Plusieurs dizaines de citoyens ont pris d'assaut, tôt dans la matinée d'hier, le siège de la daïra de Chelghoum Laïd suite à la publication dans le quotidien arabophone En Nasr de la liste des 284 bénéficiaires de logements sociaux locatifs (LSL). Les nerfs à fleur de peau, de nombreux protestataires ont, dès 8h 15, fermé à la circulation le tronçon de la RN5 qui longe cette institution pour protester contre les listes nominatives dont la plupart des bénéficiaires « seraient des gens soit pistonnés, soit à l'abri du besoin immédiat d'un logement social », selon des personnes interrogées sur place. Un important dispositif sécuritaire a été déployé devant le siège de la daïra. L'accès à cette administration étant hermétiquement fermé et étroitement quadrillé par les forces de l'ordre qui se sont interposées pour contenir la foule en furie, les contestataires excédés de ne pouvoir prendre langue avec le chef de la daïra, se rueront sur la grille métallique qu'ils tenteront de forcer, faisant voler en éclats les vitres du portail. Des veuves, des femmes éplorées et des chefs de famille abordés, ont, pour la plupart, déclaré être indûment et illégitimement exclus de cette attribution qui aurait, selon leurs dires, profité à des corrupteurs et des inconnus. « Je travaille chez un privé pour 3000 DA pour prendre en charge ma mère gravement malade et cela fait au moins 11 ans qu'on attend un logement », nous a lancé, entre deux sanglots, Sabah, une jeune fille de 25 ans. Une veuve quinquagénaire, mère de deux enfants, jure « attendre en vain un logement décent depuis plus de 17 ans ». Le premier responsable était en pourparlers avec des protestataires qu'il recevait par petits groupes, nous avons tenté de le joindre à maintes reprises par téléphone mais sans succès.