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« Il n'y a pas de liberté économique sans liberté politique »
Son excellence l'ambassadeur du Japon à Alger, Shimizu Kunio, à El Watan
Publié dans El Watan le 24 - 05 - 2008

La ville de Yokohama, au Japon, abritera dès mercredi 28 mai 2008 les travaux de la 4e Conférence internationale de Tokyo sur le développement en Afrique (TICAD). Cette rencontre au sommet — à laquelle participera l'Algérie — regroupera plus d'une quarantaine de chefs d'Etat et de gouvernement africains et pas moins de 55 organisations internationales. Initiée par le gouvernement japonais en 1993, la TICAD a fini, depuis, par s'imposer comme un rendez-vous sur lequel les nations africaines ne font plus l'impasse eu égard à son importance. Son Excellence l'ambassadeur du Japon à Alger, Shimizu Kunio, évoque ici dans le détail les objectifs assignés à cette initiative.
En 1993, le Japon appelle à la tenue d'une conférence internationale au sommet dédiée au développement de l'Afrique (TICAD), événement qui se tient, depuis, tous les cinq ans à Tokyo. Quelles sont les motivations qui ont guidé le lancement d'une telle initiative ?
A cette date, la croissance de l'économie mondiale a connu une baisse. Cela était perceptible particulièrement en Europe et aux Etats-Unis. L'assistance accordée par les pays occidentaux à l'Afrique s'est vue par conséquent considérablement réduite. A l'inverse, le Japon avait, à cette même époque, une économie forte. Il se trouvait aussi que le gouvernement japonais avait voulu assumer plus de responsabilités s'agissant des questions de portée globale. Dans le même temps, le Japon avait établi le constat selon lequel le continent africain ne bénéficiait pas suffisamment de l'attention de la communauté internationale. C'est pourquoi en 1993, nous avons eu cette idée de lancer une conférence internationale au sommet, TICAD, pour discuter de la situation en Afrique et engager une réflexion pour améliorer le cadre socio-économique du continent.
Et sur quoi a fini par déboucher cette réflexion ?
Vu le contexte économique mondial de l'époque, il s'agissait de trouver une sortie du cercle de l'assistance qui commençait à connaître une certaine lassitude. C'est de la sorte qu'il a été retenu l'idée de mettre l'accent sur les concepts d'appropriation (Ownership) et de partenariat. En d'autres termes, cela revenait à respecter et à renforcer les propres efforts déployés par l'Afrique pour se développer. L'Afrique doit assumer la responsabilité de son propre développement.
Cela rappelle beaucoup la philosophie sur laquelle repose le NEPAD. Est-ce à dire que la TICAD a constitué une source d'inspiration pour les initiateurs du NEPAD ?
C'est exact ! Le NEPAD a été instauré en 2001, soit une année après la réunion du sommet du G8 qui s'est tenue à Okinawa, au Japon. Lors de cette réunion, le Japon a organisé, pour la première fois, une rencontre entre les membres du G8 et le groupe africain. Une rencontre à laquelle d'ailleurs a participé le président Bouteflika. C'est là l'aboutissement d'une démarche. Le résultat des efforts du Japon d'impliquer le monde entier dans le développement du continent africain. La suite vous la connaissez. Le groupe africain est associé à chaque sommet du G8, cela à l'exception du sommet de Saint-Pétersbourg. A ce propos, permettez-moi de vous rappeler que depuis son sommet de Gênes en juillet 2001, le G8 a décidé de considérer la « Nouvelle initiative africaine » (NIA), devenue NEPAD, comme la base d'un nouveau partenariat entre l'Afrique et les pays industrialisés.
Si vous le permettez, Excellence, revenons un peu en arrière. Comment le projet de la TICAD a été reçu par les dirigeants africains lorsque le Japon leur en a parlé en 1993 ?
