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Complaintes singulières féminin pluriel
Parution
Publié dans Horizons le 04 - 03 - 2013


Abdelkrim Tazarout remet ça ! Il récidive. Il repart dans ses pérégrinations dans le dédale des années musicales portées par des artistes qui, à leur tour, ont porté l'Algérie dans leur voix, mais aussi dans leurs entrailles. Il fait emboiter de la voix à des signatures de la griffe d'un Guerouabi qu'on ne refait pas, d'un Lamari qu'on n'invente pas. Ecrits et racontés par un journaliste avide de dire ce que lui a vécu, a écouté, a partagé avec ces hommes d'une trempe artistique faite pour ne pas être tue. Pour conter des femmes qui ont choisi à leurs dépens de donner de la voix à leur émotions chagrines, à leur passion étouffée, à leur cri d'amour, à leurs penchants singulier pluriel pour leur pays comme elles l'aiment. Mais non plus et surtout aujourd'hui, qu'on ne crée point : au travers de ces voix de femmes nées pour chanter et qui sont précisément, paradoxe incontournable, la singularité du chant féminin pluriel. Un bel apanage de ces chanteuses qui sont bien plus que cela, des artistes d'une griffe à part. D'un autre temps, d'une autre époque, où l'âme puise son souffle dans le mot à absolument sortir de son orbite, pour le faire aimer en le malaxant à souhait comme savent si bien le faire ces femmes de générations différentes, mais à la commune tonalité, chacune dans son propre son, sa sienne de vocalise. Tazarout est revenu sur les pas de ces artistes qui ont bravé haut la voix, celle des hommes qui ont voulu les confiner dans un autre ailleurs fait de mutisme, de silence et de honte. Le tabou. Tel que l'auront subi Remiti, Zahouania, Djenia, Chérifa, Nouara, Tetma, Fadila Dziria, Seloua, Zoulikha, Beggar Hadda... Et même celles qui vont les rejoindre sur ce dur sentier de l'art : Hassiba Amrouche, Malika Domrane, Souad Massi, cheba Yamina... Chacune d'elle, fière d'en être sortie indemne, de s'enorgueillir de cette responsabilité qui a défié le temps et les hommes avec un grand H, et surtout de passer outre les interdits pour dénoncer, décrier, se libérer sans jamais se lamenter du sort réservé à cette moitié de la société, dans son insignifiante existence. L'auteur de « Elles, des voix Algériennes » réussit dans ce voyage, dans les textes et musiques signées par une belle brochette, à transporter le lecteur et le mélomane par ricochet dans un monde fascinant de découvertes faites de joies, de travail passionné, de sacrifices et de bonheur entaché néanmoins par des vies qui ont souffert de leur choix. De leur voix. Pour avoir osé la faire tonner en public, au vu et au su de tous. Un choix envers et contre tout, contre tous. Dans une société dont elles ont été retranchées. Parfois seulement absoutes de leur pêchés, celui d'avoir transgressé un ordre établi, puisqu'elles en seront tout bonnement exclues. En bravant la mise à l'index, ces femmes ont mis sous le boisseau des vies antérieures pour conter celles qu'elles se refusent d'endosser, contraintes qu'elle étaient à subir plus qu'à vivre, à abdiquer plus qu'à dire... Dans ces tranches de vie, Tazarout exulte une paix retrouvée, pas facile à conquérir, bien que de la voix, elles se sont exprimés dans des mots de tous les jours, des maux de leur existence à bannir du monde ouvert exclusivement aux hommes, sans concurrence. Elles ont porté en leur giron lovées aux tréfonds de leur intérieur partagé, les aspirations des femmes, les rêves de la société, les pulsions d'un peuple, les sursauts de l'amour, fruit défendu, auquel il était formellement interdit de toucher ou de dire. Des femmes et des voix se sont consumées sur les bans de la société, ont goûté à la misère et ont fait de leur liberté chèrement acquise, un étendard porté comme on porte un ventre gonflé par une autre vie à mettre au monde. N'est-ce pas Djenia, Remiti, Beggar Hadda ? Et puis toutes les autres qui à l'époque de leur expression, il subsiste de leur insoumission des traces de ce combat mené à contre-courant frontal avec la famille, la société et les mentalités. Regardez donc Cheikha Tetma, imposante dans une posture qui force le respect entre deux musiciens, maîtresse de son violon... Appréciez Fadéla Dziria fière dans son costume algérois, dont elle porte bien le nom d'artiste ! Emplissez-vous donc le regard de cet emblème grandement porté par une Warda dans lequel elle a été ensevelie dans la terre algérienne dont elle ne s'est jamais départie... A toutes ces chanteuses et leurs héritières Beihdja Rahal, Nassima Chabane, Hasna El Becharia, des sentiments partagés, hypocrites, irresponsables... qui aiment à les écouter, les accompagner sur scène ou dans les bas-fonds... et qui aiment à les repousser dès que la sentence de la loi sociétale les met au blâme. Intolérance digérée à dose rétractive pour donner de la voix à ce qui va les propulser hors du temps, hors de l'espace, hors de soi. Et elles l'auront bien fait et continuent à le faire, pour certaines d'entre elles, même celles qui ont été ravies à la famille artistique algérienne. Des voix et des femmes. Des paroles et des mots. Des engagements et des mises à l'épreuve. De la force et de la détermination. A l'image de Chérifa qui a quitté, la mort dans l'âme, son Akbou natal auquel elle fait ses adieux, parce que comme elle le confie toujours, avec une légère pointe de regret, ce n'est pas moi qui suis mariée à l'art, c'est l'art qui m'a épousé ! » Ecouter plutôt ces femmes que cachent les chanteuses... Abdelkrim Tazarout en rapporte si bien leurs complaintes.

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