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Ahmed El Maanouni. Réalisateur marocain : Au service de l'émotion
Publié dans El Watan le 17 - 07 - 2008

Avec Les cœurs brûlés, il a remporté le prix de la meilleure mise en scène au dernier festival du film arabe d'Oran. Découverte d'un cinéaste sensible et talentueux.
Après Al Hal (Transes) et Alyam ! Alyam , films très appréciés du public, vous revenez au cinéma après une longue éclipse…
On me pose souvent cette question. La réponse est bien simple : sans producteur, il n'y a pas de film ! J'ai présenté plusieurs scénarii à la commission du fonds d'aide à la production nationale. Ils n'ont pas été retenus. Las d'attendre, j'ai alors préféré me tourner vers d'autres cieux, écrire pour des revues de cinéma et des journaux américains, réaliser des documentaires et des émissions TV en France ou travailler comme directeur de la photographie partout dans le monde. Les documentaires comme Les Goumiers Marocains (13 ans avant Indigènes ) ou La vie et le règne de Mohamed V m'ont ramené vers le Maroc. Finalement, c'était pour moi une « longue marche .
Vous étiez d'abord connu comme homme de théâtre…
Pendant ma scolarité au lycée, ma première passion est allée vers le théâtre. J'ai suivi des cours d'art dramatique au conservatoire de Casablanca mais ils se sont brusquement arrêtés à cause de l'intervention musclée de mon oncle. Cela ne m'a pas empêché de revenir au théâtre dès que possible. Après mes études d'économie, j'ai retrouvé le chemin du théâtre à l'université du Théâtre des Nations à Paris où j'ai rencontré des artistes talentueux du monde entier, notamment Fadhel Jaïbi, Jorge Lavelli ou Victor Garcia. La mise en scène de ma première pièce, Echo Alpha, qui a été jouée pendant un mois au théâtre de l'Epée de Bois, avec Jillali Ferhati dans la distribution, portait en elle les prémices d'une écriture cinématographique, certes naïve, mais révélatrice d'une sensibilité à l'image et au mouvement. C'est la pratique quotidienne du théâtre qui m'a amené naturellement vers le cinéma. J'ai ressenti le besoin d'aller vers un public plus large en privilégiant l'image par rapport au texte.
Et comment avez-vous franchi le pas entre théâtre et cinéma ?
Ma rencontre avec le cinéma a commencé sur une souffrance. Je me souviens des véritables tortures qu'étaient pour moi les séances du ciné-club avec Les Visiteurs du soir de Marcel Carné ou L'Année dernière à Marienbad d'Alain Resnais ! Plus tard, à la Cinémathèque de Paris, j'ai pu me rattraper et découvrir avec beaucoup d'émotion les classiques. Mon apprentissage a commencé ainsi, avant même mon entrée à l'Insas (ndlr : Institut supérieur de cinéma de Bruxelles) où j'ai été particulièrement sensible au cinéma direct, expérience chère aux Canadiens. J'avais déjà étudié la mise en scène et la direction d'acteurs durant mes études de théâtre. J'y avais aussi commencé l'écriture. Au cinéma, je ressentais le besoin de maîtriser la technique avant de passer à la réalisation. Cette approche, très pragmatique, a réussi grâce à l'enseignement de l'INSAS. La lumière, le cadre et le mouvement pour traduire des émotions et un point de vue sont devenus très vite ma préoccupation de technicien de l'image. J'ai pratiqué la direction de la photographie lorsque l'expérience m'intéressait particulièrement, par exemple le travail en studio à Barcelone avec une grosse équipe pour Queen Lear ou bien le plaisir de faire partie de la belle aventure de Une Brèche dans le Mur de Jillali Ferhati ou encore la tentation de pouvoir travailler en studio à Hollywood dans Illusions.
Vous avez assuré l'image de vos deux premiers films, pourquoi pas celle du troisième ?
Alyam Alyam et Al Hal, n'auraient pas vu le jour si je n'en avais pas assuré l'image. Le premier, parce qu'il fallait absolument travailler en équipe très légère, réduite à sa plus simple expression pour capter la confiance et l'émotion des paysans. Le second pour des besoins de production, même si pour les concerts d'Agadir et de Paris, d'autres directeurs de la photographie m'ont fait l'amitié de me venir en aide, Mohamed Abderrahman Tazi, Abdelkrim Derkaoui et Jean-Claude Rivière.
Selon vos déclarations, ce troisième film est un peu autobiographique. Il n'est pas aisé de tourner sa propre histoire…
Il m'a fallu beaucoup de temps et de courage pour raconter à cœur ouvert l'absence de la mère et les blessures de l'enfance. J'ai écrit le scénario en restant au plus près du récit autobiographique qui laisse peu de liberté pour son adaptation. L'image cinématographique doit être au service d'un point de vue. Dans Les Cœurs brûlés , j'ai recherché la théâtralité et la légèreté pour donner, en contrepoint, toute la mesure du drame d'Amin Dayee. Il a réussi sa vie professionnelle sous d'autres cieux, mais ne s'est pas complètement construit et n'arrive pas à vivre pleinement une simple histoire d'amour. Même la mort de l'oncle ne le libère pas. Son retour à Fès répond à un véritable besoin. Il y va de sa survie, de sa reconstruction. C'est la culture marocaine, notre tamaghrabite, qui constituera pour lui la thérapie.
