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Raconte-arts. Une cinquième édition réussie
Un autre possible
Publié dans El Watan le 17 - 07 - 2008

Ason troisième jour, le Festival Raconte-Arts bat son plein. L'heure est à la fête et à la joie. Il est près de 22 heures et le public commence à occuper l'espace : une place blanchie à la chaux, des murs de pierres, quelques gradins à l'histoire ancestrale.
Nous sommes à Aït Larbaa, un des villages des AthYenni. Ce soir, c'est la Nuit du Conte. Tout le voisinage, hommes et femmes, jeunes et vieux, est là pour se livrer à la magie. L'afflux est tel que tout le monde se solidarise pour libérer la moindre place aux derniers arrivants. On se serre, on se rapproche. Au premier plan, les enfants installés sur des nattes trépignent. Chut ! L'heure approche. Une volée d'adolescentes tout en couleur s'installe. Et le spectacle commence. C'est l'histoire de Yenni Amechtouh, ou du petit Yenni. Accompagnée par deux guitares sèches, Katia, voix fraîche comme la rosée, raconte en kabyle les tribulations du personnage en butte aux incohérences du monde. Tout y passe : la pollution, le règne dominant du plastique, la gestion des déchets, le pillage du sable…Tour à tour, Celia, Lynda, et les autres (pardon pour elles) nous narrent un conte écologique à travers les rencontres entre l'oued Sebaou et M. Sablus, entre Yenni Amechtouch et M. Petrol… Les textes sont délicieux. La diction est juste et émouvante. Le club écolo d'Ath Yenni, nous dit-on, y a travaillé tout l'hiver. Un pur régal. Vient ensuite Jorus le Congolais qui invite au voyage sur les rives du fleuve Congo et entraine le public dans une démarche participative réussie malgré la barrière de la langue. Jorus a su créer entre lui et l'assemblée une complicité empreinte d'humour et de tendresse. La nuit se termine en chansons sur les mélodies des bardes locaux. Des gobelets de thé, préparés par la troupe d'Ahellil venue d'Adrar pour le festival, circulent dans l'assemblée. L'heure est à l'amitié et à la convivialité.
Demain, les activités reviennent sur Ighil Bwammas. Point nodal de cette édition, ce village, sous l'œil bienveillant de son célèbre enfant, Lounis Aït Menguellet, abrite cette année, aux côtés d'Aït Yenni et Aït Ouabane, l'essentiel des activités. Compagnon de la première heure de Raconte-Arts, l'artiste peintre blidéen, Denis Martinez, comme chaque année, revisite un lieu collectif par son art mural. Cette année, il a installé son matériel à Ighil Bwamas dans la salle de réunion du village. Dans l'école primaire de ce village, est programmée la première représentation du cirque Papipol. Son animateur, Paul Schiffer, fait, lui aussi, partie des amis de Raconte-Arts. Après « Silence, on tourne », spectacle de rue proactif produit l'an dernier au ravissement de tous, par le comédien, clown et poète belge, est cette année, comme il l'aime à le dire lui-même, retombé en enfance. Et c'est accompagné de personnages imaginaires que Papipol transportera petits et grands dans un univers de poésie et de créativité.
Cycle cinématographique avec les films « Lettre à ma sœur » de Habiba Djahine et « Maurice Pons, écrivain de l'étrange » de Nouredine Zahzah, mais aussi théâtre, expositions de peinture et de photographie, conférences et rencontres littéraires, récital de chants et de poésie, soirées musicales, animations pour enfants… Le programme étendu du 10 au 17 juillet, cumule, comme à son habitude plusieurs activités dans toutes les disciplines. On ne sait plus où donner de la tête et c'est tant mieux, car il en faut pour tous. Professeur de littérature en Algérie de 1965 à 1990, Michel Terral est président du Bataclown, troupe de formation théâtrale de la région de Toulouse. Depuis trois ans déjà, celui qui aime tant se faire appeler « Da Michel », fait partie de la grande famille des amis de Raconte-Arts. « Venu un jour animer un stage d'expression corporelle et théâtrale, explique-t-il, j'ai été aussitôt séduit par l'esprit de Raconte-Arts où l'hospitalité et la convivialité sont au cœur de l'événement. Depuis, je reviens tous les ans car c'est une fête que l'on vit jour et nuit. » En homme de pédagogie et de théâtre, Michel Terral s'est senti particulièrement interpellé par le thème de cette cinquième édition : « la parole est comme des perles sur la montagne ».
