Ceux, parmi l'opposition en exil et leurs soutiens occidentaux, qui ont misé sur l'« inéluctable » départ du président syrien, Bachar al Assad, en seront pour leur frais. Fort des triomphes successifs de l'armée contre les groupes djihadistes et ceux de l'opposition armée, et jouissant d'un contexte régional et international plutôt favorable (la crise en Ukraine occupe l'intérêt des grandes puissances), le chef de l'Etat syrien se dirige, sans l'avoir toutefois annoncé, tout droit vers une nouvelle mandature, qui ne serait pas sans conséquence sur le devenir de la crise qui secoue le pays depuis 2011. Le président du Parlement, Mohammad al Laham, a annoncé, hier, lors d'une réunion solennelle, la tenue de l'élection présidentielle le 3 juin prochain, « sans aucun retard malgré la tentative de certaines parties étrangères de déstabiliser notre confiance et d'entraver notre processus politique et démocratique », a-t-il souligné dans son discours. La nouvelle Constitution approuvée en 2012 donne pour la première fois la possibilité à plusieurs candidats de se présenter bien que les conditions requises limitent fortement leur nombre. Selon les clauses approuvées par le Parlement, le 14 mars, le futur président doit avoir vécu en Syrie de manière continue au cours des 10 dernières années. En outre, tout postulant devra obtenir le soutien d'au moins 35 députés sur les 250 que compte le Parlement. Ces articles rendent quasiment impossible la candidature d'un opposant de l'extérieur, et très difficile celle d'un opposant de l'intérieur. Jusqu'à présent, Bachar al Assad -comme son père Hafez précédemment - avait été élu par référendum. Candidat unique, il avait été élu par référendum avec 97,29% des voix, puis réélu en 2007 avec 97,62%. Al Laham a assuré qu'il s'agit d'une décision « libre et autonome » et ne serait soumise « qu'à la volonté des Syriens eux-mêmes et aux urnes via des élections libres et honnêtes supervisées par la justice ». « Nous sommes confiants que vous (le peuple syrien) allez choisir celui qui mérite de diriger la Syrie, de a défendre, de garantir un avenir où tous les Syriens jouiront de leurs droits sans discrimination », a-t-il soutenu. Maintenant que la feuille de route est établie, quelle sera l'incidence d'un tel événement sur le processus de dialogue et de sortie de crise entamé sous l'égide de l'ONU à Genève ? Le médiateur international pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, a récemment mis en garde contre la tenue d'une élection présidentielle qui sonnerait, selon lui, le glas des négociations entre le gouvernement et l'opposition en exil. Le dépôt des candidatures qui a commencé, hier, prendra fin le 1er mai auprès de la Cour suprême, précise Al Laham.