La zaouia de la tarika (confrérie) El Aïssaouia de Constantine a célébré mardi dernier au palais de la culture Mohamed-Laïd Al Khalifa le rituel cultuel annuel de la « Chaâbania » en présence d'une foule nombreuse composée notamment de femmes. Djamel Foughali, commissaire du Festival culturel local des arts et cultures populaires, co-initiateur de cette manifestation avec l'association « El Bahaa » pour les arts, les cultures populaires et la jeunesse, a souligné la « symbolique » et « l'intérêt patrimonial » de ce rituel célébré chaque année à la fin du mois de Chaâbane, soit quelques jours avant l'avènement du mois sacré de Ramadhan. Pour le chercheur Zineddine Benabdallah, adepte de la confrérie d'El Aïssaouia de Constantine, la Chaâbania est « tout d'abord un acte de piété et de solidarité dont l'objectif est d'aider ceux qui sont dans le besoin en prévision du mois sacré de Ramadhan. » Le but essentiel de cette action pratiquée à Constantine par la confrérie des Aïssaoua est de collecter des dons, des fonds et des produits alimentaires pour les distribuer ensuite aux nécessiteux de la ville, a précisé M. Benabdallah. La manifestation, qui s'attache à perpétuer, au cours d'une « gaâda » constantinoise, un précieux pan du patrimoine immatériel de la ville des ponts qui avait ouvert ses bras dès le début du XVIIIe siècle pour accueillir cette confrérie religieuse héritée de la zaouia mère de Meknès (Maroc) fondée au XVe siècle par cheikh El Kamel El Hadi Benaïssa qui a donné son nom à cette zaouia. Le spectacle organisé pour l'occasion a regroupé des artistes de nouba, de madh et de baroual, membres des troupes de la Rachidia El Aïssaouia, des « Abnaa » (enfants) de la tarika Aïssaouia et d'Ouled Chiad, qui ont envoûté le public au moyen d'extraits de musique mystique qui a conduit de nombreuses personnes à entrer en transe à force de s'abandonner au plaisir de la danse effrénée et incontrôlable du « Tehwal » générée par les instruments de percussion savamment maniés par les chouyoukh. Une exposition d'habits traditionnels et d'instruments de musique du terroir ainsi que la wassya (testament) du père fondateur et spirituel de la zaouia, cheikh El Kamel El Hadi Benaïssa, a figuré au programme de la célébration de cette Chaâbania.