Les islamistes marocains n'ont pas réussi la percée qu'ils espéraient lors des élections législatives de vendredi, marquées par une abstention record avec une participation de 37 %. Selon les résultats communiqués hier par le ministre de l'Intérieur marocain, Chakib Benmoussa, le parti Istiqlal arrive en tête avec 52 sièges, soit 16% des suffrages. Avec 47 députés, les islamistes du Parti de la justice et du développement (PJD) gagnent 5 sièges par rapport à 2002. En revanche, les socialistes de l'USFP sont les grands perdants de cette consultation. Ils n'arrivent qu'en cinquième position avec seulement 36 sièges contre 50 en 2002. Le parti islamiste PJD, qui affichait de grandes ambitions et espérait devenir la première formation du royaume, a vu ses espoirs déçus et a aussitôt accusé ses adversaires de « corruption électorale ». « Nous sommes sûrs de 41 sièges et nous comptons encore obtenir quelques députées sur les listes des femmes. Nous pensons obtenir au total 52 sièges, ce qui est décevant. L'argent de nos adversaires a coulé à flots », a déclaré le numéro deux du parti, Lahcène Daoudi, réélu à Fès avant la proclamation des résultats. Le PJD avait misé auparavant sur 70 à 80 sièges. En outre, et selon des résultats provisoires, le MP, qui misait sur une cinquantaine de députés, a enlevé 42 sièges, a indiqué Ouzine Aherdane, un responsable du parti qui paraissait satisfait de ce résultat « obtenu à la lumière d'un taux de participation faible ». « C'est la taxe de la transparence et de la démocratie ». En revanche, les socialistes n'espéraient obtenir que 35 sièges contre 50 dans la chambre sortante. « C'est une déception, c'est loin de ce que l'on attendait », selon un de leurs responsables. Deux de leurs ministres, celui de la Culture et celle chargée des Marocains à l'étranger, ont raté leur élection. En outre, le ministre de la Communication, Nabil Benabdellah (Parti du progrès et du socialisme - PPS), candidat à Témara (près de Rabat), a été battu. Par ailleurs, le ministre de l'Energie, candidat du MP, Mohamed Boutaleb, a essuyé une défaite. Les électeurs devaient choisir 295 députés dans 95 circonscriptions et 30 députées sur une « liste nationale » séparée, pour assurer un quota de représentation aux femmes. Les résultats partiels devaient être annoncés hier soir par le ministère de l'Intérieur et les chiffres définitifs aujourd'hui. Seuls deux inscrits sur cinq se sont déplacés pour ces deuxièmes élections législatives depuis l'accession au trône du roi Mohammed VI en 1999. Selon les estimations du ministère de l'Intérieur, la participation s'établit à 41% contre 52% en 2002. Il s'agit du taux le plus bas de l'histoire du royaume. La désaffection des électeurs n'a fait que s'accentuer au fil des scrutins. Choqués par cette abstention historique, plusieurs partis ont fini par reconnaître qu'il fallait revoir la manière dont ils avaient mené leur action politique. Au vu des résultats définitifs, Mohammed VI devrait nommer un Premier ministre qui négociera avec les partis représentés au Parlement pour former une coalition.
