L'Afrique vient d'organiser pour la première fois une Coupe du monde. De l'avis de tous, cette rencontre a été une réussite. Durban, Johannesburg ne furent pas livrés à des bandes. La criminalité n'a pas pris de proportions alarmantes. Les cassandres qui prévoyaient couacs dans les systèmes de transmission ou de prise en charge des milliers de visiteurs ont été contredits. La nation arc en ciel a prouvé ainsi que l'Afrique n'est pas seulement synonyme de gabegie, de guerres tribales. L'image rabbachée d'un continent dépeint comme un ensemble de pays minés par le Sida, la corruption, les massacres d'un autre âge confine à la caricature. Un tel constat cherche à conforter une vision fausse et exagérée . L'image se trouve écornée après cet événement qui a révélé une image plus séduisante. Celle de l'Afrique qui veut changer, gagner. Du moins on ne peut désormais réduire le continent noir à une sorte de terra incongnita en marge des évolutions du monde. Comme partout le portable, les télévisions satellitaires explosent, les universités offrent de meilleurs cursus. Le Mondial a fait reculer les frontières de l'afro-pessimisme qui a toujours trouvé des raisons de désespérer. Il n'est qu'une autre preuve d'un continent qui retrouve ses marques et trace son chemin. Certes, des décennies durant, des pays furent livrés à des dictatures féroces ou parfois fantasques. Ces dernières années, si des foyers de tension persistent çà et là, le continent montre aussi un visage qui incite à plus d'optimisme. Les taux de croissance dans certains pays se chiffrent en moyenne à 5% et le capital y est plus rémunéré qu'ailleurs. Les Chinois, les Américains et les Européens se livrent à des batailles pour rafler des marchés et des positions commerciales. Des villes comme Accra, Dakar et Luanda sont des villes qui connaissent une expansion favorisée par un climat de quiétude et une meilleure exploitation des ressources. Longtemps on a prétendu que les Africains sont rétifs à l'exercice de la démocratie. La Guinée, malgré sa fragilité, la longue dictature qui a anesthésié les esprits vient d'organiser des présidentielles transparentes et libres. Les partis foisonnent, les médias en Afrique ont aussi une liberté de ton et ne sont pas de simples courroies de transmission de leaders inamovibles et intouchables. L'un des motifs de satisfaction est surtout ce mouvement général qui pousse les dirigeants africains à trouver des solutions africaines aux problèmes africains. L'Afrique aux Africains n'est plus un slogan vain, vide de toute signification. Le temps des bases militaires étrangères et des mercenaires comme Bob Denard qui faisaient et défaisaient les gouvernements semble révolu. Ce sont ainsi des forces africaines qui ont rétabli l'ordre en Sierra Leone et au Liberia. Face aux périls qui montent en Somalie, ce sont des soldats d'Ouganda et du Burundi qui tentent de maintenir la paix. L'affaire du Darfour qui reste un abcès de fixation et un prétexte pour des ingérences étrangères à peine dissimulées a été l'autre occasion pour l'Afrique de prouver sa volonté de se prendre en charge, de mettre en place des mécanismes de résolution de ses conflits. N'en déplaise aux indécrottables pessimistes, l'Afrique vit bien son présent et trace surtout le sillon d'un avenir. S'il ne sera pas radieux, il sera moins désespérant.