La ville de Fès s'impose fortement, comme un personnage du film et un cordon ombilical entre les séquences…
Le choix de tourner mon histoire à Fès alors que je suis casablancais a été capital. Par souci de cohérence, j'ai voulu que le film soit à 100% fassi et tous les autres choix, dramaturgiques ou esthétiques, ont obéi à la même logique. Fès a apporté énormément au film. Je n'avais qu'à être disponible, à savoir observer, écouter et me servir. Elle a offert de l'émotion au film et cela grâce au travail de repérage, qui doit beaucoup à l'expertise de Rachid Cheikh et à la parfaite connaissance de Fès par un artiste amoureux de sa ville, Aziz Daïri. Le film joue beaucoup sur le temps et l'espace. A Fès, passé et présent se superposent, cohabitent et se croisent à chaque coin de ruelle. C'est vrai que filmer Fès est une garantie d'avoir de belles images. Avec le N/B, ces images ont gagné en force et en charge émotionnelle. C'est vrai aussi que si je suis particulièrement sensible à l'image, je ne perds pas de vue que toute image, aussi belle et aussi forte soit-elle, doit être au service d'une histoire pour être pertinente.
Hicham Bahloul, qui campe votre rôle, est extraordinaire, tout comme les autres acteurs d'ailleurs. Comment êtes-vous parvenu à un tel résultat ?
Hichem m'a immédiatement convaincu pour le rôle d'Amin Dayee mais, pour ne pas limiter son jeu, je ne lui ai pas dit que son personnage était autobiographique. Je travaille sur la confiance du comédien pour lui donner plus de liberté dans ses propositions. Dans Les Cœurs brûlés je ne recherchais pas la virtuosité flamboyante mais de la retenue. Grâce à Abdelhak Berni, dont la collaboration de coaching a été précieuse, j'ai rencontré de vrais talents fassis connus ou moins connus, tous aussi remarquables. J'ai tenu à les réunir avec d'autres venus d'autres horizons, en les équilibrant dans toutes leurs nuances pour former une performance d'ensemble. Pour moi, la direction d'acteurs est une question de nuances. C'est une construction où il faut avancer par petites touches et en prenant son temps.
La musique était en parfaite symbiose avec le récit. Comment avez-vous opéré là ?
L'utilisation de la musique et des chants, qui jouent un rôle dans la narration, a été décidé depuis l'écriture du scénario. Ce n'est pas une décision artificielle, car dans le milieu des artisans, le chant et la musique des confréries représentent une expression authentique de leurs joies et peines. Mohamed Derhem et Abdelaziz Tahiri, deux véritables artistes, ont apporté au film leur talent avec la modestie des grands. Depuis Alyam Alyam, la cohérence de mes choix esthétiques est commandée par le sujet. Sans prétention aucune, je me mets au service de l'émotion en étant sensible à la justesse. J'espère avoir appris cela de l'école documentaire, une école de modestie. Je raconte les histoires, même si c'est mon histoire comme cette fois-ci, à ma manière qui est plutôt circulaire, faite de ruptures-digressions, mais aussi et naturellement d'associations, à la manière des conteurs. Je ne le fais pas ainsi parce que c'est moderne ou pas, mais parce qu'il me semble que si chaque chose se retrouve là où il faut et au moment où il faut, à un détour de rue par exemple, les choses deviennent plus lumineuses, plus parlantes, moins démonstratives et partant plus intéressantes.
Un petit mot sur la production, pour clore ce bref entretien ?
La production du film a été un véritable défi qui n'a pu être relevé que grâce à l'engagement de Ali Kettani et Dino Sebti, de Sigma, à l'aide d'Aziz Daïri de Gamma, ainsi qu'au soutien de 2 M et de Jean-Pierre Krief de KS Visions. Ce qui était vrai, il y a 25 ans, l'est toujours aujourd'hui. Il ne faut surtout pas se fier aux statistiques. Même si nous produisons 12 à 15 films par an au Maroc, la chaîne cinématographique est encore incomplète et il n'y a pratiquement pas de producteurs de films au Maroc ! Nous avons de vrais talents originaux au Maroc mais le cinéma a besoin d'une vraie politique pour être une création vivante. Si nos films ne rencontrent pas notre public à quoi servent-ils ? A gonfler nos statistiques et nos Egos ?
Repères
Auteur, réalisateur, directeur de la photographie, producteur, né à Casablanca en 1944, membre fondateur de l'Association des cinéastes arabes en France et du Groupement des auteurs, réalisateurs, producteurs au Maroc, El Maânouni a réalisé deux longs métrages : Alyam Alyam, sélection officielle au Festival de Cannes 1978, Grand prix du Festival de Mannhein et plus de 22 prix internationaux et Al Hal, sélectionné à Londres et New York en 1982, 1er prix ESEC, Prix du public à Rabat. Ce film a été choisi par Martin Scorsese au Festival de Cannes 2007 pour être restauré et présenté pour inaugurer la World Cinéma Fondation. Autres réalisations pour la TV : Les goumiers marocains (1993), La vie et le règne de Mohammed V (2000), Maroc-France, une histoire commune (2005/2006) et enfin, Conversations with Driss Chraïbi (2007). « Les cœurs brûlés », récompensé par le Prix de la meilleure mise en scène au festival du film arabe d'Oran (juillet 2008) méritait sans doute le premier prix.


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