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La place de l'histoire des sciences dans la société
ENTRETIEN AVEC LE PROFESSEUR AHMED DJEBBAR
Publié dans L'Expression le 30 - 10 - 2007

L'enseignement de l'histoire des sciences dans les universités algériennes trace déjà avec le système LMD (licence, master, doctorat) les contours d'une nouvelle tendance.
Le professeur Ahmed Djebbar, enseignant et chercheur à l'université de Lille (France), a souvent insisté sur le rôle et la place de l'histoire des sciences dans la société, en général et dans son système éducatif, en particulier.
Il a également fait remarquer que la connaissance des aspects historiques et épistémologiques des sciences était un atout pour la compréhension de ces sciences et un outil pour porter un jugement sur leurs orientations. Le scientifique en tant qu'acteur actif dans sa société, joue mieux son rôle en appréhendant dans leur globalité les présupposés idéologiques, philosophiques et géopolitiques qui ont constitué les catalyseurs de l'éclosion des concepts et des théories.
Cette nouvelle rencontre avec le professeur Djebbar est donc une occasion pour lui demander d'expliciter son propos et pour lui poser de nouvelles questions.
L'Expression: Ces dernières décennies ont vu un réel développement des recherches sur l'histoire des activités scientifiques et sur la place de ces activités dans nos sociétés. Pouvez-vous nous faire un état des lieux de cette question dans les pays comme les USA, le Royaume-Uni, la France, etc.
Ahmed Djebbar: L'histoire des sciences s'est développée d'abord en Europe comme sujet de recherche, et cela dès la fin du XVIIIe siècle, en restant concentrée sur l'histoire des sciences grecques. Mais c'est à partir de la seconde moitié du XIXe siècle que de véritables traditions de recherche ont vu le jour, essentiellement en Allemagne, en France et en Italie. Des chercheurs ont commencé alors à se spécialiser dans l'étude du patrimoine scientifique des pays d'Islam (astronomie, chimie, mathématiques et médecine).
A partir du XXe siècle, ces recherches se sont étendues à toutes les civilisations qui ont produit de la science (Chine, Inde, Mésopotamie, Empire musulman, Amérique, Europe médiévale). Aujourd'hui, un certain nombre d'universités européennes ont créé des chaires d'histoire des sciences. D'autres, dans la même région et aux USA, ont même un département entier qui se consacre à cette discipline. Dans les pays arabes et musulmans, il y a un retard dans ce domaine.
L'histoire des sciences n'est enseignée que dans quelques universités. Et la recherche sur l'histoire du patrimoine scientifique est peu développée, sauf dans certains pays du Maghreb et en Syrie où des thèses ont été soutenues ou sont en cours de réalisation.
Quels sont les facteurs qui ont favorisé le développement de l'histoire des sciences, en particulier dans les universités?
Il y a d'abord le développement de la recherche qui a permis, en un siècle, d'écrire ou de réécrire l'histoire des activités scientifiques de différentes civilisations et de révéler les liens qui ont existé entre toutes ces traditions. La masse d'informations récoltée a alors favorisé la publication de nouveaux ouvrages de vulgarisation, plus accessibles aux lecteurs que les articles de recherche.
Le second facteur est d'ordre culturel et pédagogique: la pratique quotidienne de l'enseignement des sciences a amené de plus en plus d'enseignants à rechercher les informations historiques pour alimenter leurs cours et pour en améliorer la compréhension par les élèves. Cela a entraîné ensuite une demande de formation que seules les universités pouvaient satisfaire. D'où l'apparition d'enseignements et de formations universitaires de plus en plus diversifiées puisque aujourd'hui, elles concernent l'histoire de la chimie, de la biologie, des mathématiques, de la physique, de la médecine et de l'astronomie.
Quelles sont les spécificités de l'histoire des sciences par rapport à l'histoire tout court?
L'histoire des sciences, c'est à la fois de l'histoire, des sciences et des réflexions sur ces deux entités. C'est d'abord de l'histoire puisqu'il s'agit d'écrire, le plus objectivement possible, l'histoire de certaines activités sociales, celles qui sont des productions intellectuelles à contenu scientifique. C'est aussi l'étude du contenu de la production scientifique à différentes époques et dans différentes civilisations. C'est enfin un ensemble de réflexions épistémologiques qui visent à éclairer le lecteur sur les orientations des sciences, sur les outils de leur développement, sur les relations directes ou indirectes que les pratiques scientifiques ont entretenues avec leur environnement culturel, économique, social, idéologique et parfois même artistique.