Ils étaient une quinzaine de chefs d'Etat africains à prendre part au lancement de la TICAD. Des représentants de l'ONU, du PNUD et de la Banque mondiale étaient également présents. D'autres pays asiatiques ont aussi participé à cette rencontre. Les pays africains ont manifesté beaucoup d'intérêt à l'égard de l'initiative. A l'époque, l'Afrique du Nord n'avait pas été représentée à un niveau élevé, cela sans doute en raison de l'importance du lien qu'elle avait avec l'Europe. Le Japon avait-il entrepris des démarches en direction de ces pays pour les convaincre de participer à cette première conférence de la TICAD ? Les pays d'Afrique du Nord avaient tous été invités. Cela est valable surtout pour un pays comme l'Algérie qui, selon nous, possède des ressources et des capacités suffisantes pour soutenir les efforts déployés en direction des pays les plus pauvres du continent. Nous avons besoin d'une plus grande implication non seulement de l'Algérie mais également de celle de la Libye, de la Tunisie et du Maroc qui se trouvent être plus avancés que d'autres pays en Afrique en matière de revenu par habitant. Il était important de discuter de la stratégie globale du développement du continent africain. Ceci dit, tous les pays africains ont participé aux rencontres de la TICAD.
Cela fait maintenant quinze ans depuis que la TICAD a été lancée. Quel bilan en faites-vous ?
L'élaboration du NEPAD est un exemple qui parle de lui-même. Depuis le lancement en 1993 du concept ownership, le continent africain a plus que montré qu'il était prêt à faire des efforts en matière de gouvernance. Le NEPAD est en ce sens un effort propre à l'Afrique consistant à améliorer la qualité de sa gouvernance par lui-même. C'était l'un des objectifs que les participants à la première conférence de la TICAD s'étaient proposés d'atteindre. Autre chose : il est important de signaler aussi que depuis 1993, la croissance économique de l'Afrique n'a cessé d'augmenter. Celle-ci est parfois plus élevée que celles enregistrées dans d'autres parties du monde. Le revenu par tête d'habitant a également progressé. Cela ne s'est jamais vu dans l'histoire moderne de l'Afrique. A ce propos, la situation socio-économique de la Tanzanie et du Ghana représente, entre autres, une « success story ». Il est à retenir aussi que la TICAD prône que pour accélérer la croissance économique en Afrique, il est important que soit mis l'accent sur le développement des infrastructures. C'est de la sorte que les échanges peuvent devenir possibles et que les Africains pourront améliorer leur niveau de vie.
La TICAD insiste beaucoup aussi sur le développement de l'éducation. Cela se voit notamment à travers le projet du Japon de construire au cours des cinq années à venir 1000 écoles à travers le continent et de former 100 000 enseignants…
Cela vient de notre propre expérience. La famille japonaise accorde une grande importance à l'éducation des enfants. Déjà au XVIe siècle, le Japon enregistrait le taux d'alphabétisation le plus élevé au monde. Les familles japonaises ont fait beaucoup de sacrifices pour donner à leurs enfants une instruction de très haute qualité et des plus élevées. Inutile de vous dire le rapport qu'il y a entre l'éducation et le développement. C'est pourquoi le Japon a insisté sur cet aspect. Le développement des ressources humaines constitue un des piliers de la 1re et de la 2e TICAD. L'approche de base du Japon est que c'est l'éducation qui rend possible l'auto-assistance et la croissance.
Le IVe sommet de la TICAD, dont les travaux se tiendront du 28 au 30 mai, aura pour défis de permettre à l'Afrique d'accélérer sa croissance économique, d'assurer la sécurité humaine et d'aborder les questions environnementales. Est-il prévu que la conférence étudie les voies et moyens de mettre fin aux conflits qui continuent de ravager l'Afrique car vous n'êtes pas sans savoir que sans paix il n'y a pas de croissance durable possible...
