Le président du CNT qui peine à exercer son autorité en Libye face aux milices, menace de recourir à la force pour empêcher l'autonomie de la Cyrénaïque, proclamée mardi par 3000 délégués de tribus et de milices à Benghazi. « Nous sommes prêts à les en dissuader, même par la force », dit-il, soupçonnant des « restes » du régime de Mouammar Kadhafi d'être derrière cette partition du pays ... annoncée depuis la région d'où est partie en février 2011 la révolte contre le régime. Le président du CNT qui soupçonne « le début d'une conspiration contre le pays » met en garde contre les « conséquences dangereuses » pouvant conduire à une Libye divisée. Mardi, il avait évoqué un « complot financé par des pays arabes frères ». « Ils financent et parrainent malheureusement, la sédition qui s'est produite dans l'Est pour ne pas être contaminés par la révolution », dit-il sans préciser lesquels. Ibrahim Al-Debbachi, le représentant adjoint libyen aux Nations unies, y voit des « intérêts personnels » derrière ces appels au fédéralisme. « Les appels à l'adoption d'un système fédéral en Libye restent absolument injustifiés et ne servent que des intérêts de certaines personnes, qui, malheureusement, ne prennent pas en compte la difficile situation que traverse le pays. Elles veulent aussi créer plus de problèmes », dit-il dans une déclaration à la presse à New York. « Ceux-ci ne sont pas des chefs de tribus, mais des personnes issues de différentes tribus, dont les appels au système fédéral sont infondés et n'ont aucune base populaire dans la région », ajoute-il n'excluant pas comme Abdeljalil, une « implication de parties étrangères ». « Nous ne voulons pas retourner 50 ans en arrière », avait déclaré cette semaine le Premier ministre Abdel Rahim al-Kib. Dans les grandes villes du pays, y compris à Benghazi, les gens sont « choquées » par cette ...autonomie. A Sabha et Koufra, dans le désert, des centaines de personnes sont sorties dans la rue pour dire « non » au fédéralisme et « oui » à l'unité nationale et à Tripoli comme capitale de l'Etat libyen. Ahmed Zoubaïr, le « président » de la Cyrénaïque, réfute « toute velléité séparatiste ». Selon ce membre du CNT et cousin de l'ancien roi Idriss al-Sénoussi renversé par Kadhafi en 1969, Barca, nouvelle appellation de la Cyrénaïque, entend posséder ses propres législatures, tribunaux et forces de police. Pas plus. Un avis que ne partagent pas les experts. Pour eux, une autonomie même relative de cette région riche en pétrole - les trois quarts de cette richesse se concentrent en Cyrénaïque, selon Arish Sayid, responsable à l'Arabian Oil Company à Benghazi -, aura un impact important sur le CNT. Surtout si d'autres régions, comme le Fezzan, font le choix du système fédéral. Pour ces experts, la reconnaissance par la Cyrénaïque du CNT comme « symbole de l'unité du pays » et « représentant légitime de la Libye » aux sommets internationaux » est un leurre. Pour preuve, ils citent la réunion prévue ce week-end par les 250 membres du haut conseil de transition de cette « région » à al Baidha, pour « arrêter son programme politique et économique » et « adopter la Constitution de 1951 après certains amendements ». « Fédéralisme et unité sont des concepts contradictoires », estime l'analyste libyen Mohammed ben Hariz. « Qu'est-ce que le fédéralisme a apporté à l'Irak, sinon des conflits entre les régions autonomes riches en pétrole comme dans le Kurdistan irakien et le gouvernement central à Bagdad ? », s'interroge-t-il ? L'Organisation de coopération islamique exhorte les Libyens à « préserver l'unité et l'intégrité territoriale » de leur pays et à « resserrer les rangs autour du CNT ». Benghazi vient-elle d'écrire le premier chapitre du séparatisme en Libye ?.
