Tifariti, hier 9h30. Le président sahraoui, vêtu d'un treillis militaire en vert kaki et accompagné des membres du staff de son gouvernement, fait son apparition dans cette localité martyre, symbole de la résistance sahraouie. Tifariti (Sahara occidental). De notre envoyé spécial Mohamed Abdelaziz a encore choisi cette localité libérée du Sahara occidental, qui était la cible de bombardements au napalm par le régime de Hassan II, pour la commémoration des festivités du 35e anniversaire de la lutte armée sahraouie. Mohamed Abdelaziz a réaffirmé, devant près de 500 délégués venus des quatre continents, à la communauté internationale, l'exercice du peuple sahraoui de sa souveraineté et le repeuplement des territoires libérés. « C'est une preuve que le Maroc ne peut pas mettre à exécution ses menaces », estimera le Premier ministre sahraoui, Abdelkader Taleb Omar. Le nombre de bataillons (24) qui ont participé au défilé militaire, composé de troupes de l'infanterie et des forces spéciales, jeunes pour leur majorité, constitue un message fort du Front Polisario (FP) en ce sens qu'il est prêt à arracher son indépendance par les moyens légitimes, y compris celui du retour à la lutte armée. Le SG du Front Polisario, interrogé à l'occasion, était clair : « La patience a ses limites et on a épuisé toutes nos forces diplomatiques », dira M. Abdelaziz. Le SG du FP a réaffirmé « la volonté sincère » d'agir pour parvenir à « une solution fondée sur la Charte et les principes de l'ONU ». Cela sans omettre d'avertir que « toute tentative visant à contourner les droits légitimes de notre peuple ou sortir le conflit de son cadre historique et juridique sera vouée à l'échec et n'apportera à la région que de l'insécurité et de l'instabilité ». Il insistera sur le fait que « le peuple sahraoui n'acceptera aucun marchandage sur ses droits nationaux et le Front Polisario ne participera ni aujourd'hui ni demain à un processus dont l'objectif serait de contourner le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination ». Le Maroc, à ses yeux, doit considérer en toute objectivité la réalité sahraouie comme « une évidence inévitable ». Evoquant l'Intifada, qui entame sa 3e année aujourd'hui, M. Abdelaziz estimera que « celle-ci a fait échouer les complots et les politiques de l'occupant marocain et brisé son arrogance et sa puissance ». Tout en condamnant la répression et la torture dont font l'objet les Sahraouis dans les territoires occupés du Sahara occidental, le SG du FP exhorte la communauté internationale à agir « urgemment » pour que tous les prisonniers soient libérés et pour que le secret qui entoure plus de 500 civils disparus et 150 prisonniers d'opinion soit levé. Il a également demandé la publication des recommandations du Haut Commissariat de l'ONU pour les droits de l'homme et d'octroyer à la Minurso les prérogatives qu'il faut pour pouvoir protéger les droits de l'homme au Sahara occidental.