La TICAD n'a pas été conçue pour apporter des réponses immédiates à des problèmes politiques. C'est une conférence conçue pour débattre du développement équilibré du continent africain. Nous mettons aussi l'accent sur la sécurité humaine. De notre point de vue, il ne faut pas focaliser uniquement sur la sécurité entre Etats. La sécurité humaine et la vie de chaque citoyen comptent. La lutte contre la famine, l'accès à l'eau et aux soins médicaux permettent d'asseoir la paix sociale. Cela peut aussi contribuer à consolider la sécurité entre les Etats et, par conséquent, à réduire les conflits. Cette approche est consignée dans les recommandations de la 3e conférence de la TICAD.
La TICAD semble accorder une grande importance aux aspects économiques. Mais nombreux sont ceux qui pensent aussi que sans démocratie, le développement économique n'est que chimère. Et à ce propos, il n'est pas difficile de constater qu'en Afrique les Etats démocratiques ne sont pas très nombreux…
Depuis quelque temps, de plus en plus de pays en Afrique ont réussi à opérer des transferts du pouvoir – d'un président à l'autre – de manière pacifique. Ce qui n'était pas le cas durant les premières décennies qui ont suivi les indépendances. Une période durant laquelle le coup d'Etat était le mode opératoire favori pour passer d'un dirigeant à l'autre. Il y a aussi de plus en plus de paix sur le continent. Les processus électoraux engagés sont de plus en plus respectés. L'exemple du Sénégal est là pour le prouver. En revanche, il est vrai que les derniers événements vécus par le Kenya ont provoqué un choc au sein de la communauté internationale. Nous pensions ce pays à l'abri de tels risques.
Et que pouvez-vous répondre à ceux qui pensent que l'Afrique ne peut pas connaître de croissance économique et prendre le train du développement sans la consécration des libertés démocratiques et dans un contexte d'autoritarisme et parfois de dictature ?
Vous avez raison. Sachez d'ailleurs que plusieurs conclusions des trois conférences de la TICAD soulignent cet aspect de la question. La liberté économique et la liberté politique vont de pair.
Parmi les autres facteurs qui empêchent l'Afrique de se développer, il y a l'immigration clandestine et la fuite des cerveaux. Que propose la TICAD pour mettre fin à cette saignée ?
C'est une question très délicate et difficile à résoudre. Certes, il est nécessaire d'enrayer ce mouvement de fuite des cerveaux. Toutefois, il faut veiller aussi à faire en sorte que les réponses apportées ne limitent pas la liberté et les aspirations de ceux qui voudraient éventuellement s'installer hors de leur pays pour améliorer leurs sources de revenus. Il faut adopter une stratégie modérée et hardie. Il est important d'éviter les démarches radicales. Mais la voie royale pour régler ce problème reste le développement des pays d'Afrique. C'est la seule manière de retenir les compétences. En attendant, nous espérons que les « cerveaux » d'Afrique installés en Occident feront preuve de patriotisme et songeront à aider leur pays, même si cela se fera parfois à leur détriment et au détriment de leur confort.
Le terrorisme est aussi un ennemi important au développement en Afrique. Le phénomène est-il pris en compte dans les analyses de la TICAD ?
Là aussi, la TICAD à une vue à long terme. Le terrorisme est né dans des sociétés qui ne donnent pas assez d'espoirs aux jeunes. Si la situation de l'emploi ne s'améliore pas, les jeunes pourraient encore se montrer vulnérables. Le développement économique permet de traiter le problème à la racine.
Pensez-vous que l'Afrique est suffisamment outillée pour affronter la mondialisation ?
Il y a des défauts dans cette globalisation de l'économie mondiale. Mais à mon avis, c'est le seul moyen de se développer. Il faut une concurrence pour se développer. La protection du marché intérieur n'est pas une solution. Une économie nationale doit être toujours ouverte à la concurrence internationale. C'est à cette seule condition que l'on peut déboucher sur un développement valable. Il est possible de protéger le marché un laps de temps mais pas sur le long terme. Pour se développer, il faut être toujours ouvert à la concurrence.


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