Le premier jour de compétition du festival, qui se poursuit jusqu'au 18 décembre au Mouggar, a vu la projection d'un film documentaire « H'na Barra », de Bahia Bencheikh El Fegoun et Meriem Achour Bouakaz. Elles nous ébauchent des histoires attachantes et poignantes de cinq femmes. Manel, Zahia, Sihem, Hayet et Youssra discutent du port du voile, de la violence faite aux femmes, des doutes et des expériences qu'elles ont vécues. Le film veut briser la violence qui réduit les femmes au silence et à l'invisibilité. Filmés en gros plan à Alger, Sétif et Constantine, les personnages occupent pleinement l'espace cinématographique, prenant en quelque sorte leur revanche sur l'espace public qu'ils affrontent au quotidien, obligés de se rendre invisibles pour se protéger. A travers ce documentaire, les réalisatrices dénoncent l'oppression politique du corps des femmes. Elles expriment, pendant 52 minutes, les états d'âme actuels de la femme mais aussi d'une population entière, une révolte face à un monde en perdition et les illusions perdues. Ce film n'est pas conçu dans un langage où les réalisatrices mettent en scène les bons et les moins bons. Il s'agit de mettre en évidence des situations d'individus, leurs angoisses permanentes. Les histoires touchent les sensibilités les plus endurcies. Les réalisatrices comptent éveiller l'esprit critique tout en inculquant la culture des belles valeurs, l'amour du prochain, le respect de l'autre... L'exercice et le respect de ces valeurs finissent par avoir des conséquences heureuses bien qu'elles imposent, au départ, des renoncements et des efforts coûteux. Le message est bien construit et retient à chaque moment l'attention. Faisant montre d'un sens développé de l'observation et de l'analyse, les réalisatrices parviennent, sans difficulté, à décortiquer la société. Cette production vise à expliquer aux nouvelles générations la condition des femmes, en projetant des lumières sur leurs souffrances et luttes.