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Raconter le ghetto de Oued Jorgi…
Reportage
Publié dans El Watan le 23 - 10 - 2007

Sur les berges de la rivière, à Jorgi Maghnia, agglomération située sur la frontière avec le Maroc, près de 500 subsahariens de différentes nationalités et de confessions religieuses demeurent dans l'expectative.
Les cahutes bâties à base de branchages, de tôle et de plastique sont quasiment inoccupées ! Des chaussures usées, des bidons éventés et des ustensiles jonchent les allées poussiéreuses et défoncées du no man's land ! C'est comme si une calamité destructrice était passée par là. Inexorablement. La rivière respire la méfiance, la suspicion et la colère. Le ciel est maussade. Les communautés, naguère bien organisées comme de véritables Etats, mais sans emblèmes, ni hymne, ne sont plus que des groupuscules désorientés, amers. Max, le chairman des Camerounais, n'est plus là pour prendre en charge ses sujets. Un malheureux chat déchu. « Lui aussi, sans crier gare, avait pris le départ pour participer à l'assaut de l'enclave espagnole. Y avait-il réussi ? Personne ne le sait », témoigne, éplorée, l'infortunée Eva, la jambe fracassée. « Non, je n'y étais pas, moi. blessée comme je suis, je devais attendre encore un peu avant que les événements prennent une autre tournure », tient-elle à préciser. Le drame de Melilla remonte à près d'une année. Aujourd'hui, ils sont près de mille Africains clandestins au bord de la rivière à sec, l"Oued Jorgi. Longtemps bercés par le rêve d'aller humer l'air ibérique, Eva et ses semblables, frustrés et en même temps révoltés par tout ce qui s'était passé à Melilla et sur le territoire marocain, espèrent une meilleure issue à leur aventure, une nouvelle destinée. « C'est vrai, maintenant qu'on sait que l'Occident est déterminé à nous chasser de ses terres, le mieux serait de rentrer chez soi. Mais, bizarrement, ce serait aussi une sorte d'injustice de refaire le chemin en sens inverse, alors qu'on était seulement à quelques brassées de la terre promise ».
Humanisme des uns, masochisme des autres…
Le responsable d'une ONG espagnole, basée à Ceuta, nous a appelés pour nous informer que près d'un millier de Subsahariens avaient été effectivement parqués à Oujda, dans la région orientale du royaume, et que ce nombre risquait d'être illégalement refoulé de nuit vers l'Algérie. Enfin, cette pratique barbare était monnaie courante par le passé. Daniel, le Malien, nous confirmera l'information, mais croit savoir que ses compatriotes, devant les réactions des gouvernements européens, auraient été expatriés par la voie aérienne, à partir de l'aéroport d'Angad Oujda. Abdullay, lui, faisait partie du contingent de Melilla. Il avait rebroussé chemin à Nador, à quelques mètres des lieux de la bataille. « J'avais, dit-il, un pressentiment. J'ai dû, la mort dans l'âme, prendre la décision de retourner au Ghetto de Maghnia. Je ne le regrette pas aujourd'hui. Ici, je suis au moins en sécurité, en attendant ce que nous réserve le destin. » Partir, pour ces infrahumains, de l'Oued, n'a plus le même sens, ni la même motivation. Ils sont plus conscients de la situation actuelle. « Il ne faut plus se leurrer, il est clair qu'aujourd'hui les portes de l'Europe nous sont hermétiquement fermées », confesse David, le visage émacié, le cœur serré. Dans la vallée, un ruisselet charrie un fatras de déchets. Eva le suit des yeux. « Cela vient du Maroc, comme tu sais. Je préfère voir ces déchets qu'un cadavre humain, mais bon, arrêtons de faire de mauvais présages ! » Plus d'une année après le scandale de Melilla, les clandestins reconnaissent que les autorités algériennes n'avaient pas enclenché de raid sur le ghetto ou pourchassé ses occupants. « On s'était mis dans la tête que tous les gouvernements de la planète s'étaient mis d'accord pour nous attraper, nous tabasser et puis nous jeter dans le désert, mais non, nous constations au fil des jours que l'Algérie s'était comportée et continue de se comporter humainement avec nous, nous les apatrides ! » C'est le sixième jour du Ramadhan, le mois sacré des musulmans. Moussa, Mohamed et les autres montent au restaurant que le Croissant Rouge Algérien de Maghnia a mis à la disposition des démunis. « Qu'ils soient musulmans ou non, nous, nous donnons à manger à tous les nécessiteux et les Africains clandestins en font partie », affirme un responsable de l'organisme bienfaiteur, avant de renchérir : « Les habitants de la ville, dans un élan d'hospitalité, nourrissent ces pauvres humains. » « Si au moins je savais nager… balbutie Eva. Mourir dans la mer ou sur le bord d'une rivière c'est toujours partir. La différence, c'est le risque d'être mise en bière mouillée ou à sec… » La rivière Jorgi regarde le ciel, le pont qui la surplombe : les nouvelles ne peuvent venir que de là…


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