Le ministre de la Communication, Abdelkader Messahel, a soumis, hier matin, une proposition d'amendement de l'article 7 du projet de loi relatif à l'activité audiovisuelle à la commission de la culture, de la communication et du tourisme de l'APN, comme il l'avait promis la veille dans son exposé à l'entame des travaux en plénière. Il a précisé, à cet effet, qu'il n'est pas de coutume que l'Exécutif d'interférer dans le rôle et les prérogatives de l'APN et d'apporter des modifications aux textes législatifs, mais il est de « son devoir de fournir des clarifications et de défendre les projets de loi dans le souci de lever toute ambiguïté ». Le ministre de la Communication a considéré qu'« il est évident que dans un débat démocratique, des points de vue peuvent diverger », mais pour l'essentiel, a-t-il relevé, les enjeux que présente ce projet de loi « expriment cette volonté commune de promouvoir les idéaux de progrès et de modernité auxquels aspire la société algérienne ». La proposition du ministre vise, en premier lieu, à se mettre en conformité avec les articles 28 et 34 de la loi organique sur l'information. M. Messahel a affirmé que l'amendement comprend une clarification et une définition de la chaîne thématique qui peut traiter, selon le texte, de plusieurs sujets à la fois. En réponse aux députés ayant critiqué l'Autorité de régulation de l'activité audiovisuelle, le ministre a déclaré que cette instance est totalement « indépendante ». Ce qui lui donne, d'ailleurs, « plus de crédibilité », dira-t-il, en rassurant que « cette indépendance se réalisera dans les faits et non pas uniquement dans le texte », et ce, à travers les missions et les prérogatives définies dans le projet. « Cette autorité est le meilleur moyen de développer le secteur de l'audiovisuel, étant responsable de l'application des lois et de la protection des droits des citoyens », a estimé M. Messahel qui a rappelé que « les moyens de communication sont avant tout des supports de défense nationale et des intérêts suprêmes de la nation ». L'ouverture de l'audiovisuel au secteur privé est une « évolution importante » en matière de développement de l'Algérie, et s'inscrit en droite ligne dans l'élargissement et l'approfondissement de la démocratie, a souligné le ministre de la Communication. Il a exprimé sa conviction que ce secteur « complétera » et « enrichira » le paysage médiatique en créant, a-t-il dit, « une émulation pour plus de performance et une meilleure qualité ». « L'idée force est que l'ouverture de l'audiovisuel complète l'ouverture médiatique entamée par celle de la presse écrite en 1990, répondant ainsi aux attentes du citoyen », a-t-il estimé. Selon lui, il est impossible d'avoir des médias crédibles sans garantir une formation de qualité. A ce titre, il a rappelé que la formation des journalistes constitue la priorité du gouvernement qui a décidé de mettre en place un programme ambitieux de formation qui sera financé par le fonds d'aide à la presse. « Les formations profiteront à tous les journalistes, qu'ils exercent dans le secteur privé ou public », a-t-il précisé. 13 chaînes « multithématiques » Pour ce qui est des six chaînes publiques, il a souligné que grâce aux technologies numériques, leur taux de couverture sera hissé en 2015 à 95% alors qu'il est actuellement de 85%. L'entreprise publique de la diffusion radiophonique et télévisuelle, TDA, constitue, pour lui, « une structure stratégique de l'Etat ». De même pour les ondes et les fréquences qui sont aussi « les biens de l'Etat », a-t-il signalé, signifiant que l'ouverture consacrée dans ce projet de loi se fera dans « l'intérêt de l'Etat ». Pour ce qui est de la couverture radiophonique, le ministre a précisé que l'attribution des fréquences FM est codifiée par l'Union internationale de la communication. Une concertation est en cours avec les pays voisins pour avoir des fréquences supplémentaires dans les plus brefs délais, a rassuré le ministre qui a salué, au terme de sa réponse, la richesse des débats sur ce projet qui, une fois promulgué, « contribuera à donner une meilleure image de l'Algérie ». En marge de cette séance plénière, le ministre s'est livré au jeu des questions réponses des journalistes. L'occasion pour lui de confirmer l'importance du projet de loi, qui a suscité, dira-t-il, plus de 140 interventions. Encore une fois, il a tenu à préciser que « le gouvernement n'a pas reculé » concernant l'article 7, mais il était dans l'obligation de clarifier un concept et d'être plus explicite à propos des chaînes thématiques. Le ministre a affirmé que le projet consacre définitivement l'ouverture du champ audiovisuel, ce qui constitue à ses yeux un acquis pour « la démocratie et la liberté de la presse ». « Les parties remettant en cause cela sont responsables de leurs propos », a-t-il indiqué. Au sujet de l'Autorité de régulation de l'activité audiovisuelle, il dira que le secteur audiovisuel n'a rien à voir avec la presse écrite et que même la Radio nationale a dû demander une autorisation pour pouvoir exercer. « A l'instar des pays développés, les membres de cette instance sont désignés par le chef de l'Etat », a-t-il affirmé, en faisant savoir qu'après la promulgation de cette loi, plus de 13 chaînes devront se conformer au cahier des charges. Elles seront des chaînes « multithématiques », et leur rôle sera de « défendre les acquis du peuple, de présenter une information crédible et de promouvoir l'image de notre pays ».