, au fondement d'une civilisation. Le monde occidental s'est développé par une culture de l'autonomie de la conscience. Par ailleurs, la conscience dans le monde musulman est partie intégrante du tout humain. « Pour le chrétien, Dieu est entré dans l'histoire, ce qui annonce l'éveil et la croissance d'une conscience historique. » La conscience, en islam, est centrée, non pas sur un fait de l'histoire, mais sur un fait de la méta-histoire. Dans cet esprit, toute approche, qui se revendique d'une idée scientifique, est insérée, de par son sens, à la vérité révélée. De là, l'intervention des débats houleux et polémiques enregistrés aux périodes de la grande ébullition de la pensée musulmane, entre philosophes et théologiens classiques, pour qui la culture philosophique, s'agissant de l'interprétation de la réalité, resterait inutile, du fait que le fait relate le sens lui-même. Cela a-t-il pour autant empêché l'évolution de se faire, lorsqu'on dit, de surcroît, dans cette logique même, que « Dieu, en tant qu'essence, s'est retiré du fonctionnement de la planète, en réservant une partie de lui dans chaque essence humaine pour conduire la vérité ? » Bien que ces débats, forts fructueux de l'époque entre penseurs musulmans, semblent être peu instruits dans l'apprentissage des sciences aujourd'hui, et parfois disqualifiés, la pensée, à travers le monde arabe, confrontée inéluctablement aux évolutions des sciences et de la modernité, se veut communiquée trop souvent dans une indépendance à l'égard de la science et du savoir. Cette logique, certes, en s'exprimant de façon paradoxale, traduit en fait l'état de la difficulté d'interprétation de la culture scientifique et, par-delà, de son sens dans l'utilisation du processus par nos sociétés.

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