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Othman Ibn Affan, 3e Calife de l'Islam / « Même si l'on me coupe la tête, je ne quitterai pas Médine » (2e partie) La succession au prophète (QSSSL) et les premiers Califatsu
Le califat d'Othman fut marqué par de grands troubles qui devaient mener à l'assassinat du calife lui-même. Il avait l'habitude de passer sur les fautes d'autrui, ce qui rendit les gouverneurs de province et les autres officiers particulièrement hardis. La fermeté d'Omar qui gouvernait d'une main de fer l'empire avait empêché ses officiers d'adopter les coutumes antidémocratiques en vigueur dans les cours d'Iran et de Byzance. Mais Othman était trop doux et avait le cœur trop tendre. Aussi les troubles se multiplièrent dans les capitales provinciales. Othman était un homme vieillissant et certains personnages rusés n'hésitèrent pas à profiter de cette situation pour prendre en main les affaires de l'Etat. Abdullah bin Saba résolut de tirer profit de cette situation. Il déploya donc beaucoup d'astuce et de ruse pour réaliser son plan : tout d'abord il prit comme base de son stratagème « l'amour du Prophète (QSSSL) et de sa famille ». A partir de là il inventa une histoire fort bien trouvée. Chaque Prophète, dit-il, laisse derrière lui un « Wasi ». Le « Wasi » doit être forcément un proche du Prophète. Ainsi Aaron était le « Wasi » de Moise. De la même façon, le Prophète (QSSSL) devait également avoir un « Wasi » pour continuer sa mission après lui. Mohamed (QSSSL) était le Sceau des Prophètes. Alors Ali, son « Wasi » était le dernier des « Wasi », et étant donné que c'était le « Wasi », il était le seul digne d'assumer le califat. Par conséquent, Othman devait être démis de ses fonctions. Abdullah bin Saba commença à prêcher ses vues en secret. Ses disciples menaient une propagande régulière contre tous les officiers, décrits comme impies et incompétents. Ils écrivaient de fausses lettres, envoyées de cité en cité. Ces lettres décrivaient les troubles et l'injustice qui régnaient dans la cité d'origine. Les Sabéens lisaient ces lettres au plus grand nombre de gens possible. On inventait également des lettres prétendant que Ali, Talha, Zubair et d'autres parmi les Compagnons les plus éminents avaient de la sympathie pour ce mouvement. Ainsi les gens étaient conduits à penser que le désordre était général et que les Compagnons les plus importants eux-mêmes voulaient destituer le Calife. Le plan d'Abdullah bin Saba marcha à merveille. Basra était la capitale de l'une des provinces. Abu Musa Ashari en était le gouverneur. Un jour il s'adressa publiquement au peuple en lui rappelant comment, aux premiers temps de l'Islam, les musulmans faisaient à pied le chemin qui les menait au champ de bataille. Il expliqua ensuite quelle grande récompense ces hommes avaient trouvée auprès d'Allah. Quelques jours plus tard, Abu Musa dut se rendre au front, et il s'y rendit à cheval, ce qui déclencha un grand murmure de mécontentement. « Regardez le gouverneur ! », dit la rumeur aux quatre coins de la ville, « il dit une chose et en fait une autre. Les agents de Ibn Saba manipulèrent les sentiments du peuple au point que les gens furent vraiment irrités par Abu Musa. Une délégation se rendit à Médine et contraignit le Calife à limoger Abu Musa. Abdullah bin Amir devint alors le nouveau gouverneur de Basra. Les Sabéens commencèrent une nouvelle campagne de calomnie contre lui. « C'est un tout jeune homme », dirent-ils, « de plus, c'est un parent du Calife. Othman attribue tous les postes-clés à ses proches ». Le mécontentement et l'agitation continuèrent à croître dans les diverses régions de l'empire et bientôt leurs effets se firent ressentir à Médine. Les principaux Compagnons pressèrent le Calife d'agir, et Othman accepta. Il écrivit à tous ses gouverneurs et leur fixa un rendez-vous lors du pèlerinage de l'an 34 de l'hégire. Le Calife et ses gouverneurs se réunirent donc à Médine. « Quelle est la véritable cause de l'agitation ? », demanda Othman. « C'est le fait des agitateurs qui jettent l'opprobre sur le Calife et ses gouverneurs. Ils veulent renverser le gouvernement », répondirent-ils. « Comment mettre fin à ceci ? », demanda le Calife. Plusieurs solutions furent suggérées mais l'on s'accorda sur un point. Le Calife devait adopter une attitude ferme face aux fauteurs de trouble. Mais Othman n'était pas d'accord. Il dit à ses gouverneurs : « J'ai entendu vos différents avis. Je crains que ce ne soit là le fléau annoncé par le Prophète (QSSSL). Si c'est le cas, je ferai tout mon possible avec toute la bonté et la clémence que j'ai à ma disposition pour endiguer ce fléau. » Othman sera heureux, dit-il, « s'il peut sacrifier sa vie, pourvu qu'il n'accélère pas la venue de la malédiction ». La réunion s'acheva et Othman permit aux gouverneurs de se retirer. Muawiya dit : « Ô commandeur des croyants ! Je ne crois pas que Médine soit un lieu où tu puisses vivre en sécurité. Tu ferais mieux de venir avec moi en Syrie. » « Même si l'on me coupe la tête », répondit Othman, « je ne quitterai pas Médine. Rien ne pourra m'éloigner du voisinage du Prophète. »