Le Kordofan-Nord, resté jusque-là à l'abri des combats en vigueur chez ses voisins du Kordofan-Sud et du Darfour, est désormais une cible de la coalition du Front révolutionnaire (SRF) comprenant la branche Nord du Mouvement de libération populaire du Soudan (SPLM-N) et d'importants groupes rebelles du Darfour dont le Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM). « L'Etat du Kordofan-Nord, dans son intégralité, est devenu notre cible », a déclaré hier le porte-parole du SPLM-N, Arnu Ngutulu Lodi. Tout en affirmant que la rébellion avait, par ailleurs, bombardé dimanche la zone de l'aéroport de Kadugli, au Kordofan-Sud, il a exhorté les avions civils à éviter les deux Etats du Kordofan. « C'est une mise en garde des plus sérieuses. L'ensemble de la zone est devenue une zone opérationnelle », a-t-il avancé. La veille, dans une des offensives les plus spectaculaires de ces dernières années, Le Front révolutionnaire a réussi à prendre le contrôle d'Oum Rawaba, la deuxième plus grande ville du Kordofan-Nord située à environ 100 km du chef-lieu, El Obeid. Les combats ont fait neuf victimes (un policier et huit rebelles). Des armes ont été également prises par les rebelles. Le JEM a évoqué la volonté de « fragiliser les troupes (gouvernementales) sur la route menant à Khartoum », dans l'optique de « renverser le régime ». Face à cette attaque, l'armée a promptement réagi. « Les rebelles, battus, se sont retirés et l'armée continue d'expulser des éléments des rebelles fuyant dans diverses directions », a déclaré un porte-parole militaire, Al-Saouarmi Khalid. Mais la crise du Kordofan-Nord n'est pas sans susciter de grandes inquiétudes clairement exprimées par la population locale exigeant des responsables de rendre des comptes. Au parlement, une réunion à huis clos a été convoquée, incitant certains députés à réclamer l'audition du ministre de la Défense, Abdelrahim Mohammed Hussein. La crise du Kordofan-Nord prend de l'ampleur. Une réédition de l'attaque d'Oumderman, la ville jumelle de Khartoum, investie par le JEM, en mai 2008, avant d'être délogé par les forces de l'ordre ? L'imbroglio prend plus d'épaisseur avec la présence à Doha de l'aile dissidente du JEM en pourparlers avec Khartoum résolument optimiste sur les chances de règlement du conflit.