Tout est bien qui finit bien. Ceci pourrait être la phrase à apposer à chaque réunion des structures dirigeantes du plus vieux parti du pays, le FLN en l'occurrence, qui semble faire des crises un élément de régénérescence et un jeu de positionnement finissant par s'effriter une fois l'essentiel atteint. A la clôture des travaux de la réunion de l'instance exécutive du FLN hier, les membres de cette structure dirigeante ont adopté à la majorité un appel pressant au président d'honneur du parti, Abdelaziz Bouteflika, à présenter sa candidature pour un troisième mandat à la tête du pays. Le secrétaire général du FLN a d'ailleurs souligné dans son discours de clôture que le débat au sein du parti aussi houleux soit-il sert l'intérêt du parti. Après son ton menaçant de la veille, Abdelaziz Belkhadem a voulu tempérer ses propos afin de rassurer ses « compères » parmi les anciennes figures du parti, en insistant sur le caractère « fraternel » des mises au point émises par chaque partie. « Ceux qui s'attendaient à une division dans les rangs des frères dirigeants du parti s'en trouveront bien déçus aujourd'hui », lance Belkhadem en soulignant que « nous avons pris l'habitude au FLN, même du temps de la guerre de libération et lors des congrès et autres sessions du conseil national, à avoir un débat libre et parfois acerbe mais qui ne relève pas d'une quelconque scission ou volonté de sortir de la ligne politique du parti. Bien au contraire, aussi différentes et divergentes soient les positions, elles servent toujours les objectifs de réussite du parti ». Comme pour apaiser toute tension et calmer ses détracteurs, Abdelaziz Belkhadem précise : « Notre force est dans la richesse d'idées que produit notre parti à travers son encadrement de grande valeur. Nos structures dirigeantes ont toujours fonctionné de la sorte, chacun apportant sa pierre et tenant à exprimer ses idées. » Le responsable politique émettra toutefois une remarque en vue de rappeler à l'ordre en toute « amitié » ses détracteurs en les invitant à éviter d'exprimer leurs objections en dehors des murs du FLN. « C'est entre nous que nous devons nous juger. Il faut qu'on fasse attention à ce que nos différends ne ternissent pas l'image du parti et savoir aussi que les autres nous regardent. Le FLN est une grande tente grâce à ses cadres, nous ne devons pas nous ôter de l'esprit que notre parti est le seul héritier direct des idéaux de Novembre même si aujourd'hui d'autres se prévalent de l'être », dira-t-il en affichant un satisfecit total sur le déroulement de la session de l'instance exécutive. Une session qui s'est terminée par la lecture et l'adoption des rapports financier et politique des deux commissions installées au début des travaux. Si l'appel au soutien à un troisième mandat pour Bouteflika a été peu applaudi, contrairement aux habitudes très enclines aux ovations au FLN, le vote a, quant à lui, fait l'unanimité. L'absence de Abderrezak Bouhara n'est pas passée inaperçue. Est-ce sa manière de se démarquer et de garder ses distances, lui qui s'est fait l'initiateur d'un appel à une refondation de l'idéologie même du parti ? La prochaine session du conseil national, pour laquelle une commission de préparation a été installée, sera porteuse de réponses. Cette session aura d'ailleurs pour mission de préparer la tenue du prochain congrès extraordinaire devant traiter de la question de la présidentielle et éventuellement régler certains « problèmes » organiques. Un congrès devant avoir pour budget un milliard de centimes. Appel aux partis de l'alliance pour soutenir le troisième mandat Outre l'appel à la candidature de Bouteflika à un troisième mandat, l'instance exécutive du FLN a appelé toutes les forces politiques à se fédérer derrière cette option de troisième mandat. « Nous discuterons avec nos partenaires dans l'alliance présidentielle de cette question », note Belkhadem en précisant que l'année 2008 sera décisive au sujet de la révision constitutionnelle. Interrogé sur le délai d'un tel rendez-vous, le SG du FLN indique qu'« il appartient au président de décider quand et comment se fera cette révision, mais en tant que parti, nous appelons à ce que cela se fasse rapidement afin de lever toute équivoque à ce sujet ». Ceci en soulignant que le président de la République suit de très près ce qui se passe au FLN et dans les autres partis. A la question de savoir comment se traduira la purge annoncée dans le parti, Belkhadem estime qu'une fois terminées toutes les échéances électorales, les mouhafadas ont été chargées d'établir des rapports sur les militants et leur participation aux différentes élections. « Il est nécessaire d'appliquer dans toute leur rigueur les dispositions statutaires. Ceux qui doivent être traduits devant les commissions de discipline le seront », dira-t-il. A souligner que Abdelkader Bounekraf qui a démissionné de son poste au secrétariat général a été remplacé hier par Madani Bradai, président de la commission de discipline.