Ainsi, pour faire de l'histoire des sciences, il est nécessaire d'avoir une bonne compréhension du contenu de la discipline que l'on étudie, mais aussi une bonne formation en histoire et des outils d'analyse. Sans ces outils, il n'est pas possible de dégager les caractéristiques de telle ou telle contribution, ou de situer chacune d'elles dans le contexte historique de l'évolution des idées scientifiques.
Y a-t-il une bonne et une mauvaise manière de faire de l'histoire des sciences?
Comme pour toutes les disciplines, on peut faire de l'histoire des sciences à plusieurs niveaux. Il y a le niveau de l'information simple que l'on va chercher dans des ouvrages de vulgarisation, dans des articles de revue ou sur des sites Internet. Dans ce cas, il faut faire une lecture critique ou bien il faut comparer les informations sur un même sujet. Il y aussi le niveau de la formation. Son contenu dépend du formateur qui, à son tour, doit être qualifié dans ce domaine et non pas un simple amateur qui s'intéresse à l'histoire des sciences. Le troisième niveau est celui de la recherche.
Cette activité a ses règles et ses exigences. Elle a aussi ses outils d'investigation. Grâce à l'introduction du LMD, il est désormais possible d'acquérir une première formation en histoire des sciences dans certaines universités algériennes. Cela ouvre la voie à la création de Master dans cette discipline afin de former de nouveaux enseignants dans cette discipline et de préparer les étudiants qui le souhaitent à la recherche. Parce que, comme dans toutes les autres matières, sans recherche il n'est pas possible de produire un bon enseignement et de renouveler son contenu.
Est-il indispensable pour un scientifique de connaître les aspects épistémologiques de sa discipline?
Un scientifique peut tout à fait atteindre un niveau d'excellence dans son domaine sans avoir à se préoccuper des aspects épistémologiques de sa spécialité et sans avoir parfois les moyens conceptuels de les saisir. Mais s'il a la possibilité d'acquérir ces moyens, il aura un avantage certain sur ses collègues au niveau de la vision globale et des interactions possibles entre différentes disciplines. Si en plus, ce scientifique doit transmettre ses connaissances, il aura grand besoin de maîtriser, en plus du contenu de sa discipline, certains de ses aspects épistémologiques et historiques. La transmission de son savoir ne sera que plus aisée.
Est-ce que vous préconisez un enseignement de l'histoire des sciences pour les futurs scientifiques, et pourquoi?
Un enseignement de l'histoire des sciences pour les futurs scientifiques leur permettrait de compléter leur savoir par une dimension culturelle de ce savoir dans la mesure où ils seraient alors informés sur l'origine de la discipline qu'ils pratiquent, sur son évolution et sur les aléas de cette évolution. Des connaissances sur l'histoire de l'évolution des méthodes, des théories et des techniques de leur future spécialité leur donneront des idées pour leurs propres investigations et une vision plus large et plus riche de leur rôle en tant que chercheurs et en tant que formateurs.
Que faudrait-il faire pour promouvoir l'histoire des sciences dans notre pays?
Il faudrait d'abord encourager la diffusion, à travers les différents canaux que j'ai déjà évoqués, des résultats de la recherche en histoire des sciences: articles dans la presse quotidienne et dans les revues, émissions de radio et de télévision, ouvrages de vulgarisation. Il faudrait surtout poursuivre l'introduction de l'enseignement de l'histoire des sciences dans les universités, dans le cadre de la licence du LMD. Il faut enfin former des formateurs pour qu'ils puissent enseigner cette discipline et préparer une initiation à la recherche en introduisant une ou deux disciplines de l'histoire des sciences dans le Master puis dans le Master de certaines universités. Pour clore mon intervention, je tiens à ajouter que des séminaires sur l'histoire des sciences vont ponctuer cette année universitaire 2007/2008 en Algérie.


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