Derrière cette initiative la Ligue des Arts Cinématographiques et Dramatiques de Tizi Ouzou (LACD). Pour Hacène Metref, son président, « il s'agissait d'abord de sortir nos villages de la morbidité ambiante, de dynamiser la jeunesse dans nos villages et de la soustraire à la déprime, voire la dépression, en libérant les énergies. Et quel meilleur moyen que celui de la culture ? ». L'un des principaux objectifs est de susciter la création en produisant des spectacles pour le festival, en présentant des inédits et en encourageant l'échange entre artistes en herbe et artistes confirmés. Pour cela, chaque année le festival organise à destination des jeunes, divers ateliers de formation artistique : écriture littéraire, cinéma, peinture, spectacle vivant…De même, le festival se pose de plus en plus en producteur de spectacles originaux comme cette année avec Chants traditionnels féminins autour de la cuisson de poteries.
UN HYMNE A LA CREATIVITE
Interrogé sur les conditions d'organisation, que l'on pressent pénibles dans ces montagnes plutôt démunies d'infrastructures culturelles, Hacène Metref répond avec humour : « Ce que nous perdons en confort, nous le gagnons en convivialité ». De fait, piloté par une équipe restreinte de la LACD, le comité d'organisation, pour tout ce qui touche au public, s'appuie sur les villageois par le biais des comités de villages ou des associations culturelles locales. Et cela marche, la convivialité est là, l'hospitalité aussi. Hier, tout le village d'Aït Ouabane s'est spontanément proposé de loger le public venu assister à la soirée ahellil, qui s'est prolongée tard dans la soirée. « Cela correspond parfaitement à l'esprit du festival qui vise à réduire au maximum tout ce qui relève du cérémonial pour en faire un espace à caractère populaire authentique », commente notre interlocuteur pour qui « Raconte-Arts est une tribune qui raconte un autre possible, une autre façon de faire, de voir… inscrite dans une démarche participative « . Mais cet organisateur passionné ne dit pas tout des difficultés qu'il affronte au jour le jour.
Ainsi, outre le peu de moyens financiers et la défection impromptue mais régulière de certains de nos artistes ayant pourtant accepté d'être inscrits au programme, on sait que cette fois-ci, à la veille de l'événement, il a été obligé, sur ordre des autorités, d'annuler toute participation étrangère pour des raisons de sécurité. Ne sont donc présents que les artistes étrangers qui sont venus d'eux-mêmes ou n'ont pu être prévenus à temps. Le festival se trouve ainsi amputé d'une bonne partie de son programme. C'est le cas notamment des spectacles prévus d'une troupe marocaine de théâtre et d'un groupe d'artistes espagnols qui avaient accepté l'invitation. Mais, malgré le profond attachement des organisateurs à l'inter-culturalité, le festival se tient malgré tout dans la bonne humeur avec la complicité de la population locale et le concours de nombreux artistes nationaux. Lundi. Organisée par le village de Tala N'Tazart, une randonnée en souvenir de l'estivage, dit weqdar, a été suivie d'une conférence sur site de Mme Abdennabi sur cette tradition paysanne ancestrale. Mardi et mercredi : outre les activités culturelles permanentes, le théâtre et la musique ont été à l'honneur avec notamment la troupe universitaire de Tizi-Ouzou, et la programmation de soirées ahellil avec la troupe d'Adrar et diwan avec Bahaz et le groupe Hillal de Blida.
Le festival sera clôturé aujourd'hui, jeudi, à Ighil Bwammas par un carnaval d'enfants costumés en compagnie de tous les artistes. Bravo à la poignée de bénévoles qui font de Raconte-Arts un hymne désormais annuel à la créativité et à la vie villageoise. La plupart des participants, séduits avant tout par l'esprit du festival, ont déclaré, leur intention de revenir. C'est là que prennent tout leur sens les mots de Tahar Djaout autour duquel s'articule cette année la performance artistique de Denis Martinez : « Je t'attendrai encore, au même entortillement de la route, pour célébrer l'éclosion des genêts et le soleil diffus à travers la pierre… Je t'attendrai debout sur le même sourire… pour conjurer la tempête ». Des mots qui ont pris vie aux sommets.


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