Les Algériens doivent s'atteler, dès maintenant, à écrire par eux-mêmes les pages de leur glorieuse histoire. On ne l'a jamais assez répété, d'autant que les acteurs et témoins directs des différentes batailles (militaires et politiques), ceux qui peuvent nous mener au cœur des événements, nous quittent l'un après l'autre dans une quasi-indifférence. Ils emportent avec eux des trésors, des pans de mémoire entiers. Il est vrai que n'est pas historien qui veut. Le travail exige des efforts de recherche, de recoupements qui obéissent à des normes, à des règles rigoureuses. Certains diront que le subjectif pourrait prendre le dessus ... C'est exact, mais là encore, il y a les outils de l'historien, les méthodes d'investigation qui peuvent y pallier. Bien qu'insuffisantes, des initiatives louables commencent à voir le jour çà et là, par des livres écrits par les artisans de Novembre eux-mêmes ou par le biais de spécialistes ; l'auteur se contentant de la narration des faits. Les ouvrages édités par les Maisons d'édition d'Alger, de Paris, Beyrouth ou Le Caire auront l'avantage de susciter d'autres contributions, des compléments d'information, des mises au point même. Ce qui donne plus de crédit au travail de recherche historique. Si nos moudjahidine, malheureusement, ne sont pas tous des intellectuels, aptes à assumer cette noble mission, nos universités, nos médias disposent des compétences nécessaires qui ne demandent que des matériaux bruts et fiables, à travers les témoignages et documents liés à la Révolution, pour écrire cette histoire. Si les spécialistes prennent prétexte, le plus souvent, de l'indisponibilité des archives qui ne sont ouvertes au public qu'après des décennies, ils ne devraient pas laisser passer cette opportunité. Cinquante ans après l'Indépendance, force est de constater que les Algériens ne connaissent leur histoire qu'à travers des sources étrangères - françaises le plus souvent – qui ne cachent pas leur penchant pour travestir les faits et ne retenir que ce qui leur semble « positif ». A ce titre, le travail doit être encouragé pour aller vite car, il faut aussi composer, hélas encore, avec l'âge de nos témoins et les inévitables pertes de mémoire. Le moudjahid Mohamed Chérif Ould El Hocine est un exemple dans ce domaine.