Les difficultés qui caractérisent les relations énergétiques entre l'Espagne et l'Algérie ont largement débordé depuis quelque temps le cadre commercial pour s'imposer aux politiques des deux pays. En Espagne, les colonnes de la presse font état de réticences du gouvernement ibérique quant à des visées possibles de Sonatrach sur le marché européen par l'entremise d'une participation dans le capital de la compagnie CEPSA. Selon une information publiée par le quotidien Cinco Dias, le 28 septembre, le gouvernement de Zapatero aurait dissuadé le président de la banque Santander de céder les parts (30,7%) qu'il détient dans l'entreprise CEPSA à Sonatrach, estimant l'offre algérienne « politiquement délicate ». Le journal cite des sources proches du gouvernement espagnol qui aurait conseillé à Emilio Botin, président de la banque Santander, de chercher une offre plus adéquate. Celle-ci pourrait venir de la compagnie espagnole Petrobrás ou du groupe espagnol Disa. Selon le journal Cinco Dias, en refusant l'offre algérienne, « le gouvernement veut éviter que l'entourage de Repsol politise l'opération de rachat et craint par ailleurs les conséquences du débarquement d'un colosse extracommunautaire comme Sonatrach en Espagne, alors que l'Union européenne prend des précautions contre le russe Gazprom qui n'offre pas la réciprocité aux entreprises européennes ». Selon les informations publiées en Espagne et démenties hier par Chakib Khelil, Sonatrach aurait offert à la banque que préside Emilio Botin environ 5,5 milliards d'euros (entre 67 et 68 euros par action) en vue d'acquérir 30% de la compagnie CEPSA, dont la compagnie française Total détient 49%. « Une offre absolument tentante », estime la presse pour la banque Santander qui cherche un repreneur depuis la fin de l'année 2003 et qui se retrouve face à un partenaire de choix puisqu'il offre à la compagnie espagnole CEPSA beaucoup plus que les banques d'investissement, celles-ci offrant seulement 55 euros par action contre 68 euros par action pour Sonatrach. Concernant le litige qui oppose Sonatrach et les compagnies espagnoles suite à la résiliation du contrat de Gassi Touil, la presse espagnole cite une déclaration du président de Repsol, Antonio Brufau, estimant que l'Algérie n'a subi « aucun préjudice » dans cette affaire. Pour ce responsable, « deux ans de retard ne sont rien par rapport à cinq ou huit ans dans ce type de projet ». « Nous n'avons pas pris le gaz et ils n'ont pas perdu les taxes », souligne encore le président de Repsol qui ajoute : « Le patrimoine de l'Algérie est en Algérie. » Malgré ce ton assez sévère, le président de Repsol nuance ces propos en misant sur une entente prochaine entre les gouvernements des deux pays. « Une bonne relation du gouvernement espagnol avec l'Algérie sera bonne pour Gassi Touil », estime Antonio Brufau qui souhaite que lors des négociations, une distinction soit faite entre Sonatrach et l'Algérie, celle-ci étant en litige avec l'Espagne sur de nombreux points autres que le contrat de Gassi Touil.