L'IRB Maghnia, le champion d'hiver incontesté avec six longueurs d'avance sur son poursuivant immédiat, la JSM Tiaret, a choisi d'abandonner la compétition. Vendredi, à l'issue de leur confrontation contre l'équipe de Reggane (6-0), les joueurs se sont regroupés au centre du terrain avant d'enlever leurs maillots et saluer le public médusé estimé à près de 10 000 supporters. Une décision que tout le monde comprend mais qui risque d'avoir des répercussions non souhaitables dans cette ville de plus de 150 000 habitants. « Notre geste est clair : nous avons mené le bateau à bon port, nous sommes premier du groupe, personne n'a de reproches à nous faire, mais nous ne pouvons pas continuer dans l'hypocrisie. Nous ne sommes pas payés, nous avons recours à la mendicité pour nos déplacements et l'APC et les services de la wilaya nous ignorent. Nous demandons pardon à nos supporters et bonne chance ! » Cette décision est, semble-t-il, partagée par l'entraîneur et les dirigeants. De leur côté, les supporters en colère menacent de sortir dans la rue pour dénoncer cette hogra. « On ne va pas laisser tomber une équipe championne de son groupe. » Un dirigeant, hors de lui, indique que, « malgré nos demandes d'audience, le wali n'a pas daigné nous recevoir. Que devons-nous comprendre ? » Nouveau promu, les frontaliers, deuxième club de la wilaya de Tlemcen, qui ont surpris plus d'uns par leurs performances, jouent avec les caisses vides. « Ce n'est pas aussi surprenant que cela malgré le problème financier. Notre secret réside dans la confiance mise dans le comité directeur, le staff technique et l'équipe. C'est le résultat de la continuité, d'un bon recrutement et d'une bonne préparation », explique Ali Meliani, vice-président du club. Cependant, notre interlocuteur reconnaît que le manque d'argent risque de perturber le groupe puisque les dirigeants et quelques supporters pallient cette situation en recourant aux prêts. « A l'exception de deux joueurs, tous les autres sont des chômeurs. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, nous n'avons aucun sponsor : ce sont quelques supporters qui mettent la main à la poche et des créanciers qui continuent à nous faire confiance. Et s'il nous arrive d'accéder en super-division, ce qui est notre objectif, ce sera encore plus dur pour nous étant donné que nous serons appelés à nous confronter à des clubs de l'Est et du Centre du pays. Imaginez donc tous les frais de déplacement, d'hébergement et de restauration... Aujourd'hui, nous sommes arrivés à un point où nous ne pouvons faire face aux exigences financières de notre club », s'inquiète-t-il. « Nous ne représentons pas seulement Maghnia mais toute la wilaya de Tlemcen. Maintenant que nous sommes leader depuis plusieurs journées de la compétition, je crois que nous méritons d'être aidés. » Créé en 1928, l'IRBM (anciennement SSEPM) a compté en son sein plusieurs noms connus, entre autres Ahmed Ben Bella, l'ancien président de la République qui a porté les couleurs des verts et blancs dans les années trente. Jusqu'à quand les autorités devront-elles rester indifférentes aux doléances légitimes de cette équipe ?
